Elle est superbe. Mais les performances sont-elles à la hauteur du look?
La KTM RC390 est probablement la seule petite moto que l’on aurait envie d’acheter uniquement à cause de sa beauté. Avec son cadre en treillis orange, ses roues de couleur coordonnée et ses lignes effilées, elle affiche un style européen réussi. On dirait une Ducati ou une MV Agusta en miniature.
Avec une vieille Ducati 888 et la nouvelle KTM, nous sommes rendus au circuit de Calabogie, dans l’est de l’Ontario, histoire d’accumuler des kilomètres (et de faire rouler la 888 sur piste). Dans les puits, la Katoum attirait l’attention au moins autant que la vieille Ducati. Mais est-ce que ce look d’enfer se traduit en performances réelles quand on prend la route?
Côté position de conduite, on apprécie tout de suite le poste de pilotage nettement plus spacieux et confortable pour les jambes que sur la Ducati de course. Côté puissance, le fait de passer de près d’une centaine de chevaux à une quarantaine n’a pas été aussi dramatique qu’on aurait pu le croire.
En enfilant les trois premières vitesses, la RC390 file à 80 km/h et en ajoutant deux autres rapports, l’indicateur de vitesse marque aussitôt 140 km/h. Cette petite KTM n’est pas juste jolie, elle est également rapide. Sur les routes mouillées, nous avons laissé la machine en sixième vitesse pendant un bon moment et elle livrait un couple suffisant pour gravir les montées à 100 km/h sans qu’on ait besoin de rétrograder. Avec une moto de grosse cylindrée, le niveau de puissance disponible est toujours relativement élevé. Avec les plus petites machines, par contre, la puissance totale et la façon dont cette puissance est livrée peuvent devenir des éléments plus critiques. Si le moteur manque de pep, il faut rétrograder plusieurs rapports et faire grimper le régime à fond pour exécuter certaines manœuvres dans la circulation, ce qui peut compliquer la conduite et donner un sentiment de vulnérabilité au pilote. Quand on est entouré d’automobilistes qui envoient des textos en conduisant ou qui vous collent au derrière en roulant sur le cruise control, mieux vaut avoir un engin qui répond bien. La KTM RC390 peut facilement suivre le trafic à 130 km/h. Elle peut aussi laisser le trafic derrière si vous tournez un peu plus la poignée. En fait, vous pourriez rouler toute la journée à 150 km/h sans problème si ce n’était des interdictions du Code de la route.
Le talon d’Achille traditionnel des monocylindres, ce sont les vibrations, mais cette KTM roule en douceur, particulièrement en sixième vitesse à 120 ou 130 km/h. À la longue, on finit par ressentir des vibrations dans les poignées et un léger engourdissement des doigts, mais on peut minimiser la situation en évitant de trop serrer les poignées. Cela dit, le problème provient également en partie des embouts des poignées, plutôt bas de gamme et très rigides. Achetez des poignées accessoires souples à 20 $ et vous verrez une amélioration immédiate.
Parlant de poignées bas de gamme, cela permet de rappeler que la RC390 a été conçue avec un prix cible relativement bas. Un coup d’œil au tableau de bord confirme également qu’on n’est pas au guidon d’une machine de 18 000 $. Le bloc d’instrumentation est traversé par une ligne de moulage horizontale peu élégante, un petit défaut surprenant pour une moto si soigneusement conçue par ailleurs. (Sur les documents officiels de KTM, les photos ont été retouchées pour éliminer ce détail.) L’écran à affichage numérique est pratique et bien conçu, et son niveau d’illumination s’ajuste automatiquement en fonction de la lumière ambiante. La vitesse est clairement affichée, de même que le rapport engagé et le niveau d’essence. Il y a aussi un compte-tours linéaire en haut de l’écran, mais il est tellement petit qu’il faudrait une loupe pour le lire.
Les boutons des commandes au guidon sont illuminés, un peu comme ceux de la console des autos. Il s’agit là d’un détail particulièrement bien pensé, et unique à notre connaissance (écrivez-nous si vous connaissez une autre moto pareillement équipée). En plus du côté chic, cela peut s’avérer pratique, notamment pour aider les débutants à éviter d’appuyer sur le klaxon au lieu des clignotants.
Le monocylindre de 373 cc respire à travers quatre soupapes entraînées par deux arbres à cames. Sa puissance et sa compacité sont impressionnantes. Le son de l’échappement est moins emballant, par contre. Au risque de choquer les amateurs de gros mono, disons qu’on a plutôt l’impression d’entendre le bruit d’une pompe à eau qui fonctionne au sous-sol.
Un moteur particulièrement compact comme celui de la RC390 permet de résoudre certains problèmes de design. Par exemple, on peut créer une moto très svelte au centre, ce qui permet aux pilotes de petite taille de mettre plus facilement les pieds au sol. De même, les repose-pieds peuvent être placés plus bas sans nuire à la garde au sol en virage, ce qui permet d’agrandir le poste de pilotage. Par contre, une selle étroite n’est pas toujours synonyme de confort, surtout que KTM n’a pas la réputation de fabriquer des selles qui dorlotent notre arrière-train. Celle de la RC390 est mince et ferme, mais le problème est nettement amoindri par la position de conduite confortable. (Amateurs de cruisers, regardez la position des étriers sur les chevaux. Les pieds doivent être sous les hanches du conducteur pour obtenir un bon contrôle de la bête, qu’elle carbure au foin ou à l’essence…). Nous avons également fait une randonnée avec passager qui, à notre grande surprise, s’est avérée raisonnablement confortable pour les deux occupants. La RC390 n’est pas une machine de tourisme, bien sûr, mais le passager a souligné que la place arrière était nettement plus agréable que celle d’une machine comme la Tuono d’Aprilia, par exemple.
Si on fait exception du son plutôt utilitaire émis par l’échappement, la RC390 dégage une étonnante impression de sophistication mécanique. Les changements de vitesse sont légers et précis, et l’action de l’embrayage est souple et linéaire. Comme sur la plupart des petites motos, le tirage de la première vitesse est très court, ce qui a l’avantage de permettre aux débutants de s’élancer avec un minimum de stress. La machine est dotée de freins ABS. Nous avons essayé de les mettre à l’épreuve sur revêtement sec, mais le simple disque à l’avant n’était pas assez puissant pour bloquer la roue. Sur le pavé mouillé, par contre, c’était une autre histoire : en appliquant fermement le frein avant, la RC390 s’arrête en douceur et avec un minimum de pulsations dans le levier.
Quand une moto est vendue à prix peu élevé, on se doit de l’évaluer en tenant compte des autres machines dans son créneau. Avec son prix de 6599 $, la RC390 se situe dans le haut du segment des machines pas chères. La Yamaha R3, propulsée par un bicylindre vertical de 320 cc, coûte seulement 4999 $ mais, malheureusement, elle n’est pas munie de freins ABS, et on ne peut pas les obtenir en option non plus. La Kawasaki Ninja 300 avec ABS est offerte à 5799 $. Par contre, sur le site du fabricant, on annonce un prix réduit à 5149 $ jusqu’à la fin août, ce qui constitue une différence substantielle – 1450 $ – par rapport à la KTM.
Avec sa RC390, KTM a créé l’une des machines les plus remarquées de l’été. Même les motocyclistes qui ne jurent habituellement que par les grosses cylindrées ne restent pas insensibles à son charme. Avec ce modèle, et d’autres machines comparables, nous sommes entrés dans un nouvel âge d’or des petites cylindrées.
Fiche technique
Modèle KTM RC390
Prix 6599 $
Moteur Monocylindre à 4 soupapes, ref. au liquide
Puissance (annoncée) 44 ch à 9500 tr/min
Couple (annoncé) 26 lb-pi à 7250 tr/min
Cylindrée 375 cc
Alésage et course 60 x 89 mm
Rapport volumétrique 12,9:1
Alimentation Injection
Transmission 6 vitesses
Suspension Avant : fourche inversée de 43 mm
Arrière : monoamortisseur, précharge du ressort ajustable
Empattement 1340 mm
Chasse/déport 23,5º/99 mm
Freins ABS. Avant : disque de 300 mm, étrier à 4 pistons
Arrière : disque de 230 mm, étrier à 1 piston
Pneus Avant : 110/70-17. Arrière : 150/60-17
Poids à sec (annoncé) 152,5 kg
Hauteur de la selle 820 mm
Réservoir 10 litres
Consommation 3,1 L/ 100 km
Autonomie 322 km