Triumph Street Triple 2020: Raffinée, rapide et polyvalente

Par Paul PenzoPublié le

Je roule derrière un journaliste italien. De toute évidence, il est habitué à clencher sur les routes de montagne européennes parce qu’il semble très à l’aise pour franchir la ligne centrale et faire des dépassements même quand il y a des autos qui arrivent dans l’autre sens. Il y a un mur de roche d’un côté, des falaises de l’autre, quelques automobiles, et des vues magnifiques que nous avons parfois l’occasion d’admirer brièvement. Comme un éternel enfant, je fais grimper le moteur dans les hauts régimes dans les bouts droits, je suis de plus en plus à l’aise et je souris intérieurement.

Nous sommes près de la cité portuaire de Carthagène, en Espagne. Le temps est doux même s’il y a des nuages en cette matinée d’automne. Nous roulons surtout à l’intérieur des terres et nous apercevons parfois des palmiers en approchant de la côte. La Triumph Street Triple mise à jour pour 2020 est une machine dénudée, mais particulièrement bien équipée avec amortisseur Ohlins sophistiqué à l’arrière, fourche Showa et freins Brembo à l’avant – des composantes que l’on retrouve habituellement sur des sportives de plus grosse cylindrée, et plus chères. De plus, où que je regarde, je vois qu’on a porté une attention particulière aux détails de finition.

L’écran TFT permet de sélectionner de façon intuitive les ajustements pour la livraison de puissance, l’ABS et l’antipatinage. Tous sont en mode Route pour l’instant. Je trouve la suspension un peu trop ferme lorsqu’on roule à basse vitesse dans les petits villages; je l’assouplirais pour un usage au quotidien. Les vibrations sont bien perceptibles dans le guidon, mais il faut sans doute surtout blâmer le syndrome des loges qui affecte mes deux avant-bras. Les rétroviseurs améliorés fournissent une excellente vue de ce qui se passe à l’arrière et le large guidon offre un bon effet de levier, ce qui permet de faire balancer la moto d’un côté à l’autre avec une relative facilité.

J’ai la tête et le torse complètement exposés au vent; cette position de conduite est confortable jusqu’à environ 135 km/h et j’apprécie la circulation d’air qu’apporte ma veste ventilée Altimate. À plus haute vitesse, je me recroqueville, avec les coudes sortis de chaque côté, et la pression du vent augmente en même temps que le grondement unique du moteur. Je rétrograde, parfois de façon intense, et je constate que l’opération se fait toujours en douceur et de façon précise, avec des « coups de gaz » automatisés. Je tire l’embrayage uniquement lors des arrêts. Son action est tellement légère qu’il m’arrive de trop le faire glisser lors des décollages.

Nous arrivons au Circuito Cartegana pour le lunch, puis nous aurons seulement trois sorties de 15 minutes pour découvrir la piste et exploiter le potentiel de la petite machine. J’ai toujours été du genre à prendre mon temps avant d’aller vite – c’est moins douloureux et généralement plus efficace – mais j’ai de la difficulté à apprivoiser ce circuit. Ce n’est qu’à la troisième sortie que je commence enfin à trouver mon rythme, mais dans les derniers tours, je tombe sur un faux point mort et/ou la deuxième vitesse décroche en pleine accélération pour une troisième fois. C’était arrivé avant sur la route et je n’en avais pas fait de cas, mais cette fois-ci, ça m’a complètement déconcentré.

Peut-être que j’ai été trop gâté par le système powershift et que je n’actionnais pas le levier assez fermement. Ce dont je suis certain, par contre, c’est que la Street Triple s’est comportée comme une véritable machine supersport de format moyen, sans carénage. Les Pirelli Diablo Supercorsa SP3 V3 (à deux gommes à l’arrière, une à l’avant) offrent une adhérence et un feedback de haut niveau. C’est entre autres pourquoi les cuirs Dianese que j’avais empruntés (chez Rider’s Choice) sont revenus intacts, mais avec des glissières de genoux à remplacer…

L’empattement légèrement plus long de la Street Triple par rapport à une pure sportive est compensé par un guidon plus large et plus haut, à la façon des modèles supersport d’il n’y a pas si longtemps. Cette Triumph est très moderne et confortable par rapport à ses semblables. Je pourrais très bien l’utiliser comme moto de tous les jours et pour des sorties en piste de temps en temps. Et ce serait plaisant de clencher un bon nombre de machines sportives de classe ouverte, surtout sur une moto avec laquelle je peux également emmener ma femme ou mes enfants en promenade. Un véritable bijou.

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