Certaines motos donnent envie de rouler vite. La Brutale de MV insiste.
Tout le monde peut se tromper. Quand ils aperçoivent de plus en plus de maisons de part et d’autre de la route, la plupart des motocyclistes en concluent qu’ils approchent d’un village et qu’il faut ralentir. Mais il y a des exceptions… Avec la MV Agusta Brutale 1090RR, nous avons traversé un village à une vitesse que nous n’osons pas écrire ici. Par contre, c’était pour des raisons professionnelles.
La version carénée de la Brutale s’appelle la F4. À l’arrière de la selle, les quatre sorties d’échappement créent une musique unique et incroyablement sexy. Nous voulions voir (ou plutôt entendre) si le double échappement de la Brutale pouvait faire de même. La réponse est non. La Brutale émet de belles notes graves, mais elle n’a pas l’intensité débridée de la F4 à hauts régimes. Nous ne reculons devant rien pour répondre aux questions fondamentales de la vie.
Cela dit, quand nous avons réalisé que nous venions de traverser un village, nous avons eu peur de recevoir une contravention salée un peu plus tard par la poste. C’est pourquoi nous avons retardé la publication de ce test éclair. Mais bon, il semble qu’on nous ait pardonné. (Si ce n’est pas le cas et que le policier de service ce jour-là lit ceci, nous tenons à lui annoncer que le pilote a maintenant déménagé en Papouasie et qu’il serait inutile d’essayer de le retracer).
La Brutale 1090RR est le modèle pratico-pratique de MV Agusta. Vraiment. La selle est large et plate et le rembourrage est ferme mais confortable. Ce n’est pas nécessairement la machine de rêve pour descendre en Californie, mais on peut rouler longtemps à son bord sans problème.
Côté moteur, la Brutale compte sur un quatre cylindres en ligne de 1078 cc à la puissance prodigieuse. Le modèle que nous avons essayé, un 2011 (18 995 $), génère 144 ch selon MV. Sur la version 2012 (19 995 $), le fabricant affirme que la puissance passe à 156 ch grâce, notamment, à de nouveaux corps de papillon. Beaucoup de puissance, donc. Tous ces chevaux, combinés à une réponse de l’accélérateur parfois un peu abrupte, engendrent une expérience de pilotage très vive et très satisfaisante quand on sait doser la poignée de droite. Le levier d’embrayage est plutôt ferme, mais la transmission est d’une douceur et d’une précision hors pair. Quand on fait grimper le régime et qu’on fait chanter le moteur dans son plus beau registre en jouant avec la transmission, on obtient des plaisirs – et des vitesses – extrêmes.
La suspension de la Brutale est loin d’être brutale. Au contraire, elle nous a surpris par sa souplesse. La costaude fourche Marzocchi semble offrir un bon compromis entre résilience et contrôle. La belle italienne est munie d’un embrayage à glissement limité et on peut choisir entre 8 niveaux d’antipatinage.
Qu’on ne s’y trompe pas, la Brutale n’est pas une moto à tout faire souple et douce à la japonaise. Décrivons-la plutôt comme une sportive qu’on a délestée de son carénage. Sur papier, son moteur est moins puissant que celui de la F4 mais au guidon on ne s’en aperçoit guère. Plus on la pousse, plus la Brutale exhibe ses qualités. Et c’est ce qui a failli nous mettre dans le pétrin…