Pourquoi est-ce que je me lève de bonne humeur malgré la pluie en ce dimanche matin? Parce que je suis attendu au musée ! Bonne idée, me direz-vous : rien de tel, pour passer une journée pluvieuse, que d’aller apprécier des œuvres d’art et s’imprégner de quelques pages d’histoire dans un musée de Québec. Dans mon cas, ce n’est pas tout à fait ce qui figure au menu de ma journée, car je suis attendu à L’Épopée de la moto à Saint-Jean-Port-Joli. Situé à l’entrée ouest du village, le musée est difficile à contourner avec son enseigne affichant une moto haut perchée ! Mon premier préjugé tombe rapidement: aucune odeur de poussière (ou même d’huile ou d’essence) ne nous agresse en entrant. Au contraire, tout respire le propre et le neuf! Il faut mentionner que l’Épopée a ouvert ses portes en 2003. Propriété des frères François et Jean Gagnon, collectionneurs qu’on peut aussi qualifier de « ramasseurs invétérés », le musée compte plus de 140 motos qui composent la collection, dont une centaine sont exposées.
L’idée que l’on se fait d’une directrice de musée traditionnelle ne colle pas du tout à madame Claire Martin. Française d’origine, elle a su ajouter à son vocabulaire les expressions «digue de roches » et « cour à scrap» entre autres, deux endroits de prédilection pour faire des trouvailles dans le monde de la moto antique. Aucune question n’est laissée sans réponse et on voit tout de suite qu’elle connaît « personnel-lement » chacune des motos exposées. Les anecdotes sur l’historique de la moto, sur la manière dont elle fut acquise ou encore sur le propriétaire ne manquent pas. Certaines motos appartiennent à des collectionneurs ou anciens coureurs de partout au Canada tels les Gerry Marshall, René Blouin, Lawrence Hacking pour n’en nommer que quelques-uns. Ses connaissan-ces mécaniques pourraient surprendre plusieurs mécaniciens du dimanche. Posez-lui vos questions, et elle vous répondra avec un sourire contagieux de passionnée. Le bâtiment comprend une salle de visionnement aménagée au troisième étage avec de vrais fauteuils de cinéma.
Afin de maintenir une certaine fraîcheur au contenu, le film en montre change tous les ans et cet été, on peut assister à la présentation du film de Roger Donaldson, Burt Munro: l’homme le plus vite au monde (The World’s Fastest Indian) avec Anthony Hopkins, le rêve un peu fou d’un Néo-Zélandais voulant briser un record du monde de vitesse sur le lac salé de Bonneville avec sa vieille Indian datant des années 20. L’an passé, le classique américain On Any Sunday, un film qui a introduit une géné-ration complète au monde de la moto, était à l’affiche. Au deuxième étage se retrouvent les expositions permanentes dans des décors et mises en scène propres à chaque thème, que ce soit l’armée, Vic’s motor-cycle shop avec ses anglaises, les miroirs japonais (répliques japonaises de modèles connus), les trouvailles de fond de grange et plusieurs autres. Les expositions des années antérieures y sont aussi présentées, le MotoCross et le dirt track au Québec (2006) et la loi sur deux roues (2007), regroupant des motos de police de différentes provenances et époques.
Une scène montrant André Dion, titulaire du record du quart de mille sur une roue pendant plusieurs années, a également été ajoutée cette année. Cette scène veut promouvoir l’exécution d’exploits sur piste plutôt que sur les voies publiques. Finalement, au premier étage, je me retrouve en terrain connu. Les Kawasaki Z1 et H2, Honda CB 750 Four, Suzuki GT750 «Water Buffalo » et Katana, Yamaha XS et autres classiques de mon enfance et adolescence se retrouvent toutes dans la salle japonaise en compagnie de plus exotiques telles que les Suzuki RE5 rotatif, Honda CYB350, et autres scooters. Le plat de résistance pour 2008 : la salle des motos italiennes comprenant non pas une mais bien trois représentantes encore dans les emballages d’usine, dont elles ne sont jamais sorties! Une Ducati 900 SS 1981 et… pour les deux autres, je vous laisse la surprise ! Avoir à en choisir une seulement parmi toutes ces Velocette, Triumph, Ariel, Vincent, Bimota,
Ducati, Maico, Ner-a-Car, Harley-Davidson, Henderson, Clément et autres ? Tout dépend des goûts, mais chacune d’entre elles nous rappelle le génie inventif de nos ancêtres qui, souvent avec des matériaux très peu pratiques ou fonctionnels, ont réussi à repousser encore et toujours plus loin les limites tout en -offrant du rêve aux motocyclistes d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Nous avons pris presque trois heures pour faire notre visite et j’y serais -resté au moins aussi longtemps encore (je dois dire que l’idée de prendre la place d’un mannequin dans une mise en scène et d’attendre la fermeture m’a effleuré l’esprit). Réunir au même endroit autant de motos provenant des quatre coins du globe relève de l’exploit. Le faire au Québec, où la neige recouvre la région six mois par année, mérite tout notre respect. Quand on parle de passion pour la moto, nous en avons ici un bel exemple. Pourquoi ne pas venir vous-même découvrir cette perle rare consacrée uniquement à l’objet de votre passion ? Dites-leur que Marc vous a envoyé.
La région de Saint-Jean-Port-Joli: des attraits touristiques pour tous les goûts Au cas où l’Épopée de la moto ne serait pas une raison suffisante pour vous déplacer jusqu’à Saint-Jean-Port-Joli, sachez que l’endroit regorge d’autres attraits touristiques. Déjà reconnue comme la capitale de la sculpture et des métiers d’art, la -région propose aux touristes un choix de boutiques, gale-ries, musées et restos sympathiques, et ce, à quelques minutes de marche seulement les uns des autres. Pour ceux qui désirent découvrir la région, Tourisme Chaudière Appalaches publie chaque année une carte des différents circuits touristiques spécialement adaptés aux motocyclistes avec distances et types de route.
Pour en savoir plus, veuillez visi-ter le www.motochaudiereappalaches.com. L’Épopée de la moto 309, de Gaspé Ouest (route 132) Saint-Jean-Port-Joli (Québec) G0R 3G0 Tél. : 418 598-1333 www.epopeedelamoto.com epopeedelamoto@globetrotter.net