Honda NM4: Bizarre autant qu’étrange

Par Moto JournalPublié le

On ne sait pas trop où elle s’en va avec son style inusité, mais elle y va avec éclat
À la base, j’existe sous la forme d’une énergie pure. Je me promène dans l’infinité spatiale et j’admire la beauté extrême du cosmos. Mais l’endroit est plutôt calme et les organismes monocellulaires qu’on y rencontre ne sont pas très jasants. Je suis donc parti à la recherche d’un endroit où communiquer de façon un peu plus élaborée.

Quand j’ai perçu des signaux qui laissaient croire qu’il y avait une forme de vie semi- intelligente sur votre planète, j’ai tout de suite décidé d’y aller. J’ai également cru comprendre que la meilleure façon de socialiser chez vous, c’était par l’intermédiaire de la motocyclette.

Après quelques tentatives de matérialisation ratées, j’ai dû opter pour le look pixels et gélatine que vous voyez sur les photos. Ne me restait plus qu’à trouver une moto. Mais j’ai été surpris par la grande variété des modèles disponibles. Je me suis dit que les modèles sport étaient trop extrêmes compte tenu des limitations de vitesse sur la Terre. J’ai trouvé que les machines rétro étaient tristes parce qu’elles sont tournées vers le passé. Quant aux motos de tourisme, elles sont trop grosses pour moi, les scooters sont trop petits et les motos d’aventure sont trop hautes. Je commençais à me décourager, puis j’ai aperçu la Honda NM4. Voilà le véhicule idéal pour se faire de nouveaux amis!

Je monte donc sur la NM4 et lance la procédure de décollage. Facile : il faut d’abord tourner une clé puis appuyer sur le bouton de démarrage. Le bicylindre en ligne de 745 cc refroidi au liquide tourne en douceur au ralenti. Il envoie son énergie à la roue arrière par l’intermédiaire d’une transmission à six rapports à double embrayage. Je vois qu’elle est dotée de deux modes de fonctionnement automatique : Normal (D) et Sport (S). Il y a aussi un mode Manuel : dans ce cas, on change les vitesses à l’aide de deux boutons sur la poignée de gauche. Mais pourquoi stresser? Je décide de laisser la technologie travailler à ma place, j’enclenche le mode automatique et je prends la route à la recherche d’une dose de caféine et de compagnie humaine.

La position de conduite est relaxe, très relaxe. Quand on n’a pas de compagnon à emmener avec soi, le siège arrière se relève pour former un dossier ajustable en trois positions. La selle du pilote est basse (650 mm) et les marchepieds sont très avancés. Il en résulte une position de conduite qui impose beaucoup de pression sur mon postérieur (celui qui a inventé cette posture devait être un peu sadique…). En m’appuyant bien sur le dossier, je parviens à réduire l’inconfort, mais ça me donne une drôle d’allure.

La NM4 file en douceur dans le trafic de la ville. À mesure que je prends de la vitesse, la transmission fait monter les rapports de façon rapide et précise. Elle se montre également très efficace pour rétrograder quand on ralentit. Parlant de ralentir, ce véhicule est muni d’un disque de freinage de 320 mm à l’avant (avec étrier à double piston) et d’un disque de 240 mm à l’arrière (avec étrier à simple piston). La puissance de freinage n’est pas comparable à celle des rétrofusées, mais elle est tout de même adéquate. L’ABS est livré de série. Le tableau de bord est bien lisible et il fournit toutes sortes d’informations utiles : heure terrestre, niveau de carburant, vitesse du vaisseau, régime du moteur, rapport et mode de transmission sélectionnés, distance parcourue et carburant consommé.

J’arrête dans un café qui porte le nom d’un sportif décédé qui excellait, me dit-on, dans un jeu qui se joue sur la glace avec un bâton et une rondelle. J’ai de la chance, il y a un groupe de motocyclistes avec leurs cruisers dans le stationnement! J’immobilise mon véhicule près d’eux et je descends. Ils ont un petit mouvement de recul en m’apercevant. Je les salue mais ils ne me regardent déjà plus. Ils jettent un coup d’œil attentif à la NM4, puis ils tournent les talons en nous ignorant, moi et ma monture. Voilà une première expérience décevante, et le liquide suspect qu’on me sert dans un verre de carton ne fait rien pour améliorer les choses.

Pour me consoler, j’opte pour l’évasion. J’enclenche le mode Sport et je vais me défouler sur les voies rapides. Cette motocyclette longue et basse ne manque certainement pas de pep. En mode Sport, le moteur monte en régime plus librement qu’en mode normal et je vois bientôt 140 km/h sur le tableau de bord. Le son de l’échappement devient également plus énergique (rien à voir, toutefois avec le vrombissement agressant de la cruiser qui m’a dépassé tout à l’heure). Cette machine pèse 255 kg, mais le poids est centré vers le bas, ce qui lui donne une bonne stabilité. La suspension est assurée par une fourche télescopique de 43 mm à l’avant et un monoamortisseur à l’arrière. La NM4 répond aux commandes de direction de manière souple et fluide et elle permet d’atteindre un angle d’inclinaison raisonnablement prononcé avant que les avertisseurs sous les marchepieds ne frottent au sol. Cette randonnée m’a permis de voir pourquoi les humains aiment tant la moto : la vitesse, le son, le plaisir d’enfiler les courbes. Si vous aviez pu voir mon visage sous les pixels, vous auriez vu un grand sourire.

À la fin de la journée, par contre, je ne m’étais pas encore fait d’amis. Les gens qui approchent regardent ma machine avec un regard étrange plutôt qu’avec un sourire et ils ne me parlent pas. Peut-être que nous sommes trop différents, elle et moi. Peut-être que la planète Terre n’est pas prête pour nous. J’entre dans un dernier café; l’expresso est excellent (enfin!), mais il n’y a personne (hélas!). Je me retransforme en énergie, puis je quitte la planète. Quant à la NM4, je lui souhaite bonne chance.

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