C’est armé d’un rêve à réaliser que Patrick Trahan s’est présenté chez un concessionnaire d’Ottawa en 1997. « Je lui ai montré une affiche de Suzuki, Gaston Rahier sur sa moto Dakar aux couleurs de Marlboro, et lui ai demandé de me vendre une moto comme ça! » Le vendeur, pour le moins surpris, a répondu qu’il ne trouverait pas une telle moto. Une KLR 650 avec le carénage et son gros réservoir semblait toutefois assez proche aux yeux de Patrick. C’est donc avec la KLR qu’il se lancera en rallye-raid! « J’ai fait monter des pneus plus agressifs, enlever les clignotants et les repose-pieds pour le passager et hop! j’avais ma moto de rallye. Après quelques courtes sorties sur le gravier pour apprendre les rudiments du pilotage, j’étais prêt à faire le Dakar! » Vous avez bien lu, Patrick n’avait aucune expérience à moto, zéro, nada! Il s’est déniché quelques commanditaires et s’inscrit au Rallye de l’Atlas en 1998, l’inscription pour le Dakar étant trop dispendieuse. « Je suis arrivé à Málaga et tout de suite, j’ai eu à trouver une solution pour ouvrir la caisse dans laquelle j’avais expédié la KLR, je n’avais pas d’outils! À Grenade, je suis arrivé sur le site du départ, j’y voyais toutes les équipes, les camions et l’agitation, le rêve se concrétisait. J’ai rencontré des compétiteurs français qui m’ont demandé où était ma moto de course. Ils n’avaient pas idée que je pouvais faire le rallye avec la KLR sur laquelle j’étais assis… » Les Français l’ont aidé, Patrick a persévéré et avec sa KLR mal en point – plus de démarreur, de repose-pied gauche ni de sélecteur de vitesse –, il a franchi le fil d’arrivée pour mériter le trophée du pilote le plus persévérant du rallye! « Enlisé dans une dune avec le moteur calé, j’ai dû me faire tirer par un chameau! »
Le premier Canadien au Dakar
L’étape suivante fut bien sûr de faire LE rallye, le Dakar. Premier Canadien à avoir participé à un rallye-raid africain et premier à se lancer au Dakar, Patrick s’est appliqué à trouver des commanditaires. « Honda Canada m’a appuyé et après avoir fait l’Atlas, je savais qu’une XR serait une monture plus appropriée. J’ai travaillé à trouver le financement, les commanditaires et à obtenir une bonne couverture médiatique, mais je n’avais pas le temps de rouler à moto, d’améliorer mon pilotage. » C’est donc avec une XR 650 et encore très peu d’expérience qu’il s’élança de Paris fin décembre 1999. « Je voulais bien terminer et je me suis pris au piège à rouler vite. Ça a fini avec une commotion au troisième jour. Je me suis donc attaqué au problème : j’ai commencé à faire de la compétition ici, au Québec. » Mais en tant que nouveau venu dans la compétition moto et ayant déjà obtenu des commandites importantes, Patrick avait fait des jaloux. L’expérience ne fut pas très agréable et il en garde un gout un peu amer. Quoi qu’il en soit, l’année suivante, il se présenta au Dakar avec l’expérience de pilotage qui lui manquait auparavant. Une avarie mécanique le força à abandonner le cinquième jour. « Le boitier du filtre à air frottait sur un support de réservoir auxiliaire et s’est perforé, le sable passait directement derrière le filtre. Lorsque j’ai vu de l’huile sur l’aile arrière, j’ai su que ça n’allait pas bien. Je n’ai pas trouvé de moteur de rechange et mon deuxième Dakar s’est arrêté là. » Ce fut un coup dur pour Patrick, ses détracteurs y trouvaient leur compte, les commanditaires se retirèrent et son rêve lui glissait des mains.
Un guide pour l’aventure
« J’avais en tête de gagner ma vie en faisant de la moto. C’est donc en devenant guide que j’ai pu atteindre cet objectif. Au début, je guidais sans être rémunéré, pour me faire connaitre puis c’est devenu mon métier. Maintenant, je travaille dans le désert. » En 2005, il participe au Rallye des Pharaons dans le cadre d’un documentaire produit par Canal D. Le rêve du Dakar n’étant jamais sorti de l’imaginaire de Patrick, il décida de préparer son retour pour l’édition 2010, dix ans après sa première tentative. Il fit encore démonstration de sa détermination et de son inventivité pour financer le projet. « J’ai fait le Hour Show, le talkshow le plus écouté au Canada, j’ai fait des apparitions dans beaucoup de médias de masse, tout ce qui pouvait donner une bonne visibilité à mon projet et à mes commanditaires. » Avec une Honda CRF450X et le support de HT Rally Raid, des spécialistes du Dakar qui préparent la moto et fournissent l’aide lors du rallye, Patrick a atteint l’arrivée à Buenos Aires en 55e position après 2 semaines de course. « Avec mon travail de guide dans le désert du Maroc, je roule beaucoup dans le sable et sur les dunes, il n’y a pas de meilleure préparation pour affronter le Dakar. » Mission accomplie, rêve réalisé!
Le tour de l’Afrique en 60 jours
Un homme, 1 moto, 1 continent, 1 but : le tour de l’Afrique en 60 jours en solitaire, 25 000 km pour amasser des fonds pour la Fondation Rêves d’enfants. Tel est l’objectif qu’il s’est fixé en 2011. Avec sa XR650, Patrick comptait traverser 26 pays et établir un record. Du point de départ au Maroc, Patrick a franchi quelque 7 000 km en traversant la Mauritanie, le Mali, Bamako et le Ghana. Au Nigeria, il ne put éviter un camion roulant à contresens. Il s’en sortit avec 12 fractures nécessitant une opération qui fut faite en Afrique du Sud.
Patrick s’est remis de ses blessures même s’il boite un peu à l’occasion. « Le matin, c’est parfois un peu plus difficile mais sur la moto je n’y pense plus. »
De retour comme guide dans le désert, il vous attend pour vous faire vivre l’expérience des grands espaces à moto avec Motoadventours qui est associé à BMW Espagne. « Je m’envole pour l’Espagne dans 2 jours. Les tours partent de l’Espagne vers le Maroc et le printemps est le meilleur temps pour profiter du désert! »
Faites attention en présence de Patrick, ses rêves sont contagieux!