*Archives – Cet article est tiré du magazine numérique Mars 2022 de Moto Journal.
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Cliquez ici pour lire la deuxième partie – De l’Ontario à l’Alberta!
12 300 kilomètres en 25 jours
3e partie : Il est grand notre pays!
Je vous rappelle que je suis au LAST CHANCE SALOON à WAYNE (ALBERTA) et que la conclusion de la deuxième partie se lisait ainsi…
Puis, l’heure d’aller dormir approche, je commence à rêver à mes lendemains qui me permettront d’aller rouler dans les fameuses Rocheuses canadiennes. Je souhaite bonne nuit à ma BMW R1250 GS, je monte à l’étage afin de rejoindre ma chambre dans cet hôtel qui, je vous rappelle, a la réputation d’être hanté. Je m’endors paisiblement, la tête remplie de merveilleux souvenirs de cette journée, et… vers minuit… j’entends la poignée de ma chambre tourner… !!!!
Ha! Ha! Ha! Quelle ne fut pas ma surprise de réaliser que quelqu’un s’apprêtait à entrer dans ma chambre! Avec le cri primal que j’ai alors poussé, j’aurais fait peur au plus menaçant des fantômes osant s’y aventurer! Je vous rassure, il ne s’agissait alors que d’un malentendu de réservation de chambre. Ce serait long à raconter ici, mais disons que ce fut l’événement du weekend au village (d’environ 30 habitants!). On a bien rigolé…
Je me prépare donc à poursuivre mon road trip vers les Rocheuses, où un tout autre panorama m’attend!
Quelques minutes après mon départ de Wayne, je fais déjà une pause au Horseshoe Canyon sur la 9. Les Badlands aux airs lunaires m’incitent à m’arrêter afin d’admirer ce relief exceptionnel sculpté par des millions d’années d’eau et de vent : c’est magnifique! Mon plan est ensuite de contourner Calgary par le nord, de faire une pause au Water Valley Saloon (qui sera malheureusement fermé car il était trop tôt lors de mon passage) en me rapprochant des Rocheuses. Je roule en ligne pas mal droite, descends vers le sud jusqu’à Cochrane d’où j’emprunte la 1A. Cette dernière, parallèle à la 1, permet de rouler sans trop de circulation en longeant la Bow River et où des chevaux se promènent librement. Un peu avant Canmore, je rejoins la 1 jusqu’à la route scénique vers le lac Minnewanka. Oh là là!! C’est comme entrer dans une carte postale! Le décor me fait penser aux « tapisseries murales » de mon jeune temps, où certains tentaient d’ajouter une fenêtre sur le monde dans une pièce de 10’ X 10’!
Même la BMW R 1250 GS n’en revient pas : comme c’est beau! Les Rocheuses, plus grandes que nature, ne se photographient pas simplement, croyez-moi… c’est GIGANTESQUE!
En m’engageant avec moi-même dans ce trip (et afin de me dégourdir un peu), je me suis promis de marcher au moins une heure par jour (à partir de l’Alberta) à travers des sites naturels ou historiques. Jusqu’à maintenant, j’ai exploré le parc provincial des Dinosaures, ensuite le parc de Midland, et aujourd’hui le Horseshoe Canyon et la ville minière fantôme (charbon) de Bankhead. Je commence à craindre de rencontrer un ours sur mon chemin, mais bon… J’ai tout de même vu un OURSON, heureusement j’étais sur la moto!
Dame Nature est généreuse et il fait super beau. La température a oscillé entre 5 et 25 degrés Celcius! Je ne perçois aucune odeur de fumée dans l’air, malgré les feux dévastateurs des derniers mois.
L’hébergement étant très dispendieux à Banff, je décide plutôt de m’installer à Radium Hot Springs, coté Colombie-Britannique, pour deux nuits. De charmants « bambis » errent tranquillement derrière le motel. Le lendemain en retournant vers Banff, je m’arrête au Continental Divide, où les eaux de pluie se séparent. Ce qui me frappe dans ce coin de pays, c’est aussi la couleur de l’eau quasi irréelle! Elle est d’un bleu-vert turquoise sorti directement des contes de fées.
Quand je voyage à moto, j’essaie le plus possible d’éviter les centres urbains et les foules. Alors que je voulais jouer à la touriste dans des endroits classiques, « les MUST » à voir (Banff, Lake Louise…), la quantité de gens et de voitures m’a incité à faire ça court…
Il faut également savoir que dans la région, si vous désirez accéder aux sites naturels du parc, vous devez acheter une passe (que je n’ai pas achetée). Voilà que par erreur et sans mauvaise intention, je suis entrée au Natural Bridge (alors tant qu’à y être, j’ai défié la loi!). J’y ai eu un véritable coup de cœur! Je reviendrai certainement afin d’explorer un peu plus! Je retourne ensuite au motel, le lendemain c’est l’Icefield Parkway qui m’attend!
WOWWWW!! Quelle merveille de la nature! La route en soi est ordinaire, mais le paysage… ÉPOUSTOUFLANT! Il faut payer 10 $ pour accéder à cette célèbre route panoramique et il ne faut pas négliger la réserve d’essence. À Saskatchewan River Crossing, le prix à la pompe vous fera tomber de la selle…
Après être sortie de l’Icefield Parkway, j’emprunte maintenant la 93A afin de faire l’ascension vers le mont Edith Cavell. Sur le chemin pour m’y rendre, j’ai vu un gros mâle wapiti qui a même poussé un grand cri quand je suis passée à côté! La BMW R 1250 GS a fait le saut! La route en lacets est assez intense, même le GPS en a perdu la boule! Mais quel bonheur que de retrouver la paix devant ce majestueux glacier sur lequel on peut même deviner une forme d’ange : mon TOP aujourd’hui! Évidemment un peu de cardio-hiking qui en valait grandement la peine! Ce genre d’endroit me touche… Après cette merveilleuse journée, je dormirai à Valemount (C.B.).
Au réveil, une pluie froide et qui ne semble pas vouloir cesser m’attend…
J’ai effectivement roulé à 5-6 degrés toute la journée (tous les motards savent que 5-6 degrés, à moto, quand il pleut, quand il vente, c’est comme s’il faisait… -1000!!!!!). J’avais comme plan de me rendre à Lillooet pour la nuit. J’ai l’impression que Dame Nature vivait une intense peine d’amour, à voir ses larmes déferler ainsi toute la journée. Je bénéficiais d’une visibilité nulle, les gros camions me « splashaient » en sens inverse. J’étais congelée et crispée à m’en faire une ampoule dans la main malgré les gants. J’ai roulé 500 beaux kilomètres comme ça : beaucoup de construction, des revêtements de gravelle et de « j’sais pas quoi », bref, la veste chauffante ne fournissait pas et les poignées de la BMW chauffaient au MAX!!
MAIS heureusement, petit répit de Dame Nature entre 15 heures et 16 heures! Ma souffrance a été récompensée et la 99 m’a réconciliée avec la vie! Je roule enfin sur une route comme j’aime : vertigineuse, courbes serrées, montagnes imposantes et reliefs uniques! Elle est en plus bordée de sauge et d’autres herbes odorantes! À mon avis, il s’agit de la plus belle route au Canada : la Duffey Lake Road (99). C’est sur ce type de route que la BMW R 1250 GS – 40e anniversaire est heureuse et optimale! Elle adore ça et… moi aussi! Tellement plaisant que de parcourir cette route : du bonbon!! Bon, ce n’était pas chaud pour la pompe à l’eau encore le matin (6 degrés Celcius), mais le soleil était de la partie : 22 degrés en après-midi!
Sur mon chemin vers Vancouver, après avoir fait une pause au bord du Green Lake à Whistler, j’ai eu un véritable coup de cœur au parc provincial Brandywine Falls. Pas trop loin de la route, une petite marche pour se rendre aux chutes et faire la pause : vraiment joli!
Une fois rendue dans la « Vancouver Area », j’en profiterai pour faire du lavage. Je prendrai le traversier le lendemain après-midi, afin de me rendre sur l’île de Vancouver.
Ma journée a commencé avec une petite visite chez High Road Langley (thanks to Daniel, Jonah and Kelly for your amazing service!). J’en ai profité pour m’acheter un produit qui repousse la pluie sur ma visière. Je préférerais ne pas avoir à m’en servir, mais bon…
Après quelques kilomètres de ville et de circulation urbaine, le traversier m’attendait! Ça m’a fait tout drôle et je me suis rappelé de beaux souvenirs avec mes clients et amis sur le traversier de la Corse avec Road2luxe… trop hâte de revivre ça!
En arrivant sur l’île, je me dirige vers la 4 (Pacific Rim HWY) afin d’entrer dans cette vieille forêt constituée entre autres de sapins de Douglas géants : un véritable enchantement pour la vue et l’odorat ! Je prévois aller y marcher le lendemain matin.
En quittant mon motel de Port Alberni je suis donc allée marcher dans le Cathedral Grove et le parc provincial MacMillan! MAGIQUE! J’ai ADORÉ!
En roulant dans cet environnement merveilleux, j’ai eu une pensée particulière pour mes amis décédés depuis la dernière année… Eddy 54 ans, Denise 49 ans, et Michel début soixantaine… des amis de mon âge qui sont disparus beaucoup trop tôt… J’avais promis de les embarquer avec moi à moto lors de ce trip… Ça roule mal les yeux pleins d’eau mais Eddy n’arrêtait pas de dire des niaiseries et les autres riaient, alors c’était ok…
Puis ma destination ultime : TOFINO !
I ‘VE MADE IT ! Yahoo!! Mission accomplie! Je me rends ensuite à Ucluelet avec ma belle BMW R 1250 GS – 40e anniversaire. Une fois le motel trouvé, j’avais du temps alors j’ai marché 9 km! Vive les vacances! Je me suis rendue au bord du Pacifique. L’eau est froide, ça sent bon la mer, le décor rocheux est typique de l’endroit et les vagues de l’océan : comme c’est beau! Je m’apprête à souper au food truck, le Ravenlady, pour me rendre compte que le proprio est québécois et qu’on y sert de la poutine, rien de moins!
En soirée j’ai eu le privilège se rencontrer l’ami d’un ami qui est devenu mon ami… me suivez-vous? Expatrié québécois depuis plusieurs années il vit maintenant à Ucluelet! Une belle soirée à jaser et à rigoler avec John qui m’a fait la surprise d’arriver avec sa BSA antique; ça fait du bien un peu de social! La BMW R 1250 GS se la coule douce, et on a beaucoup de plaisir !
Le lendemain, il pleut toute la journée. Il faut savoir que l’île bénéficie de températures douces à l’année. Mais la pluie et le vent sont souvent au rendez-vous. J’aurais aimé rester encore quelques jours, mais Dame Nature n’était pas très invitante ce jour-là. Après avoir manqué mon traversier de midi, je me retrouve donc sur celui de 14 h 30 avec la BMW R 1250 GS en direction du continent. Une fois rendue sur le bateau, je me mets à chercher un hôtel pour le soir : Niet, Nada, RIEN! Tout est pris ou alors je dois débourser un prix exorbitant pour dormir. Je trouve finalement un motel à HOPE, 165 km plus loin, où je prévois arriver en début de soirée sous la pluie qui n’a cessé depuis mon départ le matin…