Sophie, à quand remonte votre passion pour la moto?
J’avais 14 ans et j’enviais la liberté des amis qui roulaient à Vespa ou sur leur Push. Je me suis offert un VéloSolex avec l’argent de mon boulot de camelot pour La Presse. Le début d’un grand amour pour les deux roues motorisés! Dans la vingtaine, mon ami René m’a offert en cadeau sa Honda 350 usagée! J’ai fait une pause de quelques années, jusqu’à ce qu’une amie arrive au chalet avec sa Yamaha : la folie me reprenait. Les motos se sont succédé : Honda Shadow, BMW 650GS, Suzuki V-Strom 650.
Vous êtes la porte-parole et l’instigatrice de la Tournée de l’espoir, un événement annuel de collecte de fonds pour la Société canadienne de la sclérose en plaques. En quoi consiste cet événement?
La Tournée de l’espoir est une journée très spéciale au cours de laquelle une centaine de participants roulent sur plus de 300 km pour amasser des fonds au profit des gens atteints de sclérose en plaques. Le parcours et les régions visitées changent à chaque année, pour notre plus grand plaisir. Accompagnée de gens des quatre coins du Québec, qui partagent ma passion pour la moto, je roule pour trouver un remède contre cette maladie.
Qu’est-ce qui vous a motivée à démarrer cet événement avec la Société de la SP?
Je pensais depuis un certain temps à combiner ma passion pour la moto et mon rôle d’ambassadrice SP. En 2010, Claire Lizotte, dynamique femme d’affaire du Saguenay, m’a invitée à participer à sa tournée à moto du Lac-Saint-Jean au profit de la SP. Ce fut une journée inoubliable et le déclic qu’il me fallait. Inspirée par la tournée de Claire, j’ai proposé à la Société canadienne de la sclérose en plaques de créer son propre événement en hommage à ma mère affligée par la SP pendant 52 ans. Le temps de dire « bonne idée » et notre comité était constitué. Nous avons donc pu sonner le départ de la première Tournée de l’espoir en 2011 et nous renouvelons l’expérience à chaque année depuis maintenant cinq ans. Claire et sa bande de joyeux bleuets se joignent à nous depuis le début!
La Tournée de l’espoir a permis d’amasser plus d’un demi-million de dollars en cinq ans. Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que tout cela est en bonne partie grâce à vous?
C’est une grande source de fierté et de joie, et beaucoup d’émotions refoulées! Réunir tous ces gens, revoir ma mère à travers ces femmes et ces hommes diminués par la maladie, retrouver dans la démarche de l’un, les mouvements de l’autre, des souvenirs encore vibrants, c’est dur et réjouissant tout à la fois puisque cette énergie, ces sommes d’argent mises en commun vont nous permettre un jour de faire disparaître cette maladie de la surface de la planète. Le mot ESPOIR prend tout son sens.
Quel est le modèle de votre moto et pourquoi avez-vous choisi celui-ci?
Mon ami Charles Gref, de Moto Internationale, m’a vendu mon dernier coup de cœur, la BMW 800ST. Il a bien su me guider en fonction de mes besoins. C’est un compromis parfait entre la performance, la sécurité et le confort. Je ne suis pas une grande randonneuse… je préfère les petits voyages courts, sur les petites routes de campagne.
Racontez-nous un de vos plus beaux souvenirs de voyage à moto.
C’est sûrement la randonnée de Claire… 300 motocyclistes qui roulent à l’unisson, qui partagent et s’entraident, accueillant des dizaines de personnes atteintes déterminées à boucler leur tournée coûte que coûte, malgré leur handicap ou leur fatigue. J’ai entraîné Dominique Poirier, alors à Radio-Canada et Colette Provencher, notre garantie météo, qui s’est amenée avec sa cour : l’ami Robert Poëti, notre actuel ministre des Transports et sa famille. Ils sont revenus avec nous à Montréal et… quelle escorte ! Jamais on ne s’est sentis aussi en sécurité! On a découvert la solidarité entre motocyclistes sur la 155!
Vous êtes la première femme en Amérique du Nord à avoir été nommée chef d’antenne d’un grand bulletin de fin de soirée. La moto, comme le journalisme, est un domaine constitué majoritairement d’hommes. Comment vivez-vous cette expérience en tant que femme?
Très bien, mais du même coup, je me suis dit, lors de mon arrivée au TVA 22h en 2002 : « Il était temps! » Le temps pour une femme ? que ce soit moi ou une autre ? d’investir ce créneau de tout temps réservé aux hommes en solo ou aux duos d’animation. Mais vous aurez remarqué que les femmes ont pris leur place, depuis 15 ans, sur le terrain et sur la chaise d’anchor. Il reste du chemin à faire, des positions à viser, des tâches à concilier : le fameux plafond de verre du pouvoir, dans les médias, est encore dur à briser.