Les nouveaux pneus de Bridgestone offrent un compromis fort intéressant pour les coureurs du dimanche et les riders sportifs.
Alors que je vole au-dessus de l’Atlantique en chemin vers Abu Dhabi et le lancement des pneus Battlax S21 de Bridgestone, je pense à la façon remarquable dont les pneus de moto ont évolué au cours des 15 dernières années. Nulle part est-il plus évident que dans les courses de moto. Quiconque s’intéresse à l’univers de la course de moto pendant un certain temps pourrait être nostalgique des superbes glisses que les pilotes pouvaient faire il n’y a pas si longtemps. (Mick Doohan était un expert, Nicky Hayden est venu du monde du flat track, donc il était aussi un champion de glisse et, plus récemment, Casey Stoner a été connu pour laisser maintes traces de caoutchouc dans les virages.)
Aujourd’hui, le jeu a changé et plusieurs frottent maintenant le coude par terre dans certains virages. Autres temps, autres styles. Mais même si les courses de moto accueillent les coureurs incroyablement doués, la vérité est qu’ils ne seraient jamais aussi rapides si ce n’était de l’amélioration drastique des pneumatiques rendue possible par la recherche et le développement. Les ingénieurs embauchés pour développer ces pneus sont vraiment une partie importante du spectacle que nous pouvons voir sur n’importe quelle piste, n’importe quel weekend, n’importe où. Bien sûr, toute cette recherche est ensuite transmise aux consommateurs.
Alors que le « Captain Speaking » annonce notre approche finale sur sa piste, je me demande combien de temps ça va prendre pour me rendre à la mienne. J’entends le caoutchouc de nos pneus d’avion touchant le sol chaud et sec d’Abu Dhabi et je peux finalement m’extirper de la canne de conserve géante qu’est le Airbus 380.
Les signes que nous avons atterri dans un monde différent sont partout : des hommes portant le dishdash traditionnel et le keffieh (ce grand foulard déposé sur la tête), les voitures aux vitres teintées dans le genre « service secret » pour empêcher le soleil de plomb de frire les airs climatisés, et du sable partout, à perte de vue. Autre signe clair qu’on n’est pas chez nous : le gaz est à 46 cents le litre.
Comme j’entre dans l’hôtel Yas Marina Viceroy du circuit F1 du même nom, je reçois un accueil chaleureux de Joana, la magnifique hôtesse espagnole qui travaille pour la firme de logistique que Bridgestone a embauchée. Elle me donne la clé de ma chambre et le sac de goodies traditionnels et me dit que le souper est à 20 h. Comme j’entre dans ma chambre hyper moderne, j’entends le grondement de voitures sport. Je marche jusqu’à la fenêtre et découvre que ma vue est en plein sur le virage 5 du circuit de Yas Marina. Le même où je roulerai demain pour tester ce nouveau pneu Battlax Hypersport S21.
Le souper est pris sur la terrasse donnant sur la piste en compagnie de journalistes des États-Unis, de l’Espagne, du Japon et du Portugal. Nous sommes 25 invités et c’est seulement la deuxième de six vagues de journalistes. Décidément, c’est un grand événement pour Bridgestone et ils veulent s’assurer que le monde entier entend parler de leur nouveau pneu.
Le lendemain matin, six Land Cruiser blanches nous attendent en face de l’hôtel. Nous allons faire du dune bashing. Après 45 minutes de trajet hors de la ville, nous quittons le bitume pour les pistes de sable. Je réalise que le dune bashing est fondamentalement comme du motocross dans le sable, mais dans un camion avec un pilote arabe un peu capoté. Je me sens comme sur une mer de sable agitée alors que notre pilote émirati Mohammed se bidonne au volant pendant qu’il nous fait glisser de côté sur les plus grandes dunes de sable que je n’ai jamais vues.
Après le dîner, on en vient enfin au lancement et les ingénieurs nous convient d’abord dans les puits pour nous présenter leur nouveau bébé. Nous apprenons que ce nouveau pneu est destiné aux amateurs de moto sport désirant se « divertir » sur des routes sinueuses. Alors de quoi ces motocyclistes ont-ils besoin dans un pneu? Selon Bridgestone, c’est évidemment la performance, mais aussi la durabilité. J’ajouterais : faire en sorte qu’ils rentrent au travail le lundi matin.
Les ingénieurs de Bridgestone ont beaucoup travaillé sur l’adhérence et la durabilité. Apparemment, ils ont réussi à produire un pneu qui a 36% plus d’adhérence que l’ancien Battlax. Ils ont également réussi à augmenter sa durabilité de 6000 km à 8000 km. Pas mal, mais ça a l’air de quoi sur une piste? Réponse courte : impressionnant.
À 16 h, il est temps de mettre nos combinaisons et d’embarquer sur la piste. Le circuit de Yas Marina à Abu Dhabi est une vraie beauté : 5,56 km de long avec 21 virages. Conçu pour les voitures de F1, il n’est pas idéal pour les motos. L’asphalte est lisse et presque miroitant. En outre, de nombreux virages sont lents et à pente inversée. Conditions de conduite difficiles, mais idéales pour tester le comportement d’un pneumatique d’essai. Inutile de dire que sur ce circuit technique, il fallait avoir un pneu devant qui inspire confiance et avoir des lignes fluides. Ce n’est pas une piste où être agressif à moto.
D’abord, l’équipe de pilotes engagés par Bridgestone pour nous montrer la piste devait sortir chaque moto pour user un peu les pneus. La pression du pneu avant a été fixée à 29 psi à froid afin de monter à 33 psi une fois le pneu chaud et celle de l’arrière a été fixée à 26 psi à froid pour se rendre à 29 psi à chaud. Les ingénieurs nous ont expliqué que le pneu arrière a trois composés répartis sur cinq sections : le plus dur est au centre, ensuite un peu plus mou sur les côtés et encore plus sur les bords. Un gros jujube de caoutchouc!
Une fois le baptême des pneus effectué par les pros, nous avons obtenu le feu vert. L’attente nous a donné le temps de choisir nos motos et surtout de nous rendre compte qu’ils ont assemblé une flotte impressionnante pour le lancement : GSXR 1000, Kawa ZX10, Ducati Panigale 959 et 1290R, Yamaha R1M, Honda CBR1000R… Elles sont toutes là à attendre pour nous; de vrais enfants dans un magasin de bonbons. Sentant notre enthousiasme, ils nous disent de commencer doucement, ce que, bien sûr, nous faisons … pour la première session. Lorsque nous obtenons le OK, je monte sur la dernière moto que j’ai roulée sur une piste, la Panigale 1290R. Je me mets en ligne et nous commençons notre tour de piste derrière notre guide, Jose Luis Cardoso, ex-pilote de moto GP. La découverte d’une nouvelle piste est toujours un exercice de mémorisation, mais le faire derrière un coureur de GP est un régal. En voyant un motocycliste de ce niveau d’expérience et avec un talent pur est excitant, tout en étant une solide leçon d’humilité. Le gars est un gentleman et attend gentiment ses petits canetons chaque fois qu’il nous perd.
Une fois la première session terminée, nous avons une piste ouverte jusqu’à minuit. Chaque session, le rythme augmente constamment jusqu’à un rythme difficile à atteindre sur la route. À chaque tour, je pousse un peu plus. Je coupe les gaz plus tard et tord la poignée un peu plus fort en sortie de virage. Les S21 restent stables, ne montrant leurs limites de pneus de rue qu’à quelques reprises. Après tout, nous devons nous rappeler que ce ne sont pas des pneus de course.
Pour l’accélération, je fais le même processus. Je tords l’accélérateur de plus en plus fort jusqu’à ce que la session se termine. Les pneus collent extrêmement bien même lors d’accélérations alors que la moto est penchée en sortie de virage. Ces pneus, combinés avec les systèmes sophistiqués de contrôle de traction des motos disponibles, donnent de la stabilité et une très bonne adhérence. Même sous une moto ayant autant de couple que la Ducati Panigale 1290R et son gros twin, les S21 restent neutres et inspirent confiance.
Tout au long de la soirée, sous les lumières du circuit de Yas Marina, sur chaque moto que j’ai pu essayer, le nouveau Bridgestone offre la stabilité à des vitesses élevées (jusqu’à 250 km/h) et m’a inspiré confiance pour entrer dans les courbes à vive allure.
Juste avant la dernière session, je suis épuisé et décide de me retirer pendant que je suis encore en un morceau, mais je suis ravi. Rouler le Battlax Hypersport S21 sur cette piste fut une expérience pour le moins convaincante quant à son niveau de performance. Le pneu avant dont on a réduit la largeur de la couronne permet des angles d’inclinaison impressionnants pour un pneu « de rue » et une maniabilité précise. Il est facile à mettre en virage et offre une sensation très neutre.
Le pneu arrière, dont les ingénieurs ont réduit le glissement de 30% dans la zone de contact, est stable en virage et offre une bonne adhérence sur les accélérations. D’ailleurs, ces pneus inspiraient assez confiance pour permettre à la plupart des journalistes de mettre un genou par terre dans certains virages et d’en sortir en tordant l’accélérateur de ces motos hyperpuissantes. À ma connaissance, personne n’est tombé ce jour-là, même si certains d’entre nous semblaient parfois essayer de le faire.
Bien sûr, nous ne pouvons pas dire si l’augmentation de durabilité du pneu sera de 36% supérieure à l’ancien modèle comme le stipule le fabricant, mais grâce à leur nouvel appareil ultimate eye, Bridgestone peut apparemment le faire. Ils disent que cette machine de test intérieur simule les conditions réelles d’usure pour des tests cohérents. Nous devons leur faire confiance là-dessus, étant donné que tout ce qu’ils nous ont dit au départ s’est avéré véridique. 36% doit être assez proche de la réalité.
Maintenant, bien sûr, nous vous rappelons que cela est loin d’être un pneu de piste, mais bien un pneu de rue que vous pouvez rouler fort et assez longtemps. Il ne donnera pas le même niveau de performance qu’un pneu slick, mais vous ne pouvez pas rouler vos slicks pour aller et revenir de la piste. Avec le Battlax Hypersport S21, vous pouvez, et apparemment vous pourrez faire de nombreux allers-retours.