Patrick Nadeau parcourt le monde – deuxième partie

Par Marc ParadisPublié le

Un périple sans trop d’embuches mais ­comportant quand même plus d’aventures que ce à quoi nous sommes ­habitués, nous, motocyclistes moyens. Rouler à moto dans des pays où la langue et les ­coutumes diffèrent des nôtres, avoir toujours à marchander pour régler la paperasse ne sont que quelques détails qui meubleront le quotidien de notre homme. Mais d’un autre côté, des rencontres surprenantes avec des gens ­faciles d’approche et des paysages magnifiques suffisent à compenser les quelques ­désagréments du voyage. Voici donc la deuxième partie du récit de Patrick, qui nous mènera… lisez, vous le verrez bien 

4 décembre 2016, Panajachel, Guatemala
Ce fut avec mon nouvel ami André que je passai le réveillon. N’étant pas du type dortoir, il avait déjà réservé une chambre dans un chic hôtel avec une vue imprenable sur le lac Panajachel. Afin de minimiser les coûts, nous décidâmes de partager les frais. En arrivant à l’hôtel, nous rencontrâmes un couple de Vancouver qui se joignit à nous. La soirée allait être plutôt tranquille puisque le programme de la journée du 25 décembre s’annonçait assez chargé. Nous comptions, chacun de notre côté, partir au lever du soleil. En me réveillant, le matin de Noël, alors que je croyais avoir la gueule de bois, c’est plutôt d’une fièvre que le père Noël me fit présent. Les trois jours suivants, je fus incommodé par des maux de tête et de ventre intenses. Je passai deux jours au lit sans trop manger tout en essayant de m’hydrater le plus possible. Affaibli, loin de mes proches, je ne vous cacherai pas que je versai quelques larmes en voyant les statuts et les photos sur les réseaux sociaux des membres de ma famille et de mes amis alors réunis pour le temps des fêtes. De plus, si vous vous souvenez bien, il s’agissait d’un deuxième temps des fêtes éloigné de ceux et celles que j’aime, puisque l’année précédente, j’étais en Thaïlande.

Après deux jours immobilisé gracieuseté du virus, je dus me remettre en selle et suivre mon itinéraire à la lettre, puisque les jours étaient comptés avant l’arrivée de ma famille qui venait me retrouver au Costa Rica. C’est donc encore quelque peu fiévreux que je repris la route pour rejoindre ce qui allait être mon coup de cœur du Guatemala : l’ile de Flores ! Située au nord du Guatemala, on y retrouve, tout près, le parc historique de Tikal, l’une des plus vastes et anciennes cités mayas au monde. Endroit que je tenais absolument à visiter. Pour m’y rendre, j’empruntai la route CA-13. Mis à part les déplacements difficiles des nombreux autobus croisés en chemin, j’appréciai cette route. De loin la plus belle que j’utilisai au Guatemala. Pour revenir, je passai par le village de Rio Dulce pour ensuite me rendre à celui de Livingston.
Situé au nord-ouest du Guatemala, Livingston est bordé par le Belize et par la mer des Caraïbes. Ce petit village est accessible uniquement par bateau en empruntant le fleuve Rio Dulce. Je pris un tour guidé d’une durée ­approximative de six heures. En chemin, nous eûmes la chance de ­visiter les petits villages de pêcheurs ainsi que des spas naturels. En arrivant sur place, je fus fort déçu de constater l’omniprésence de la pollution, les odeurs nauséabondes et l’attitude des locaux, peu loquaces.

Salvador
Le lendemain matin, depuis la ville de San Cristobal, je passai les douanes du Salvador. Excepté pour la course aux photocopies, tout se déroula à merveille. Ma première destination fut la grande ville de Santa Ana. Par la suite, je descendis le long de la mer par la route CA-2. En chemin, je visitai les villages de Salanitas et de El Tunco, et je m’arrêtai quelques jours dans celui de La Libertad en ayant deux objectifs : apprendre le surf et me trouver un nouveau pneu arrière. Contre toute attente, j’atteignis mon deuxième objectif bien avant d’atteindre le premier. Mes recherches internet me permirent de localiser le magasin Moto Rider, détaillant Touratech, situé dans la ville de Santa Tecla, à plus ou moins 45 minutes de la capitale San Salvador. Étant donné que j’avais en tête de laisser l’asphalte de côté pour des routes un peu plus rock and roll, on remplaça mon pneu arrière TKC70 par un Heidenau Scout K60 afin d’avoir un peu plus de traction. De plus, j’en profitai pour renouveler mes plaquettes de freins arrière.

Honduras
De retour sur la route, je me dirigeai cette fois-ci vers la frontière du Honduras. Réputée pour être l’une des pires, elle fit honneur à sa réputation. Sur place, une lignée interminable de camions retardait le passage. Je décidai donc de faire appel aux services d’un homme qui se disait employé de l’endroit. Carte d’identité à l’appui ! Pour 20 $ il devait me faire passer devant les files de l’immigration et des douanes pour la moto. Hors, en cours de route, comme par hasard, les frais passèrent de 20 $ à 200 $. Il ­justifiait cette hausse par le fait que sinon j’aurais à passer par la fumigation et l’inspection du véhicule et que sans lui, j’allais y passer la journée. Une petite voix me disait que j’étais probablement en train de me faire avoir, mais rendu là, il était plutôt difficile pour moi de faire demi-tour.
Un autre problème se présenta : je n’avais pas assez d’argent comptant et il n’y avait pas de guichet. Je dus donc prendre un tuk-tuk, puisque je ne pouvais plus utiliser ma moto qui était, sur papier, maintenant sortie du pays. Imaginez mon état d’esprit : je devais laisser ma moto sans surveillance, pour me rendre à une station-service située à environ 15 minutes de là, avec des hommes dont j’ignorais les réelles intentions. Rendu sur place, après avoir essayé mes trois premières cartes, je priai le ciel pour que ma dernière fonctionne.

Par chance, mes prières furent exaucées. De retour sur le tuk-tuk, en plein milieu du chemin, le véhicule s’arrêta brusquement. Panne sèche qu’on m’indiqua. Ça y était ! Je m’étais fait prendre dans une embuscade ­salvadorienne. Je regardai aux alentours : personne pour nous aider. Je sortis du cockpit afin de constater les dégâts. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que mes peurs s’estompèrent alors qu’un bon samaritain nous vint en aide en nous donnant un peu d’essence. Ouf ! Nous avions redémarré en direction de la frontière hondurienne. En arrivant, je retournai voir le soi-disant employé pour régler la note. En échange, il me remit les papiers de passage pour le Honduras. Comme prévu, je ne rencontrai aucun autre problème sinon le fait que cela représentait un montant plutôt considérable pour entrer dans un pays où je comptais passer une seule nuit.

Le Honduras étant un pays réputé pour sa pauvreté et sa violence, je décidai d’éviter les détours et de rouler sur la voie panaméricaine. À mon grand désarroi, je ne me sentis pas davantage en sécurité, puisque la route était parti­culièrement dans un piteux état. Et que dire de la pollution : il y avait des déchets de chaque côté de la route et les gaz s’échappant des véhicules étaient horribles. En ce qui a trait au contact avec les Honduriens, leur manière de m’aborder ne fut pas particulièrement agréable. Des questions assez directes, du type : pourquoi tu viens dans notre pays avec ta grosse moto ?

Peut-être n’ai-je pas eu de chance ? Peut-être n’ai-je pas rencontré les bonnes personnes ? Mais disons que l’épisode « Deux jours au Honduras » ne m’aura pas laissé de bons souvenirs.

Nicaragua
Et me revoilà, déjà, pour une deuxième journée ­consécutive, à affronter un poste frontalier. Cette fois, celui qui allait me mener au Nicaragua. Contre toute attente, alors que je m’attendais à vivre un autre passage long et déstabilisant, le tout se déroula en toute facilité. Je passai à travers le processus, seul, et croyez-le ou non, en moins de deux heures. Ma première destination de ce nouveau pays fut la ville de León, où j’en profitai pour descendre le volcan Cerro Negro en luge. Le seul volcan au monde où il est possible d’y pratiquer ce genre d’activité.

Vous pouvez voir un extrait vidéo sur ma chaine YouTube (voir *1).

Puis, je poursuivis ma route vers les villes de Managua, Granada, San Juan del Sur et je terminai sur l’ile d’Ometepe, où je décidai de prendre une journée de congé de moto ! J’eus la chance de séjourner à l’Hotel Ecológico Tierra Blanca, une magnifique ferme écologique, propriété d’une famille fort accueillante. J’y observai des singes, des vaches, des cochons, des toucans et plus encore. Afin d’en connaitre davantage sur chaque espèce, je participai à quelques tâches journalières. Puis, en fin de journée, je leur proposai de monter une petite vidéo promotionnelle en échange d’une nuitée et surtout en guise de remerciement. De retour sur le traversier, je n’en avais que pour une heure avant de retrouver la voie panaméricaine et les frontières du Costa Rica.

Costa Rica
Arriver aux frontières un peu avant l’heure du diner ne fut vraiment pas une bonne idée. Surtout dans un pays aussi touristique que le Costa Rica. La sortie du Nicaragua fut très rapide mais bien différente de l’autre côté du pont. Après plus d’une heure dans la file d’attente de l’immigration, je m’impatientai et je décidai de faire appel à un petit monsieur (hors la loi). Pour 20 $ US, il m’aida avec l’estampe de mon passeport ainsi que pour le permis de la moto. À noter qu’au Costa Rica l’assurance moto est obligatoire et coûte 35 $ US pour 90 jours.

De retour sur ma machine, je roulai les 300 kilomètres me séparant d’Atenas. La ville où je reçus la visite de ma mère, de ma copine et de ma cousine Mireille. Pour ce faire, je réservai un endroit un peu spécial : une maison dans les arbres au beau milieu de la jungle. En arrivant sur place, je rencontrai Phil, le propriétaire. Un ancien pilote d’hélicoptère venant de Toronto, mais expatrié au Costa Rica depuis déjà plusieurs années. Nous fîmes le tour du terrain et de la propriété ensemble et prîmes la direction de l’aéroport afin d’aller chercher mon auto de location.

Puis, par la suite, nous allâmes chercher mes invitées. Je ne vous cacherai pas que ce fut un moment fort en émotion. Après plusieurs mois en solitaire, pouvoir enfin serrer dans mes bras des gens que j’aime ! De retour à la maison, je leur fis visiter les lieux. Même si, me connaissant bien, elles s’attendaient à ce que je trouve quelque chose hors de l’ordinaire, elles furent un peu déstabilisées par ce campement en hauteur. C’est devant une bonne bouteille que nous discutâmes des diverses aventures que j’avais vécues jusqu’à présent et du programme qui nous attendait pour les trois prochains jours.

Au premier matin, je cuisinai à mes invitées un bon petit-déjeuner. Ensuite, notre hôte nous montra ses chèvres et nous pûmes même les traire. Une première pour moi, et ce fut un beau moment en famille qui plut particulièrement à ma cousine Mireille. Ha ha ha ! Durant cette magnifique journée, nous en profitâmes pour aller visiter un champ de café biologique. Pour ensuite nous rendre aux chutes et au jardin La Paz. Pour ce qui est de la visite des chutes, ce fut un moment fort agréable. Un beau parcours y était aménagé et nous pouvions même passer au travers de l’eau. Mais que dire du jardin : des fleurs, des animaux et surtout une voilière de toute beauté. J’eus la chance de nourrir des toucans directement sur mon épaule et ma cousine a même pu en embrasser un.

La deuxième journée, nous allâmes monter le volcan Poás. L’un des plus beaux points de vue durant mon séjour au Costa Rica. En arrivant sur place, les filles se rendirent compte qu’elles n’étaient pas assez habillées, alors nous dûmes commencer par la boutique souvenir afin de faire quelques achats de vêtements plus chauds. La montée était séparée en deux étapes. La première partie se faisait relativement bien. En moins d’une heure nous étions arrivés au volcan. La seconde partie se faisait dans un petit sentier boisé. Après trente ­minutes de marche, nous y aperçûmes le laguna, tout simplement magnifique ! De retour à la voiture, les filles eurent envie d’aller se promener dans la ville de San José, la capitale du Costa Rica. Après quelques dollars dépensés en souvenirs et en cornets de crème glacée, nous étions de retour dans notre arbre pour profiter d’un dernier souper ensemble. Le séjour fut bref mais fort apprécié. Je tiens à remercier ma copine d’avoir facilité la venue de ma mère et de ma cousine grâce à son emploi chez Air Canada. Malheureusement, toute bonne chose ayant une fin, j’allai reconduire mes invitées à l’aéroport. Conscient que notre prochaine rencontre se ferait dans seulement neuf mois, c’est attristé et ému que je dus leur dire au revoir.

De retour sur la moto, une autre date importante figurait sur mon itinéraire. Celle du départ de mon voilier, qui allait me faire passer du Panama à la Colombie. Il est effectivement impossible d’y passer via une voie terrestre. Cela me donnait environ deux mois avant l’embarquement. Je décidai alors de passer un mois au Costa Rica et un autre au Panama.

Les routes du Costa Rica me permirent de pratiquer le hors-piste pour la première fois depuis mon départ. Il faut savoir que là-bas, aussitôt que l’on quitte une route principale, c’est un chemin de « gravelle » ou de terre qui nous attend. De plus, les ponts sont pratiquement inexistants, ce qui fait que l’on doit affronter nombre de petites rivières. Après quelques journées extrêmes, la moto eut un problème électrique. Le moteur s’arrêtait brusquement lorsque la chaussée était trop intense. Je dus mettre le booster pack sur la batterie, puisqu’il n’y avait plus de courant. C’est seulement après une semaine que je trouvai le bobo. Le fil de la mise à la terre était mal serré sur la batterie.

Je passai la première semaine à faire du camping sur les plages de Santa Teresa, Samara, Tamarindo et Playa Hermosa. Je m’arrêtai dans la grande ville de Tamarindo et m’y sentis un peu comme à la maison. On y retrouvait effectivement plusieurs grandes chaines de restaurants telles Subway, McDo, Sushi et bar sportifs. J’y passai trois jours afin de peaufiner mes talents de surfer. Bon ! je ne vous cacherai pas que j’aurais eu besoin de plus de temps pour apprivoiser ce sport, mais j’appréciai tout de même l’expérience. Préférant la température fraiche à la température chaude et humide, je laissai de côté la plage afin de reprendre la route vers les montagnes. Je traversai les villes de Tilarán, Bijagua, La Fortuna, Chilamate, pour terminer avec le parc national de Cahuita.

Contre toute attente, je fus plutôt déçu de ce pays. Plusieurs personnes m’en avaient parlé en bien, mais après les divers endroits visités depuis mon départ, je pourrais dire, en toute humilité, que mes exigences étaient entre autres plus élevées. Premièrement, les locaux étaient généralement assez froids, puisqu’ils croisent de plus en plus de touristes, et ce, à longueur d’année. J’ai souvenir que les plus belles conversations que j’eus furent avec des expatriés du Canada et des États-Unis qui possédaient maintenant des commerces ou des agences d’activités sur place.

Deuxièmement, le coût de la vie est pratiquement le même qu’au Québec. Par exemple, je fis une demi-journée de rafting avec un équipement désuet pour le coût de 80 $ US. Ceux et celles qui côtoyaient les endroits touristiques devaient faire la file afin de prendre une photo avec soit une chute d’eau ou bien un toucan.
Troisièmement, je trouvai que pour un pays de plus en plus américanisé, les investissements pour les routes laissaient vraiment à désirer. Quelques voies doubles sur les routes principales n’auraient pas fait de tort au trafic vraiment trop intense. Pour terminer sur une note positive, le pays est toutefois beaucoup moins pollué que ses voisins de l’Amérique du Sud.

Panama
Enfin, me voilà rendu aux dernières douanes de l’Amérique centrale ! Celles qui me donneront accès au Panama et surtout, à l’Amérique du Sud. Je m’y présentai dès 8 h afin de passer rapidement. Je dus payer une taxe de sortie de 8 $ US, une autre de 14 $ US pour l’entrée et des frais d’assurance pour la moto de 25 $ US. Après seulement une heure, j’étais prêt à reprendre la route. Mon premier arrêt fut Puerto Almirante. À cet endroit, un bateau-taxi m’attendait pour rejoindre les iles de Bocas del Toro. Par contre, je dus laisser la moto dans un stationnement. Bien entendu, il n’était pas question de la laisser sans surveillance. Pour quelques dollars de plus, je trouvai un stationnement avec un gardien 24 heures sur 24. De sorte que mes deux nuits sur les iles soient moins inquiétantes.

Une heure de bateau-taxi et je fus rendu sur l’ile de Bocas avec tout mon équipement de moto. La chaleur étant intense, je m’empressai de trouver une auberge afin de me libérer de mon manteau et d’y enfiler mon costume de bain. L’auberge étant située directement sur le bord de l’eau, ça m’a permis d’apprécier davantage les 38 degrés qu’indiquait le thermomètre. Durant ces deux jours, j’en profitai entre autres pour faire de la plongée en apnée et pour déguster du homard frais pêché (à un prix dérisoire !). La deuxième journée fut plus agréable que la première. Il y avait quelques Québécois dans le groupe et le guide fut fort intéressant. Petit moment cocasse : alors que j’étais à la salle de bain, le groupe partit sans moi. Je dus donc attendre dix grosses minutes avant de voir le bateau revenir. Je vous confirme que je fus le running gag de la soirée. Le lendemain matin, je repris le bateau-taxi pour rejoindre ma moto et reprendre la route vers la ville de Boquete.

J’empruntai la route 10 et je terminai avec la route 41. Ce fut de loin ma plus belle journée de moto au Panama. La route 10, qui traverse les montagnes, était complètement incroyable, et que dire de la partie en gravier. De petites roches, au format idéal, permettant de prendre une bonne vitesse et de sentir le derrière de mon engin déraper juste assez avant de prendre les virages. Du vrai bonbon pour l’amateur de moto que je suis ! C’est dans cette ville que je rencontrai les gars des « Chasing Borders ». Deux Suisses de 22 ans qui décidèrent de prendre une année sabbatique, tout comme moi, pour traverser l’Amérique. Ils se rendirent en Alaska et achetèrent chacun un KLR 650. Leur but étant le même que le mien : se rendre à Ushuaïa. Par contre, ils eurent plusieurs problèmes avec leurs motos et, malheureusement, l’un d’eux fut victime d’un grave accident au Pérou. Ce qui mit fin à leur périple.

En quittant Boquete, je croisai les villages de Playa Las Lajas, Santa Catalina et El Valle de Antón. À Santa Catalina, j’eus la chance de pratiquer la plongée en apnée au Parc national de Coiba. L’un des endroits les plus renommés pour cette activité dans le monde. Je pus nager avec des tortues, des requins et plusieurs centaines de poissons. Ce fut absolument ma plus belle aventure de plongée de ma vie.

De retour sur la terre ferme, je voyageai les 200 kilomètres me séparant de Panama City. Rappelons-nous qu’une traversée en voilier m’amenant en Amérique du Sud était toujours fixée à mon agenda. Lors de la réservation au mois de janvier, le capitaine m’avait envoyé une liste de choses à faire avant l’embarquement. La première étant de faire inspecter ma moto dans un centre d’inspection à Panama City. Par la suite, je devais avoir en ma possession plusieurs exemplaires de mes documents. Ces deux premières étapes terminées, je devais me rendre au port de Portobelo afin de prendre possession des documents faits par le capitaine. Pour finalement aller les faire approuver aux douanes les plus proches, qui se trouvaient dans la ville de Colón.

Mais avant tout ça, il me restait un weekend à passer à Panama City, où je comptais bien fêter le fameux carnaval. L’avenue Balboa, l’artère principale de la ville, fut fermée afin de faire place aux cérémonies d’ouverture et aux nombreux spectacles au programme de l’évènement. C’est avec une bière à la main, l’esprit festif, que je m’installai confortablement sur le gazon pour regarder la fameuse parade. Quand tout à coup je reçus un courriel du capitaine du voilier. On pouvait y lire que malheureusement, à cause de complications avec les douanes de la Colombie, il devait faire quelques modifications et que j’allais devoir me trouver un autre moyen pour traverser ma moto.
La mauvaise nouvelle ayant miné mon humeur, je laissai tomber le carnaval et je retournai à l’auberge afin de trouver un plan B. Il me restait maintenant deux options : la faire traverser en conteneur ou bien par avion-cargo. J’envoyai plusieurs courriels et je fis beaucoup de recherches sur le web. Malheureusement, j’allais devoir attendre quelques jours avant d’avoir des réponses, car pratiquement tous les bureaux étaient fermés, les festivités du carnaval en étant la cause. Tête de cochon que je suis, je décidai de me rendre quand même à l’aéroport cargo de Panama City afin de voir si je ne serais pas en mesure de parler avec un représentant d’une compagnie quelconque.

Contre toute attente, la plupart des hangars étaient ouverts. Je fus en mesure de parler avec plusieurs personnes. À première vue, cela risquait d’être finalement plus facile que je ne l’avais prévu. Je dus tout de même attendre deux jours, le temps que les bureaux rouvrent. L’attente passée, j’arrivai à l’aéroport cargo dès 8 h. Peu de temps après, quelques autres motocyclistes arrivèrent avec le même problème que moi. En étant en groupe nous allions probablement avoir un meilleur prix. Après avoir passé en entrevue quatre compagnies, c’est finalement AirPack Cargo qui allait transporter nos engins vers Bogota, en Colombie.
Nous avons formé un groupe de quatre motos. Le montant était de 950 $ US pour chacune d’entre elles. Après avoir signé les papiers, nous devions revenir le lendemain pour fermer les permis temporaires des motos directement aux douanes de l’aéroport. Pour, par la suite, aller les placer sur les palettes qui allaient être déposées dans l’avion-cargo. Notre vol étant fixé le même jour, nous devions arriver en Amérique du Sud quelques heures après les motos, et ce ne fut qu’une formalité de reprendre possession de nos véhicules. Avec du recul, je recommande à tous l’utilisation d’un avion-cargo pour effectuer ce type de transfert. Le prix est pratiquement le même que par voie maritime, mais c’est beaucoup plus rapide et les compagnies offrent une bien plus grande flexibilité dans le choix des dates. Le seul point négatif est que, à cause de cet imprévu, je n’aurai pas eu la chance de visiter les iles San Blas.
Mon prochain article portera sur un pays que beaucoup de gens redoutent encore en raison de la guerre des narcotrafiquants des années 1990. Il est, pour l’instant, mon coup de cœur : la Colombie du célèbre Pablo Escobar !

*1 Chaine Youtube : Patrick Nadeau

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