Par Michel Robitaille, Lac St-Charles, Québec
Il y a de ça fort longtemps, début des années 70, alors que je n’étais qu’un gamin, les motos m’impressionnaient déjà. Mon voisin, qui possédait une Suzuki GT 750, s’amusait à faire des courses d’accélération avec les muscle cars de l’époque et il était toujours vainqueur!
Au fil des ans, j’entrepris de harceler mon père afin de pouvoir acquérir mon premier bolide à deux roues. Permission qui ne me fut accordée qu’à l’âge de 15 ans! Mon paternel, probablement à bout de mes requêtes, me dit alors : « Fils, si tu veux une moto, travaille pour te la payer! » Pas besoin de dire que cela ne prit que peu de temps pour économiser le fric nécessaire à l’achat de ma première moto.
Étant limité sur la cylindrée de mon engin par mes parents, je commençai mon aventure sur une rutilante Honda CT 70 1971! L’année suivante, à mes 16 ans, je m’inscris à l’école de conduite pour obtenir mon permis de moto qui était, à mes yeux, beaucoup plus important que le permis pour la voiture!
Suivirent, quelques années plus tard, une Kawasaki KH 400 1978 deux temps qui boucanait et vibrait à en perdre ses dents! Puis, une GPZ 750 1982, qui était d’une douceur sublime en comparaison avec la trois cylindres. Comme la majorité d’entre nous, le goût du plus rapide et du plus puissant me fit passer à une fusée Kawasaki Turbo 1985, une des premières motos à rouler tout près des 10 secondes sur le quart de mille! L’achat de ma première maison en 1988, tout près du parc des Laurentides à Stoneham, m’obligea à vendre ma bien-aimée turbo pour le cash requis à ladite maison.
L’année suivante fut un brin pénible étant donné qu’il ne me restait qu’une petite Yamaha LS 100 1971 que j’avais achetée à ma blonde quelques années auparavant. Elle me servit tout de même à parfaire mes techniques de dérapage. Il faut dire que des pneus de route dans un sentier n’offrent pas tellement d’adhérence!
Les moyens financiers étant plutôt limités, le changement au sentier me parut bien avisé et une KDX 200 1987 fit son apparition dans mon sous-sol. Après quelques années de cascades et de fractures, une Honda CR 250R 1990 scella mon sort avec le motocross!
Un ami qui possédait une vielle KZ 750 1984, oubliée dehors, été comme hiver, aux intempéries, me l’a vendue pour une bouchée de pain. Après une bonne mise au point, des pneus, des freins, une chaîne, des sprockets et une batterie, me voilà de retour sur le bitume pour moins de 1000 $. Toujours en manque de sensations fortes, l’achat d’une Kawasaki ZX 11 1993 m’apporta au nirvana de la puissance et de la vitesse. Après plus de 100 000 km à son guidon, les douleurs omniprésentes laissées par les séquelles de motocross et la répression policière (lire ici : points d’inaptitude) me convainquirent d’abdiquer.
Dernièrement, après une dizaine d’années d’absence sur les routes et une dépendance aux deux-roues comparable à celle d’un toxicomane en manque, une petite Ninja 400R est entrée dans ma vie. Bien que beaucoup moins puissante que ma dernière monture, son poids réduit et sa fantastique maniabilité m’accrochent un solide sourire au visage! Seul petit bémol : le siège, dont le confort n’a d’égal qu’une enclume, laisse mon postérieur quelque peu perplexe! De toute façon, mes vertèbres cervicales, qui me font toujours souffrir, limitent mes sorties à une centaine de kilomètres. Mais quel bonheur que de ressentir le vent et la douce musique du petit bicylindre qui prend joyeusement des tours en inclinant l’horizon dans les virages. Somme toute, nul besoin d’avoir 150 chevaux pour avoir du plaisir. Bonne ride et soyez prudent.