Test Moto Journal – Indian Challenger Dark Horse – Un bagger avec du muscle

Par Textes et photos par Eric Ménard Publié le

Puissance au carré

Le nom des modèles de moto semble souvent choisi soit au hasard, soit pour une quelconque évocation d’un lieu mythique, soit pour une autre raison plus ou moins mystique ou historique. Rarement voit-on une moto nommée en fonction de son rôle dans une gamme ou de ce pourquoi elle semble avoir été conçue par son fabricant. C’est du moins l’impression que j’ai eue quand j’ai aperçu pour la première fois cette Challenger d’Indian qui arrive sur le marché avec comme compétiteur principal, la Road Glide de Harley-Davidson. Deux baggers pures et se ressemblant mais avec des approches quelque peu différentes. D’un côté, le classicisme d’une valeur sûre chez Harley et de l’autre, une fronde claire d’un fabricant venu jeter un pavé dans la marre de son compétiteur américain. Ça promet!

Mais comment s’attaque-t-on à un modèle aussi établi que le Road Glide? Chez Indian on semble avoir choisi d’y aller de plein front. Un modèle avec des spécifications classiques et entendues, mais avec un soupçon de rage, de technologie et de bravade en plus. On a commencé par de la puissance avec le nouveau moteur PowerPlus : un bicylindre en V à refroidissement par liquide de 108 pouces cubes, offrant un généreux couple de 128 pi-lb et 122 hp. Ça permet de propulser le challenger promptement d’un arrêt complet et d’atteindre des vitesses élevées en un rien de temps. On s’est assuré que le Challenger pourra être challengé sans gêne.

Trois modes moteur (pluie, standard et sport) viennent moderniser l’expérience de conduite et permettent de moduler les réactions du moteur à notre goût. Les motocyclistes peuvent donc choisir les cartographies du moteur en plus des paramètres de contrôle de la traction en fonction de leurs préférences. Une transmission à six vitesses avec embrayage assisté pour réduire l’effort ajoute à l’expérience de conduite plutôt luxueuse. On se sent bien en contrôle sur la Challenger.

Un carénage fixé au châssis, un éclairage élégant aux DEL, une tête d’indien éclairée de l’intérieur sur l’aile avant et un gros phare avant cintré de parenthèses lumineuses donnent déjà une idée du degré d’attention aux détails et à la finition de l’ensemble. C’est une moto qui se démarque dans un stationnement. J’ai d’ailleurs eu droit à quelques pouces en l’air aux feux de circulation. Le seul détail qui m’a un peu dérangé en la regardant, c’est le couvercle de la transmission qui était noir, alors que le reste du moteur est gris, comme si on avait décidé à la dernière minute d’ajouter du bling.

On ajoute à ça une selle confortable et un pare-brise électrique. Un système de son de 100 watts jumelé à un égalisateur dynamique s’adaptant automatiquement aux bruits de la route, du vent et du moteur nous immerge dans une ambiance sonore aussi forte qu’on le désire. Je préfère toujours écouter ma musique dans mon casque que sur les haut-parleurs d’une moto, mais disons que la Challenger assure en termes de sonorité et sera bien populaire comme ghetto blaster de luxe. Un écran avec navigation optionnelle et des contrôles de différents paramètres ajoutent à l’expérience techno de cette moto bien de son temps.

Des suspensions avant inversées, un châssis en fonte d’aluminium et un amortisseur arrière Fox à réglage hydraulique contribuent à rendre la Challenger pas mal sublime sur chaussées endommagées. Avec des débattements limités à 4,5 pouces à l’arrière et 5,1 pouces à l’avant, c’est quand même plutôt agréable en toutes situations. La longueur de la moto (98,5 pouces) ainsi que son poids de près 831livres aident sûrement à sa stabilité et la Challenger semble imperturbable sur la route. Ce n’est que sur des routes bien sinueuses que ces deux derniers éléments semblent la ralentir un peu. Sur une bagger, on cherche le confort de roulement et la sensation de piloter une immense moto qui dégage la puissance, mais tout en offrant une agilité relative et beaucoup de protection au vent pour de longues randonnées en confort. C’est exactement ce qu’on a avec cette Indian.

Les freins Brembo montés radialement et aux spécifications de course fournissent une puissance de freinage plus que suffisante pour ce mastodonte. Je me suis amusé à les exploiter à fond à quelques reprises et j’ai eu droit à du freinage efficace et facile à moduler pour des arrêts progressifs et en douceur. Malgré les gros leviers, on a une bonne rétroaction qui nous permet de bien doser nos efforts de freinage. Pratique quand on veut ménager notre passagère lorsque l’on roule en duo ou quand on veut pousser dans le derrière de jeunes blancs-becs en sportive. Les pneus de performance tourisme Metzeler Cruisetec ont aussi fourni confort et confiance au pilote pendant toute la durée de l’essai. Une tâche pas évidente pour une moto aussi lourde et puissante.

On a bien sûr droit au démarrage sans clé, aux sacoches rigides de 18 litres à verrouillage à distance, au régulateur de vitesse et, signe des temps, au port de charge USB.

Mon essai de quelques 1000 kilomètres au guidon de cette belle Indian m’a donné l’envie de m’enfuir avec elle et de franchir illégalement la frontière pour aller me perdre en Utah, au Texas ou encore au Tennessee. La Challenger donne tout aussi envie d’aller faire un tour sur une piste de drag que d’aller la stationner devant votre bar laitier favori pour regarder les réactions qu’elle suscite.

Les designers d’Indian ont toujours su respecter l’histoire de la marque tout en y ajoutant une touche moderne. Serait-ce l’héritage des Victory que l’on ressent ici? En la regardant, je me suis dit que cette Challenger avait des airs de sa défunte belle- famille. Un look radical quoique plus actuel que les Victory des derrières années de la marque. Mais un design tout aussi distinct, osé et radical.

Qu’on aime ou pas, la Challenger commande le respect et attire l’attention. À son guidon, on oublie le temps et on oublie aussi qu’on est au guidon d’un véritable mastodonte tellement elle est vive et réagit instantanément aux changements de direction. Pas besoin de forcer, la Challenger se pilote à l’instinct. Elle est plus puissante que la Road Glide et au moins aussi agile. Le freinage est un peu plus précis et la performance générale de l’ensemble est un peu plus uniforme que celle de sa rivale. Par contre, coté confort et plaisir de roulement, elles sont à armes égales. Coté look, même si j’ai bien aimé le regard acéré et moderne de l’Indian, j’ai encore un petit faible pour la Glide. On ne délaisse pas facilement ses classiques.

Si vous cherchez une bagger, vous devez comparer ces deux modèles avant de faire votre choix. Si la Road Glide nous donne l’impression d’être immensément plus cool à son guidon, la challenger nous donne l’impression d’être immensément plus fort. Elle accélère fort, son couple est enivrant et le son de son gros twin fait vibrer chaque parcelle de votre âme. Leurs prix étant quasiment identiques, il ne reste plus qu’à choisir la bagger qui comblera le plus adéquatement votre soif de sensations.

PRIX : 34 499 $ (en 2021)
Moteur : V-2 PowerPlus, alimentation par injection, refroidissement au liquide
Transmission : 6 vitesses avec véritable surmultiplicateur, prise constante
Chasse : 25 degrés
Départ : 150 mm (5,9 po)
Réservoir : 22,7 litres
Empattement : 1668 mm (65,7 po)
Garde au sol : 137 mm (5,4 po)
Hauteur de selle : 672 mm (26,5 po)
Roues : 19 x 3,5 po, 16 x 5 po
Pneus : 130/60B19, 180/60R16
Metzeler Cruisetec
Poids : 361 kg (796 lb) réservoir vide
377 kg (831 lb) tous pleins faits
Cylindrée : 1769 cc (108 po3)
Puissance : 122 ch à 5500 tr / min

*Publié dans le Vol. 50 No. 2 de Moto Journal. Vous aimez ce contenu? Cliquez ici pour vous abonner.

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