*Archives – Cet article est tiré du magazine numérique Janvier / Février 2022 de Moto Journal.
12 300 kilomètres en 25 jours
2e partie : De l’Ontario à l’Alberta…
Cliquez ici pour lire la première partie.
En terminant la lecture de la première partie dans le numéro précédent, vous avez surement remarqué que je vous ai laissés sur un suspense incroyable! Ha! Ha! Ha! Alors voilà…
Quand je voyage, je n’ai qu’un seul souci : les méchantes punaises de lit! Imaginez-vous que dès la première nuit vers 4 h du matin, je me réveille avec deux piqûres desdites bestioles, sur une cuisse! Il n’en fallait pas plus pour que je ramasse mon bagage et que je déguerpisse aussitôt…. Rendue au bout du stationnement du motel, il fait nuit et je réalise qu’il fait noir « en titi » dans ce coin de l’Ontario! Je vous rappelle que je suis sur la 17 (Route Transcanadienne), à mi-chemin entre Sudbury et Sault-Sainte-Marie. Je déteste rouler de nuit, mais je préférais ça que de cohabiter avec ces satanées suceuses de sang… Heureusement la BMW R 1250 GS – 40e anniversaire est munie d’un phare de virage adaptatif avec phare DEL orientable, ce qui rend l’éclairage de nuit assez exceptionnel! En disposant du meilleur éclairage à l’intérieur des virages, ma vision en fut grandement améliorée. Bon, ça m’a pris quelques kilomètres pour comprendre comment bloquer les « hautes » sur les contrôles, mais à partir de ce moment, j’ai roulé la tête tranquille.
Cette situation m’a permis de vivre un moment magique! Juste avant Sault-Sainte-Marie, un spectacle extraordinaire m’attendait dans le silence nocturne ontarien : le coucher de lune rougeâtre d’un côté et la lumière écarlate du lever de soleil de l’autre… DIVIN! À 6 h, j’avais déjà 150 km de cumulés! Une petite pause-café fut ensuite bien méritée…
Pas moins de 850 km se sont ajoutés au compteur cette journée-là, alors que c’est plutôt 815 qui étaient prévus…
Si vous vivez la 17 à moto, vous vous rendrez compte que les stations d’essence sont parfois trrrrrrrès rares! Je l’ai réalisé en longeant le superbe lac Supérieur. Une centaine de kilomètres passé Sault-Sainte-Marie, je vois un écriteau indiquant l’approche de la dernière station avant les prochains 150 km (alors que le tableau de bord m’indique qu’il me reste 99 km d’autonomie…). Naturellement, je prévois m’y arrêter pour faire le plein. Eh bien, devinez quoi! La station-service est FERMÉE : « r’vire de bord »! J’ai donc dû revenir sur mes pas, ce qui m’a occasionné 35 kilomètres de plus que prévu…
Rouler sur le bord du lac Supérieur est MAGIQUE! On s’y croirait presqu’au bord du Pacifique! Quelle belle route sinueuse et panoramique que la 17 entre Sault-Sainte-Marie et Nipigon! Bon ok, on n’y croise pas beaucoup de services, mais les amants de la nature et amoureux de moto y trouveront leur compte. J’ai ADORÉ! Cette route est parfaite pour apprécier les qualités de la GS. Avec des courbes à profusion dans un décor exceptionnel, ses talents et sa maniabilité y sont ici optimisés!
De Bruce Mines à Nipigon, je roule sur la route du Groupe des Sept, ces artistes peintres canadiens du début du siècle dernier, inspirés par la nature environnante : croyez-moi, on comprend pourquoi! Dès mon premier arrêt aux chutes de Chippewa, je suis émerveillée. Tout au long du trajet en bordure du lac Supérieur, je m’arrête pour admirer et apprécier ce qui m’entoure. La GS est heureuse et valse sur cette route parfaitement dessinée pour elle.
Une pause ravitaillement à Wawa est de mise. La fameuse bernache du Canada géante fait office de phare et d’attraction principale de la petite ville de 3000 habitants. Je voulais visiter le Young’s General Store, mais il est malheureusement fermé en ce dimanche. Je tenterai ma chance au retour. L’estomac et le réservoir pleins, je poursuis ma route sous un ciel bleu et un beau soleil. Puis, à Terrace Bay je m’arrête afin d’admirer un site de chutes doubles exceptionnelles. À Nipigon, j’en profite pour escalader la tour pour ainsi admirer la région vue des airs. C’est magnifique : chemin de fer, cimetière ainsi que la baie de Nipigon!
Mon objectif ultime de la journée était de me rendre au site en hommage à Terry Fox, un grand exemple de courage. Je m’installe ensuite à Thunder Bay pour la nuit.
Le lendemain matin, après une centaine de kilomètres, j’arrive à la Central Standard Time Zone en plein milieu de la forêt entre Raith et Savanne : Back to the Future! La pluie s’invite ensuite et mis à part une jasette avec une épinette, un café avec un bouleau et quelques blagues avec des lichens… pas grand-chose d’excitant… La route est assez ordinaire, mais la 17 et la 17A dans la région de Kenora sont de très belles routes sinueuses à souhait avec une multitude de lacs et de rochers comme j’aime. J’y ai également rencontré de gentils Franco-Manitobains fort sympathiques! La BMW R 1250 GS – 40e anniversaire attire l’œil, et plusieurs curieux viennent me jaser instinctivement!
Welcome au Manitoba! La 17 devient la 1 et j’entre maintenant dans les plaines. Je m’arrête au « Centre du Canada » pour une photo, où je commence à réaliser comme il est GRAND notre Canada! Je suis maintenant rendue à Winnipeg pour la nuit!
Oh la la!! Dès mon réveil, je navigue sur les différents sites de météo et ils ont tous la même vision quasi apocalyptique des heures suivantes : un orage du « TONNERRE »… Un ciel noir comme l’ébène et des éclairs électriques le craquelant bruyamment m’attendaient. Évidemment, de la forte pluie agrémentait le tout, ce qui m’a permis de rouler avec le rassurant mode « pluie » de la GS! J’opte alors pour une route alternative : la Red Coat Trail. J’ai dû rouler pendant plusieurs dizaines de kilomètres sur une route en construction, et lorsque je me suis arrêtée, la BMW revêtait un gros manteau de bouette, ce qui lui allait, ma foi, plutôt bien… Quelques « Road Side Attractions » divertissent mon parcours : la Glass Bottle House à Treherne, le Moulin à Holland, Sara the Camel à Glenboro… Puis, juste assez d’éclaircies en début d’après-midi pour apprécier la beauté et les couleurs contrastantes des champs fraichement récoltés.
J’ai ensuite eu le privilège de vivre une superbe rencontre avec John « The Crow » au Crow’s General Store à Brandon, au Manitoba. Propriétaire d’une véritable caverne d’Ali Baba, c’est avec ses deux amis complices qu’on a rigolé en masse! Des ados octogénaires!! Ha! Ha! Ha!
Avec des températures de 13 à 16 degrés Celsius, la BMW R 1250 GS a fait chauffer ses poignées, et la veste chauffante les a accompagnées!
Je suis maintenant rendue à Regina, en Saskatchewan. Soyez attentifs si vous désirez immortaliser votre passage avec une photo de l’enseigne de bienvenue, elle est plutôt discrète…
En quittant Regina le matin, un tunnel de brume hivernale et une visibilité nulle m’attendaient : 5 degrés (Brrr…). Rendue à Moose Jaw, le miracle se produit et le ciel s’éclaircit en laissant place à la beauté incommensurable de l’ouest saskatchewanais! Un magnifique relief m’entoure, ressemblant à des vagues dans la mer! La beauté et les couleurs contrastantes des différents champs parsemés de pumpjacks ainsi que de petites étendues de sel bordées de salicorne rouge agrémentent le tout!
J’aimerais ici infirmer une légende urbaine disant que « c’est loooong traverser les Plaines ». Évidemment, si on part avec cette idée, ça sera doublement long, mais entre vous et moi, regardez sur une carte et l’Ontario à elle seule est plus longue à traverser que le Manitoba, la Saskatchewan ET l’Alberta réunies.
Puis l’EXTASE!! En arrivant en Alberta, j’en profite pour enlever quelques couches de mon manteau Scott; il fait maintenant beau et chaud. Une petite pause au TIPI géant de Medicine Hat pour ensuite partir en direction d’un petit trésor de route… perdue. Bon, ok, pour s’y rendre c’est 150 km et pour revenir aussi, mais le tronçon d’une dizaine de kilomètres en vaut le détour (petits réservoirs d’essence s’abstenir). Avant d’arriver à la rivière Saskatchewan, la route 41 fait partie des spectaculaires Badlands canadiennes et le relief me permet de rouler dans un environnement quasi lunaire. Ensuite, une véritable attaque de sauterelles m’attend, laissant du jus de bibittes partout sur la BMW R 1250 GS ainsi que sur mes vêtements, c’est DÉGUEULASSE!! Y en a même une grosse qui a réussi à entrer dans mon casque, grrr!! L’hébergement (et les services d’ailleurs!) étant plutôt rare dans ce coin, j’opte pour un dodo à Brooks.
Après une bonne nuit de sommeil, je suis allée explorer un des plus beaux sites naturels que j’ai eu l’occasion de voir dans ma vie : le Dinosaur Provincial Park. Que d’émotions, la BMW R 1250 GS est contente car je dois emprunter une petite route de gravelle pour faire la « scenic route »… Je ne suis pas bien chaussée pour ça, mais en mode « enduro », la moto réagit fort bien. Après avoir arrêté le moteur, puis enfilé mes souliers de marche, j’ai déambulé sur 7 km à travers hoodoos et vestiges de dinosaures. Ce fut magique!
Aujourd’hui j’ai pris ça un peu plus relax sur le kilométrage. Après environ 300 km, je me suis installée pour deux nuits au Last Chance Saloon à Wayne, vieil hôtel hanté et véritable repaire de motocyclistes. J’en profite pour visiter la petite ville de Drumheller ainsi que son dinosaure géant.
Le lendemain matin, je me lève tôt pour explorer les Badlands et aller faire de la photo. C’est qu’on annonce de la pluie en après-midi, j’en profiterai alors pour travailler de l’hôtel. Je me dirige donc vers la Hoodoos Trail afin d’admirer ces sculptures naturelles érodées par l’eau et le vent depuis des millions d’années! C’est au Midland Provincial Park qu’un beau sentier d’interprétation d’un peu plus d’un kilomètre m’a permis de me familiariser avec l’histoire géologique de la région et j’ai eu l’immense joie d’y voir des cactus! Quel bonheur que de retrouver ces petits végétaux que j’aime tant! S’en sont suivis un pause photo à la Little Church ainsi qu’un regard admiratif au Horse Thief Canyon.
J’avais remarqué, en faisant mes recherches, qu’un petit traversier permettait de se rendre sur l’autre rive de la Red Deer River. Le Bleriot Ferry est en service de 8 h à 23 h et c’est gratuit. La BMW R 1250GS n’en revenait même pas d’avancer sur 100 mètres d’eau aussi lentement, mais ce fut tout de même génial! Les curieux s’empressent d’ailleurs de venir me jaser et de me poser des questions sur la super moto aux couleurs de bourdon!
À mon retour à l’hôtel, je rencontre Lorne Coultman. J’avais remarqué ce monsieur vêtu d’une chemise originale et d’un chapeau de cuir accompagné de son gros appareil photo. Il captait la scène avec tous ces motocyclistes heureux. On a jasé pas mal. Il m’a dit qu’il travaillait sur un album photo-souvenir sur le Last Chance Saloon. Il me prend en photo avec la BMW R 1250 GS – 40e anniversaire, qui détonne à travers toutes ces Harley, stationnées autour. Mon passage est donc maintenant immortalisé dans cet album!
Puis, l’heure d’aller dormir approche; je commence à rêver à mes lendemains qui me permettront d’aller rouler dans les fameuses Rocheuses canadiennes. Je souhaite bonne nuit à ma BMW R1250 GS, je monte à l’étage afin de rejoindre ma chambre dans cet hôtel qui, je vous rappelle, a la réputation d’être hanté. Je m’endors paisiblement, la tête remplie de merveilleux souvenirs de cette journée, et… vers minuit… j’entends la poignée de ma chambre tourner…!!!! À suivre!