L’indice qui ne trompe pas que les scooters de grand gabarit sont très populaires et recherchés est qu’ils attirent davantage l’attention des passants quand ils sont garés que les motos de type custom. « Ces scooters sont superbes, mais mon Burgman est plus rapide que ces deux-là, et il y a plus d’espace sous la selle : je peux y ranger deux casques », déclare le pilote semi-retraité d’un Burgman 650, jetant un coup d’œil au Kymco Xciting 500 Ri et au Yamaha TMAX, pendant que nous faisons le plein d’essence à une station-service. Ceux qui possèdent des scooters de grande cylindrée semblent partager le même enthousiasme que les propriétaires de motos et ils sont tout aussi susceptibles de défendre leur monture contre les marques concurrentes. Cet homme bien informé a fait ses devoirs et connaissait bien les détails techniques des deux machines. « Est-ce que ce Kymco est rapide ? C’est un monocylindre, n’est-ce pas ? »
Le Xciting Ri 2009 a été lancé plus tôt cette année et c’est le modèle Kymco à deux roues de plus grande cylindrée offert au Canada. Il est propulsé par un monocylindre répondant à des normes élevées, d’une cylindrée de 499 cm3 à quatre soupapes et refroidi au liquide qui développe une puissance attribuée de 40 ch. Ses étriers rouge vif attirent l’attention sur les triples disques de frein; les étriers avant à quatre pistons procurent un freinage puissant, même si le mordant initial est quelque peu spongieux et l’effort au levier est modéré. Un frein à main est situé sur le tableau avant (les scooters doivent être dotés de cette pièce d’auto puisqu’on ne peut pas les laisser embrayés quand ils sont garés), sous le bouchon du réservoir de carburant bien positionné qui s’ouvre quand on tourne la clé de contact complètement à droite (oui, le moteur s’éteint).
Nous avons initialement pensé que l’emplacement du bouchon du réservoir de carburant était innovateur, permettant de faire le plein assis, mais au moment de faire le premier plein, nous nous sommes aperçus que lorsque le débit était rapide, l’essence giclait du bec verseur, imbibant les jambes de carburant. Mieux vaut donc descendre et repousser le levier de la buse de carburant la prochaine fois. Le Kymco est une machine de grand gabarit qui est particulièrement large à l’arrière, même si malgré ses dimensions physiques imposantes, la selle est plus étroite que celle du TMAX, un scooter plus svelte et plus élancé. Les pilotes de plus de 1,80 m ont trouvé les marchepieds trop relevés, et la relation entre la selle et le guidon, trop étroite. Les pilotes moins grands ont aimé la position assise, et ont trouvé que sa hauteur de selle moins élevée, combinée à une selle plus étroite, permettait de faciliter les manœuvres à l’arrêt.
Le Kymco décolle d’un arrêt avec plus de verve que le Yamaha, et possède un plus gros train arrière. Il se met toutefois à vibrer à plus basses vitesses, mais la vibration est atténuée et discrète, et à vitesses d’autoroute, il offre une conduite coulée dépourvue de toute vibration. Pour évaluer votre vitesse sur une route à circulation libre, il vous faudra un autre point de référence que le compteur de vitesse surexcité de la Xciting (nous avons utilisé un GPS), qui indiquait de 20 à 30 km/h de plus que la vitesse réelle. La tenue de route laisse à désirer – bien que la machine soit stable et inspire confiance en ligne droite à vitesse de croisière, la souplesse des suspensions est inférieure aux normes. Les doubles amortisseurs arrière ajustables en précontrainte se comportent bien, absorbant la plupart des bosses sans rudesse, mais la fourche transmet des secousses par le guidon qui sont communiquées au châssis.
La fourche semble trop souple et manque de fermeté, ce qui suggère une tendance à s’enfoncer trop facilement. Le châssis en acier présente une certaine flexibilité, non en torsion comme dans le cas de motos moins récentes dotées de minces cadres en acier, mais plutôt longitudinale, comme un ressort. Cette caractéristique ne nuit pas à la tenue de route, mais donne plutôt une drôle de sensation. La garde au sol est restreinte à gauche par la béquille centrale et à droite, par le tuyau d’échappement, les pieds effleurant le sol des deux côtés à vitesse modérée. Le siège se soulève en actionnant l’interrupteur d’allumage, révélant un espace de rangement modéré, suffisant pour y loger un casque intégral et autres menus articles, mais mieux vaut faire attention en le remplissant, car si la moindre pression est exercée sur le siège, le mécanisme de déclenchement se bloque et refuse de s’ouvrir à moins que vous pesiez fort dessus.
Un essayeur malchanceux l’a expérimenté quand, de retour chez lui sous une pluie torrentielle, son habit de pluie y étant rangé était inaccessible. Quelques caractéristiques pratiques incluent une prise de courant située sous la selle, ainsi qu’un support à cellulaire ou à Blackberry, ce qui les empêche de bouger pendant qu’ils sont en train de se recharger. Une autre caractéristique pratique, qu’elle soit intentionnelle ou non, est le bruyant signal sonore des clignotants : il est presque impossible de les oublier.
Bien que le TMAX de Yamaha soit un nouveau scooter sur le marché canadien, il est disponible en Europe depuis 2001. Révisé en 2008 avec un nouveau châssis en aluminium et une carrosserie d’allure plus sportive, le Yamaha est offert au Canada comme un modèle 2009. Son bicylindre parallèle à DACT de 499 cm3 refroidi au liquide développe 43 ch.
L’injection de carburant sur les deux machines élimine la nécessité de recourir à une procédure de démarrage complexe, bien que, comme c’est le cas sur les autres scooters, il faille relever la béquille latérale et peser sur un des leviers de frein pour que le démarreur s’actionne (un petit détail qui échappa à un de nos collègues quand il n’a pas réussi à démarrer le Yamaha après un arrêt pour le dîner). Heureusement pour lui, il a pu trouver comment le démarrer avant d’avoir à appeler un taxi. Le moteur à contre-balancier est incroyablement doux, et il tire sans faille et de plus en plus fort à mesure que les tours grimpent.
Bien qu’il ne permette pas des départs aussi rapides à partir de l’arrêt que le Kymco, le Yamaha excelle dans les dépassements à vitesses d’autoroute. La consommation du TMAX, qui s’établit en moyenne à 4,6 L/100 km/h (61 mi/gal) est meilleure que celle du Xciting de 5,1 L/100 km (56 mi/gal), ces deux valeurs constituant une moyenne en conduite sur route et en ville. Cette meilleure consommation, combinée à un plus grand réservoir d’essence de 15 L (12,8 pour le Xciting), procure une autonomie respectable de 325 km.
Le TMAX peut aisément offrir cette autonomie accrue grâce à sa selle plus accueillante. Il offre suffisamment d’espace pour les jambes et un habitacle plus spacieux, mais sa selle large et plus relevée n’a pas été très populaire auprès des essayeurs de plus petite stature. Son pare-brise plus élevé offre une meilleure protection contre le vent, mais produit toutefois une turbulence excessive au niveau du casque, surtout pour les plus grands pilotes. Son instrumentation tout en noir se veut plus subtile que les jauges à fond blanc plus criardes du Kymco, et son compteur de vitesse est plus précis, indiquant 8 km/h de plus que la vitesse réelle. Les deux scooters possèdent des tachymètres, le compteur analogique du Kymco étant plus facile à lire que le tachymètre à écran LCD du Yamaha, même si nous nous questionnons sur la nécessité d’une telle composante sur des machines ne nécessitant aucun changement de rapport.
La tenue de route du TMAX est sa meilleure caractéristique. C’est la R6 des scooters, et il permet de négocier les routes sinueuses avec une agilité se rapprochant de celle de sa cousine supersport. La direction est précise et n’a rien de celle d’un scooter; seule sa position de conduite droite trahit que le TMAX est un scooter. Il est pourvu d’un cadre en aluminium rigide, sous lequel se trouve un monoamortisseur extensible à la Buell. Ses suspensions ne sont pas ajustables, mais la réponse est docile et bien maniérée, et ce, même selon les normes des motos, et la machine conserve toute sa superbe, qu’il s’agisse de négocier une série de virages serrés ou de longues courbes rapides. Les freins du TMAX établissent un nouveau standard d’excellence pour la classe. Les freins dérivés de la R6, dotés d’un trio de disques de 267 mm pincés par deux étriers monoblocs à quatre pistons à l’avant et par un étrier à piston unique à l’arrière, arrêtent brusquement ce scooter d’un seul doigt à chaque levier. Le freinage ABS est offert en option sur le Kymco (surplus de 500 $), mais des deux, le Yamaha est celui qui en aurait le plus besoin.
Tout comme le Xciting, le TMAX offre moins d’espace de rangement sous la selle que les autres maxi-scooters, tels le Burgman de Suzuki, le Silver Wing de Honda ou même le propre modèle Majesty du constructeur aux trois diapasons. Il offre toutefois deux compartiments profonds à l’intérieur du tableau avant interne, contrairement à l’unique compartiment peu profond du Kymco. Le Kymco Xciting 500 Ri et le Yamaha TMAX viennent gonfler les rangs des maxi-scooters, rendant encore plus difficile le choix d’une telle machine. À 10 499 $, le prix du TMAX est parmi les plus élevés des maxi-scooters. Il offre cependant les performances d’une moto sport, prétention qui ne peut être faite pour l’instant qu’à l’endroit du TMAX. Ce que le Xciting n’offre pas au chapitre des performances, il l’offre en valeur, se détaillant à seulement 7 000 $. Performances ou coût : peu importe ce que vous choisissez, ces scooters combleront vos attentes.
On ne pourra jamais trop répéter à quel point l’espace de rangement sous la selle d’un scooter est pratique, bien que plus leur moteur grossit, plus cet espace rétrécit. Les chics jauges à fond blanc de Kymco incluent un compteur de vitesse des plus inexacts tandis que les cadrans plus subtils de Yamaha donnent l’heure juste. À gauche, de haut en bas : Non, ce n’est pas un levier d’embrayage, mais plutôt le frein d’urgence du Yamaha; le bouchon du réservoir de carburant sur le tableau de bord du Xciting est pratique, mais risque fort d’imbiber vos pantalons d’essence. Est-ce une bonne ou une mauvaise idée? Kymco offre un support pour cellulaire/Blackberry avec chargeur sous la selle.
En selle
Comme je conduis habituellement ma moto tous les jours, je suis à même d’apprécier le côté plus pratique de ces gros scooters. Ils offrent une bien meilleure capacité de rangement que ma moto sans que j’aie à ajouter des sacoches ou un sac de réservoir, et bien que je les considère comme de gros scooters, ils ne sont ni trop imposants, ni trop gros ou trop lourds et ils sont très maniables. À cet égard, le Yamaha TMAX m’a vraiment plu. J’ai trouvé plus facile de le manœuvrer à basses vitesses en raison de sa hauteur de selle moins élevée (je mesure 1,63 m) et de sa section médiane plus étroite. Le Kymco m’a semblé plus haut et vibrait au décollage, contrairement au Yamaha qui avait la douceur d’un scooter électrique, et c’est ce que je préfère. Le Kymco est moins cher que le Yamaha, mais parfois, il est préférable de payer un peu plus pour obtenir plus de confort et se sentir en confiance.
—Roxanne Gallery
À mesure que je vieillis, je regarde de plus en plus les scooters de grande cylindrée; non pas pour leur transmission automatique conviviale, mais pour la protection qu’ils offrent contre les éléments et leur pratique espace de rangement sous la selle. On pourrait écrire des tonnes d’articles pour décrire à quel point il est commode de soulever la selle et d’y ranger un ordinateur portable, un casque supplémentaire pour le passager ou un habit de pluie. Mais le Yamaha TMAX, en plus de présenter les caractéristiques attrayantes d’un scooter, offre un niveau de performance qui ne me fait pas regretter la moto quand j’en conduis un. Cette machine file confortablement à toute allure sur les routes sinueuses et donne davantage l’impression de piloter une moto que tout autre méga-scooter que j’ai piloté. Ce modèle a été très populaire en Europe, et maintenant, je comprends pourquoi. Le Kymco est une aubaine, mais pour quiconque songe à changer sa moto contre un scooter, le TMAX rendra la transition beaucoup plus facile, voire plaisante. Pourquoi Yamaha a-t-il attendu aussi longtemps avant de l’offrir ici?
—Costa Mouzouris