Escapade dans l’Ouest canadien – partie I

Par James NixonPublié le

Quand je pense à la Colombie-Britannique, je visualise des joints de pot, des jeunes en planche à neige et des montagnes. Me voilà donc surpris en faisant un arrêt à un site de rodéo lors de cette première journée de route. Car ce que j’aperçois, ce sont des cowboys avec leur Stetson sur la tête, et des étendues désertiques.

J’ai pris l’avion et je suis arrivé à Kamloops hier soir. Ce matin, avec un autre Canadien et un Texan appelé Robert (qui en est à sa première visite au Canada), nous sommes allés chercher nos Harley-Davidson de location chez Eagle Rider. Il devrait aussi y avoir deux Allemands dans notre groupe pour cette randonnée organisée d’une semaine, mais ils ne sont pas arrivés encore. Aujourd’hui, c’est un peu une journée de réchauffement avant la véritable randonnée. Nous avons pris la route vers l’ouest jusqu’à Cache Creek, puis nous avons piqué vers le sud en direction d’Ashcroft, le site du rodéo. Nous allons rentrer à Kamloops ce soir en passant par Logan Lake. Le gros V-2 ronronne doucement et je n’ai pas l’impression d’être en Colombie-Britannique avec ce décor de collines ondulantes et de broussailles desséchées. On se croirait plutôt en Alberta.

À Ashcroft, la terre est encore plus pâle et desséchée et on voit la poussière qui s’échappe de l’enceinte du parc de rodéo. Une fois entré, j’entends l’annonceur qui demande s’il y a des volontaires. Sans trop savoir pourquoi, je lève la main et me voilà au centre du ring… Je lui demande ce qu’il faut faire. « Monter à cheval », me répond-il en couvrant le micro de sa main. Au secours! J’ai fait de l’équitation une seule fois dans ma vie et j’en garde le souvenir d’une bête incontrôlable. Puis j’aperçois les chevaux en question : ils sont en plastique et gonflés d’air… Je devrais me sentir humilié, mais je ressens surtout un grand soulagement… Puis je me lance dans la course en bondissant sur mon destrier gonflé. Tout va bien jusqu’à ce qu’un concurrent me bouscule et que je me retrouve au sol les quatre fers en l’air. Je quitte le terrain sous les rires de la foule et des mains amicales chassent la poussière de mon dos.

Le soir, nous nous rendons à l’aréna pour la soirée de clôture du 26e rallye poker run du club de propriétaires de Harley à Kamloops. Plus de 800 participants sont réunis pour un souper et une soirée de divertissement et de spectacles live. Les profits seront versés pour la recherche sur la dystrophie musculaire. On se croirait à une réunion de famille géante, tout le monde parle, rit et discute comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Mais nous, nous n’avons pas l’inscription HOG (Harley Owners Group) sur nos vestes, et on nous fait asseoir à une table identifiée « NON-HOG ». C’est comme d’être assis à la table des enfants à un party de Noël…

Le lendemain matin, nous prenons la route en direction de Revelstoke, une randonnée d’environ 300 km. Je me réjouis à l’idée de coucher dans une autre ville ce soir; cette perspective me donne le sentiment de vraiment commencer le voyage. Nous prenons la route vers l’est, puis nous bifurquons vers le sud sur la 97 à Monte Creek. Le paysage commence à ressembler nettement plus à l’image que j’avais gardée de la Colombie-Britannique lors de ma traversée du pays en 2010. Les collines se transforment en montagnes, le paysage verdit et nous prenons plaisir à rouler sur des routes qui serpentent agréablement. Après un lunch au Bean Scene Coffee House, nous prenons la 97A et nous arrêtons peu de temps après à Armstrong, au comptoir de la Village Cheese Company. J’achète un paquet de fromages en grains, ce qui pique la curiosité de Robert le Texan. « C’est quoi ces drôles de machins? » me demande-t-il. Je lui explique, et j’ajoute que c’est particulièrement délicieux dans une poutine. « C’est quoi une poo-teen? » Je souris et lui donne un cours accéléré de gastronomie.

En continuant vers le nord sur la 97A, nous longeons une rivière qui se jette dans le lac Mara. C’est une portion de route exceptionnelle avec des courbes tout en douceur – pas assez serrées pour faire frotter les marchepieds, mais assez prononcées pour rendre la conduite emballante. À un feu rouge à Sicamous, Robert s’arrête mes côtés. « On n’a pas beaucoup de routes comme ça au Texas! » me dit-il avec un grand sourire.

Nous prenons ensuite la route 1 et nous arrivons à l’hôtel Regent de Revelstoke en début de soirée. Al Perrett est déjà là. Al est le propriétaire de Kamloops Harley-Davidson, c’est lui qui nous sert de guide et il nous accompagne en camion pour cette randonnée. « Où sont les deux Allemands? » demande-t-il. Nous l’ignorons; nous ne les avons pas vus de la journée. Plus tard, nous nous retrouvons au River City Pub. Toujours pas de nouvelles des Allemands. Nous prenons une bière en les attendant, puis nous décidons de manger sans eux. Al s’inquiète parce qu’il fait noir et on dirait qu’il va pleuvoir. Je sors à l’extérieur avec lui pour aller prendre un sac dans le camion et les voilà qui arrivent! Ils ont simplement pris leur temps parce qu’il faisait beau et que les routes étaient belles…

Pour notre troisième journée, nous n’avons pas trop de kilomètres à parcourir : environ trois heures pour atteindre Lake Louise, en Alberta. Nous décidons de rouler en après-midi seulement, et d’aller visiter le musée ferroviaire de Revelstoke entre-temps. Le dernier clou du chemin de fer des Rocheuses a été planté à 45 km à l’ouest d’ici, à Craigellachie, le 7 novembre 1885. Je suis impressionné par la locomotive. Ce n’est qu’en l’examinant d’aussi près qu’on réalise à quel point c’est une mécanique costaude (certains disent la même chose à propos des Harley). Un ingénieur retraité (Les Handley) est sur place pour répondre à nos questions. Il nous explique à quoi servent les innombrables valves et cadrans. Et il confirme que oui, on faisait vraiment cuire des « binnes » sur la chaudière.

Ensuite, il y a une visite guidée du barrage de Revelstoke au programme. L’hydroélectricité m’intéresse moins que les locomotives, mais je décide d’y aller tout de même, par politesse. Les Allemands, eux, n’ont pas hésité à se défiler et à prendre la route. Et maintenant, il est 14 h et il commence à pleuvoir. Si ces foutus Allemands arrivent à Lake Louise avant moi, ils ont intérêt à m’avoir réservé une bière.

À suivre…

Note pratico-pratique : pour une randonnée dans cette région, la ville de Kamloops est un bon camp de base : il y a un aéroport et on peut louer une Harley tout près chez Eagle Rider. Pour des suggestions d’itinéraire, allez à tourismkamloops.com et tapez motorcycle tours dans le moteur de recherche du site.

 

Location Eagle Rider
Vivre le rêve américain au Canada
Envie de vivre le rêve américain? C’est ce que propose Eagle Rider dans sa publicité. Cette entreprise de location des États-Unis a été fondée en 1992 et elle a pris beaucoup d’expansion depuis. Eagle Rider compte maintenant 45 points de location, dont deux au Canada. Les deux sont en Colombie-Britannique : à Vancouver et à Kamloops.
C’est là que nous avons pris nos motos pour notre randonnée de sept jours dans l’Ouest. Eagle Rider est installée dans le même immeuble que le concessionnaire Kamloops Harley-Davidson. Logique, car comment vivre le rêve américain autrement qu’en Harley? Le personnel est aimable et bien formé pour vous aider à trouver la machine qui répondra le mieux à vos besoins. On peut notamment choisir entre les modèles suivants : Electra Glide, Electra Glide Ultra, Electra Glide Ultra Limited, Street Glide, Heritage Softail Classic et Road King. Sur le site de l’entreprise, on donne des prix à la journée et à la semaine, mais ils sont en dollars américains. L’idéal est d’appeler directement à Kamloops (250-828-0622) et de demander quelles sont les meilleures offres en vigueur. Au moment d’écrire ces lignes, on proposait des tarifs de 200 $ par jour pour une location d’un ou deux jours, de 179 $ pour trois à six jours et de 169 $ pour sept jours et plus. 
Eagle Rider dit qu’elle vous permet de faire des découvertes et de vivre une aventure motocycliste à prix raisonnable. Le terme « à prix raisonnable » est relatif, puisqu’il faut aussi additionner le coût du logement, des repas, de l’essence et du tarif aérien pour se rendre en Colombie-Britannique. Mais si vous avez les moyens, Eagle Rider a la moto.

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