Kawasaki Ninja 1000: Une sportive au cœur tendre

Par Neil GrahamPublié le

Si vous trouvez que la ZX-10R est une sportive trop radicale pour la conduite de tous les jours, sachez que Kawasaki a pensé à vous.

Fairfax, Californie. Nous arrêtons pour manger une bouchée et je réalise que je suis vraiment au cœur de l’ambiance « côte ouest » des États-Unis. En plus, la machine sur laquelle je roule dans le cadre de cette prise de contact pour journalistes a un côté aussi intemporel que les villages hippies de Californie… Bien sûr, beaucoup de petites choses ont changé au fil des ans, mais l’essentiel est demeuré le même. Ainsi, il y a déjà plus de 40 ans que Honda a lancé sa 750 Four et, depuis, le quatre cylindres règne toujours en maître dans l’industrie de la moto. Évidemment, il y a encore des gros mono et des bicylindres de différentes configurations, mais le « quatre en ligne » est l’équivalent de la guitare électrique pour le rock, ou le saxophone pour le jazz : incontournable.

En créant la Ninja 1000, les concepteurs de Kawasaki avaient pour objectif de fabriquer une machine au tempérament et à l’allure sportive, mais avec un niveau de confort supérieur. Les pures sportives sont performantes, certes, mais le prix à payer est parfois élevé en matière de douleurs aux poignets, aux genoux et au derrière…

Pour élaborer la Ninja, Kawasaki s’est largement inspiré de la Z1000. En fait, les deux machines sont très semblables, mais la Ninja a un carénage et un habillage plus sexy. Les silencieux sont aussi une pièce maîtresse du style de la Ninja. Ils semblent vouloir rappeler l’allure classique des Z des années 1970, tout en s’intégrant aux lignes à la fois fluides et anguleuses de la nouvelle machine. Certains les trouvent vraiment réussis. D’autres les trouvent « exagérés ». À vous de trancher…

Les gens des relations publiques de Kawasaki savent être convaincants. Dans leur présentation PowerPoint, ils ont tenté, diapositive après diapositive, de démontrer que les motos sport étaient extrêmement inconfortables pour un usage au jour le jour. Et qu’il était grand temps de les faire brûler en enfer pour les remplacer par des Ninja… Bref, l’argumentaire « mêmes performances, confort accru » semblait impeccable devant un écran en sirotant un apéro. Mais comment la bête se comportera-t-elle dans la vraie vie?

Le lendemain matin, le temps était frisquet. Avant de quitter le stationnement de l’hôtel, je décide donc d’ajuster le pare-brise. Il suffit d’actionner un petit levier derrière le tableau de bord et de choisir l’une des trois positions. Un design simple, intuitif et efficace. Tous les fabricants qui optent pour un système à deux molettes devraient l’abandonner et s’inspirer de celui de la Ninja. Par temps chaud, le niveau du pare-brise ne fait pas énormément de différence, mais dans la fraîcheur matinale la position élevée offre une protection nettement supérieure à la position abaissée. Selon Kawasaki, il faut immobiliser la moto avant d’ajuster l’angle du pare-brise parce que cette opération requiert l’usage des deux mains. Mais nous avons vu des pilotes transgresser la règle…

Le quatre cylindres de 1043 cc refroidi au liquide produit presque le même couple maximal que celui de la ZX-10R, mais il est livré à plus bas régime. Un système de contrebalancier permet de réduire les vibrations du moulin. À moins de rouler constamment à des régimes moteur qui frôlent la zone rouge, les vibrations ne sont pas envahissantes.

Et comment se comporte la Ninja sur la route? Précisons tout de suite qu’elle ne vise pas à concurrencer les machines de tourisme grand confort. Ainsi, même si la selle est dotée d’un rembourrage plus épais (de 10 mm) que celui de la ZX-10R, elle n’offre pas le confort d’une Concours 14, d’une Yamaha FJR ou d’une BMW RT. En fait, on pourrait décrire la Ninja comme une sportive avec une position de conduite redressée et un moteur bien adapté à la conduite de tous les jours. Cela dit, sur la route, elle affiche une véritable âme de sportive. Dans les collines aux environs de San Francisco, la Ninja enfilait les virages serrés avec une agilité et un aplomb supérieurs à celui des grosses machines de sport tourisme. Le comportement de la Ninja s’explique notamment par ses composantes de suspension, qui sont de qualité supérieure à ce que l’on retrouve habituellement sur les machines de cette gamme de prix. La fourche avant de 41 mm propose une bonne palette d’ajustements : précontrainte des ressorts, amortissement en compression et amortissement en détente. La suspension arrière est ferme tout en ayant une bonne résilience. 

Pour cet essai de lancement, les motos n’étaient pas munies de valises. Mais la Ninja peut être équipée de valises latérales Givi de 34 litres aux couleurs assorties. Une recherche rapide sur le site de Kawasaki permet aussi de voir qu’une valise centrale est offerte. Au moment de mettre sous presse, le prix des accessoires n’était pas disponible. Soulignons enfin que le réservoir de la Ninja est en métal – vous pourrez donc remettre en circulation votre bon vieux sac de réservoir à aimants.

Le prix de détail suggéré de la Ninja 1000 est de 13 699 $. Après une journée complète de conduite, elle s’est révélée être une machine compétente et agréable. La disposition du guidon, de la selle et des repose-pieds engendre une position de conduite qui encourage la conduite sportive tout en économisant vos articulations. Un amateur de pures sportives pourrait accepter de rouler sur une Ninja. Et un habitué des motos conventionnelles ne serait pas dépaysé. Ce qui était précisément l’objectif de Kawasaki.

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