Oui, il y a des motocyclistes en Islande. Je le sais parce que je les ai vus : des hommes et des femmes, sur des Harley, des Honda, des KTM, des Kawasaki. Le climat de l’Islande est relativement doux compte tenu de sa latitude : la température moyenne à Reykjavik est de 10 degrés en été, et de 0 en hiver. Par contre, la météo est très changeante et la pluie fait partie intégrante du décor.
Dans le stationnement du musée du hareng de Siglufjördur (oui, un musée du hareng! réellement intéressant!), j’ai placoté avec deux motocyclistes locaux, un en Gold Wing et l’autre en BMW R1100RT. Un d’eux m’a expliqué que les motocyclistes n’étaient pas si nombreux ici (parce que l’île est relativement petite), mais qu’ils étaient très passionnés. Comme pour confirmer, l’autre m’a recommandé d’aller visiter le musée de la moto, à Akureyri.
Le Mótorhjólasafn d’Islande a ouvert ses portes en 2011. Avec sa superficie de 800 mètres carrés répartie sur deux étages, il permet d’exposer plus d’une centaine de motos. Il a notamment été créé en mémoire d’un collectionneur local, Heidar Johannsson, mort dans un accident de moto en 2006. Certaines des machines exposées lui appartenaient, d’autres ont été données par des Islandais, ce qui fait que le musée est très représentatif du monde de la moto sur l’île.
Le plus vieux modèle de la collection est une Henderson 1918 restaurée par Gunnar Grimsson. Il l’a reconnue dans un tas de pièces rouillées chez un ferrailleur local (chaque moto est accompagnée d’un petit panneau explicatif avec son histoire). Les petites cylindrées de marques japonaises – des Yamaha, Kawasaki et Honda de 50 cc – côtoient des grosses BMW et Moto Guzzi. Certaines machines sont impeccablement préservées, d’autres affichent la patine de leur vie islandaise. Il y a une Honda CBX 1979, « importée des États-Unis à la fin des années 1990 » précise le panneau. On voit ici les marques classiques qu’on s’attend à trouver dans tout musée de la moto : Harley-Davidson, Indian, Triumph, Norton, BSA, Ariel. Mais il y a aussi des modèles plus surprenants, notamment une Hercules 1975 à moteur rotatif Wankel, une Benelli Sei 900 1980 et une Maico 1980. Et comme pour illustrer avec éclat la grande diversité des machines en Islande, j’ai vu côte à côte une Rixe de 97 cc toute rouillée et une GSX-R1000.
En réalité, le fait que le musée présente une gamme si éclectique de motos n’est pas surprenant quand on voit la diversité de celles qui roulent sur les routes. J’ai vu des Sportster et des Street Glide, des GS de toutes sortes, des motos hors-route de toutes les marques japonaises, une Versys, une Hayabusa et quelques KTM Adventure. Il y a un certain nombre de concessionnaires, la plupart à Reykjavik, mais selon les deux motocyclistes que j’ai rencontrés devant le musée du hareng, quand les Islandais ne trouvent pas ce qu’ils veulent sur l’île, ils font venir leurs machines eux-mêmes, en importation privée, la plupart du temps depuis l’Europe. Quand on veut vraiment quelque chose, on trouve toujours une solution, même quand on vit sur une île isolée.