Par Éric Ménard
Avez-vous remarqué comme la vie, en ces temps modernes, est compliquée? Nous sommes constamment sollicités, que ce soit par la succession infinie de publicités à la télé, la radio ou même sur Internet, les courriels qui entrent dans nos différents comptes, les pourriels qui arrivent de partout sans qu’on ne les ait demandés, les téléphones cellulaires qui peuvent faire en sorte qu’on soit joignable en tout temps et partout. Il y a aussi les différents modes de divertissement offerts : télé traditionnelle, webtélé, jeux en ligne, YouTube et j’en passe. Pas étonnant que de plus en plus de gens souffrent de déficit d’attention. Même si on ne naît pas avec ce handicap, on est tellement sollicités de partout qu’il est facile de perdre le fil.
C’est peut-être pourquoi on voit de plus en plus de gens s’intégrer au monde de la moto en remontant de vieilles bécanes dénuées de tout artifice distrayant. Que ce soit par idéalisme ou par manque de moyens, peu importe, le résultat est le même. Les hipsters ont compris que l’essentiel, c’est deux roues et un moteur. Ils ne recherchent pas les toutes dernières technologies comme le contrôle de la traction, les transmissions à double embrayage, le contrôle des wheelies et les modes de puissance. Ils veulent rouler à moto, sentir le vent dans leurs barbes et parfois même devoir s’arrêter parce que la moto fait défaut. Bref, on dirait qu’ils veulent non seulement revenir dans le temps, mais le ralentir.
Les jeunes ont souvent de bonnes idées. C’est tout de même étonnant que ces mêmes jeunes, que l’on s’attendait à voir arriver avec des idées novatrices du côté de la moto, veulent plutôt ressusciter des vieilles motos qui traînaient dans les annonces des PAC depuis des lunes. Aujourd’hui, essayez de trouver une vieille CB dans les annonces classées; c’est presque impossible tant ils ont fait la récolte. Il ne faut pas s’en étonner : les Y et ceux qui les suivent sont la génération qui est née avec le recyclage, le compostage et une économie difficile, trois facteurs qui mènent directement vers la réutilisation et une nouvelle interprétation des objets considérés désuets par certains.
Bien sûr, les fabricants sont à l’affût de toutes ces tendances sociétaires. Ils engagent des firmes de sondage pour évaluer les tendances du marché et ils se trompent rarement. C’est pourquoi on voit, depuis quelques années, des nouvelles motos s’inspirant fortement du passé – Ducati Scrambler, Yamaha XS900, Honda CB1100, même la bonne vieille Royal Indian – font un retour en force grâce aux barbus. Si vous trouvez que votre moto se fait vieille et que vous songez à la changer, mais n’avez pas le goût d’investir pour une nouvelle, gardez-la! Un jour, un jeune de la génération Millénium la regardera sûrement avec des étoiles dans les yeux.