Suis-je devin?

Par Marc ParadisPublié le

J’aime avoir raison lorsque je fais des prédictions. Malheureusement, certaines qui s’avèrent véridiques ne sont pas toujours porteuses de bonnes nouvelles. Vous vous souvenez peut-être que dans l’édition de juillet 2014, je vous mettais en garde contre Big Brother qui s’apprêtait à sévir dans les Prairies, dont voici une citation : « Cet été, la Saskatchewan Government Insurance créera un projet-pilote sur les habitudes de conduite des motocyclistes, une première mondiale! L’installation d’un mouchard sur la moto permettra de surveiller les habitudes de pilotage des motocyclistes en question ». Jusqu’ici, vous vous dites qu’il ne s’agit que d’un projet-pilote réalisé il y a deux ans dans une lointaine province comptant moins de 11 000 motos et cyclomoteurs (comparativement à plus de 200 000 pour le Québec). C’est ici que ma licence de devin vient tout gâcher, car imaginez-vous que notre bienveillante SAAQ projette d’implanter un système semblable dans la Belle Province! Vous n’en avez pas entendu parler? Comme d’habitude, ces projets-pilotes menés en catimini et se basant sur des utilisateurs volontaires ne sont jamais publicisés… Et pour ceux qui croient qu’une telle pratique va à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés, ils se trompent : elle est bien légale, mais aussi immorale… Heureusement pour nous, M. Pierre Dugal, président du CAPM-Escargot, veille au grain et réussit à obtenir, le 3 novembre dernier, une rencontre de 45 minutes (grâce à l’aide du lobbyiste M. Christian Lévesque) avec le directeur de Cabinet du ministre des Transports, M. Martin Massé, et un adjoint, M. Robidas. Voici quelques points présentés lors de cette rencontre :

– Que le gouvernement du Québec était légitimé de diriger, mais qu’il avait le pouvoir de protéger et non de nous surveiller en mode Big Brother. – Que la SAAQ, en tant qu’organisme officiel et au nom de la sécurité routière, n’était pas autorisée à restreindre nos libertés ni à s’insérer dans nos vies privées. – Que les vétérans motocyclistes avaient comme opinion que la mission du Canada à l’étranger était justement de préserver la liberté alors que chez nous, on commençait à vouloir morceler cette digne liberté. – Que les policiers motocyclistes étaient d’accord à « faire de la police », mais pas dans un « état policier ». – Qu’un avocat trouvait insensé que la SAAQ puisse connaître tous nos déplacements. – Qu’en cas de demande de mandat judiciaire, le GPS avec sa banque d’informations pourrait servir contre quiconque. – Que nous aurions à payer ce projet avec nos primes et taxes pour nous mettre carrément en filature, tels des criminels : odieuse façon de faire. – Qu’il n’était nullement approprié que la SAAQ s’appuie sur les recommandations émises par l’Autorité des marchés financiers (AMF) puisque la SAAQ est monopolistique avec nous, les assurés. – Que le volontariat n’était pas non plus acceptable par une population naïve, mal et insuffisamment informée, pour ensuite imposer à tous de telles règles, et qu’il s’agissait là d’un moyen détourné qui manquait de transparence. – Que – et ceci est très important – l’accès à l’information devenait impossible pour les journalistes et le public à cause, justement, de leur mode de campagne furtive sous l’égide de « projet ». – Que CAPM-Escargot ne pouvait accepter d’être à la remorque de l’information goutte à goutte de la SAAQ. – Que CAPM-Escargot ne mangerait pas dans leur main dans leur projet de 2016-2017. – Que le CAA-Québec, à l’audition du conseil d’experts à Montréal, y voyait un malaise et signalait son inquiétude par rapport au projet de GPS télématique de la SAAQ parce qu’il s’agissait d’un organisme d’État. – Que le fait accompli ne serait pas accepté. Trois principales conclusions sont à retenir de cette rencontre : – Qu’une seconde rencontre serait possible à la fin janvier début février 2016 sans lobbyiste, si désiré, afin de continuer à discuter du sujet. – Que le ministère des Transports avait arrêté les demandes relatives à la réglementation au Code de la sécurité routière dans leur projet GPS télématique. – Que le Directeur de l’accès à l’information avait été saisi de la procédure PROJET DE LA SAAQ.

Je ne me considère pas comme une personne politisée. Je vais voter et j’ai mes opinions sur nos administrations. Par contre, si je considère que le gouvernement désire me suivre à la trace comme (même plus) qu’un criminel, là je sors les griffes. Ma prochaine prédiction? Un appui massif au CAPM-Escargot lors des prochains Salons de la moto afin de leur manifester notre soutien. À suivre dans une prochaine chronique…

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