Par Marc Dumont
Rédigé par Sylvie Roy (sa blonde)
Il y a longtemps que je rêvais de ce voyage. Découvrir la Basse-Côte-Nord en passant par les plaines désertiques et sauvages de l’île de Terre-Neuve représentait pour moi une aventure hors du commun. Comme j’habitais à Fermont à cette époque, mon voyage se devait de débuter par le Labrador. Mais faute de temps et en raison d’obligations de toutes sortes, ce voyage fut relégué aux oubliettes.
Quelques années se sont passées avant que mon projet aboutisse, puis l’arrivée de la retraite semblait le moment approprié pour prendre le large. Seule ombre au tableau : ma blonde ne veut pas m’accompagner, elle appréhende de longues heures sur la moto, mais elle me donne quand même le feu vert pour que je puisse réaliser mon rêve.
Cette fois, c’est à partir de Beaupré que commencera mon parcours, lieu où nous avons déménagé pour profiter du ski sur les pentes exceptionnelles du mont Sainte-Anne. Donc, après avoir soigneusement préparé le circuit que j’allais emprunter, j’ai réussi à convaincre ma blonde, à force de persuasion, de partager cette aventure avec moi. Pour ce faire, j’ai dû apporter quelques restrictions vestimentaires, notamment à cause de l’exiguïté des bagages, de même que restreindre le nombre de kilomètres parcourus par jour, et ce, pour ménager ma gentille passagère.
Le soleil était au rendez-vous en ce 28 juin, jour de notre départ, ayant comme première destination Edmundston au Nouveau-Brunswick. Dans le petit motel Happy, mais ô combien chaleureux, une dame charmante nous a accueillis. Au souper, nous avons eu droit aux fameuses ployes, sortes de galettes typiques de l’endroit. Un festival de blues à proximité de notre hôtel, accessible par un joli pont pour les piétons, a terminé agréablement cette soirée.
Ensuite, nous nous sommes dirigés vers Fredericton, un endroit tout aussi charmant où nous avons immortalisé un magnifique coucher de soleil sur les rives du fleuve Saint-Jean.
Le lendemain, toujours en roulant sur la Transcanadienne, autoroute qui ne peut se comparer avec celles bondées que l’on retrouve au Québec, nous avons poursuivi notre route avec un arrêt vers le poste d’accueil de la Nouvelle-Écosse. Ce lieu nous a séduits avec son joueur de cornemuse à l’entrée et son magnifique paysage environnant. Une petite soirée, plutôt calme, à Truro nous a permis de faire le plein d’énergie tout en respectant les distances établies au départ. Plus loin, à Sydney, les charmants pubs longent un quai agréablement aménagé, dont un immense violon qui rappelle sans aucun doute l’importance de la culture pour les résidents. On y offre une table absolument délectable où le poisson frais est à l’honneur.
C’est encore sous un soleil de plomb que nous poursuivons notre route afin de prendre le bateau à North Sydney qui nous amènera vers Channel-Port-aux-Basques sur l’Île de Terre-Neuve. Puis se succèdent Corner Brook, le Parc national du Gros-Morne, Port au Choix et finalement Sainte-Barbe, tous des endroits passablement isolés, mais longeant souvent le bord de la mer. De forts vents, restants de la tempête tropicale Arthur, m’obligent à diminuer la vitesse. Ma blonde étant de plus en plus en confiance, je me dois de conduire très prudemment.
Nous regagnons le Québec par la Basse-Côte-Nord en empruntant un bateau peu coûteux, un peu vieillot, appelé l’Apollo. Ce dernier assure le lien entre les deux provinces. Nous devions passer une courte nuit à Blanc-Sablon et prendre très tôt le Bella Desgagnés, mais tel ne fut pas le cas. Les départs et les arrivées sont sujets à de fréquents changements et il est impossible de s’y fier selon les dires des gens du milieu. Ce bateau sert aussi de ravitaillement pour les petits villages de la côte, en plus d’offrir une croisière à ceux qui aiment l’aventure comme nous. Pendant deux jours, égayés par l’arrivée impromptue d’une copine d’université de ma blonde, ayant eu vent de notre présence à Blanc-Sablon, nous avons visité les lieux et nous nous sommes régalés des produits de la mer. Le brouillard s’étant dissipé, nous avons pu apercevoir quelques glaciers flotter sur l’eau, paysage familier pour les gens de l’endroit.
Embarqués sur le Bella, le roulis un peu fort du bateau nous a bercés tout au long du littoral nordique avec comme image de fond son chapelet de petits villages esseulés. Harrington Harbour a davantage attiré notre attention avec ses trottoirs de bois et son site que l’on a utilisé pour le film La Grande Séduction. La moto, elle, attendait sagement dans un conteneur du bateau avec les marchandises à livrer à chaque escale. Rendus à Natashquan, nous avons de nouveau enfourché notre moto afin de poursuivre notre route sur la Côte-Nord jusqu’à notre point de départ avec une halte à Havre-Saint-Pierre et à Baie-Comeau. Finalement, la pluie nous a surpris au cours de ce douzième et dernier jour de voyage; fort heureusement, j’avais prévu l’équipement nécessaire à cet effet.
Même si je n’ai pas totalement réussi à faire en sorte que ma blonde apprivoise les plaisirs de rouler à moto, elle a été conquise par la beauté des paysages et, bien sûr, elle était heureuse d’avoir fait le voyage en ma compagnie.
« … elle sait qu’il y aura de l’amour et du vin… »