Ducati Scrambler Desert Sled: Plus qu’un exercice de style!

Par Guy CaronPublié le

La Scrambler Desert Sled est-elle vraiment prête pour nous amener hors route? C’est ce que Ducati veut nous démontrer avec ce lancement qui se déroule dans un décor de film western dans le désert de Tabernas.
À l’époque où Sergio Leone popularisait les westerns-spaghettis dans les années 60, les motards s’attaquant aux déserts du Sud-Ouest américain (où, en théorie, se déroulait l’action de ces classiques du cinéma populaire) montaient des motos bien particulières. Les desert sled, conversions faites à partir de motos de route, étaient souvent fabriquées dans le fond d’un garage. À l’époque, si vous vouliez une moto spécialisée, vous deviez improviser. Pneus à crampons, suspensions avec plus de débattement et sabot de protection sous le moteur comptaient pour le gros des modifications apportées, souvent sur des twins anglais, pour affronter ces grands espaces hostiles.

Pour le lancement de la Scrambler Desert Sled, je me retrouve donc dans le désert de Tabernas au sud-ouest de l’Espagne à l’invitation de Ducati. C’est l’endroit où Le Bon, la Brute et le Truand et bien d’autres titres du genre ont été tournés. Le Far West en plus vrai que vrai, rien de moins!

Les légendes inspirent, les scrambler de tout acabit disponibles depuis quelques années chez plusieurs manufacturiers surfent sur cette vague, misant sur une allure néo-rétro inspirée de ces conversions hors route des années 60. Les différentes versions de la Ducati Scrambler lancées en 2015 (tout comme la plupart des autres scrambler offertes par la compétition) sont avant tout des routières malgré le look qui peut suggérer autrement. La Desert Sled vient s’ajouter à la gamme et celle-ci est bel et bien bâtie pour s’aventurer en hors route. Ses suspensions avec 200 mm de débattement, son cadre renforci, le bras oscillant allongé, les ailes hautes et le sabot sous le moteur sont plus que des artifices esthétiques. Le look un peu macho n’est pas sans rappeler les lignes d’une XT500, et la finition est soignée.

Le moteur de la Desert Sled est le L-twin Desmodue de 803 cc refroidi à air/huile, à deux soupapes par cylindre (développant 75 chevaux à 8250 tr/min et un couple de 6,8 Nm à 7750 tr/min) utilisé depuis deux ans dans les autres versions, dont la Icon. Les mêmes intervalles d’entretien de 12 000 km s’appliquent. Le cadre tubulaire est doté de renforts et s’est vu ajouté des plaques latérales pour rejoindre le pivot du bras oscillant pour mieux encaisser les coups. Ce bras oscillant est plus costaud et plus long. La fourche inversée Kayaba de 46 mm, ajustable en précharge, rebond et compression, est mariée à l’amortisseur arrière, ajustable en précharge et rebond. L’ABS est de série et peut être facilement neutralisé. La selle est haute de 860 mm et plus svelte à l’avant pour permettre de rejoindre le sol facilement. Une selle plus basse de 20 mm est offerte en option. Les roues à rayons sont chaussées des nouveaux Pirelli Scorpion Rally STR, un 120/70-19 à l’avant et un 170/60-17 à l’arrière.

Cette Scrambler Desert Sled est la moto que j’espérais lorsque j’ai vu les premières versions il y a deux ans. Dans les vidéos de promotion, la proposition de sortir des chemins pavés était claire, mais c’est maintenant que la promesse peut être tenue!

Le tracé prévu pour le lancement m’a donné une bonne idée de la capacité de la Desert Sled et de la confiance que Ducati a dans cette moto. Dès que nous avons quitté Fort Bravo, ce village d’époque du Far West, la piste de terre battue s’est transformée en sentier de sable mou, un vrai sand wash digne de Baja. La Scrambler est à l’aise dans le sable autant que sur un étroit sentier de gravier tant que je tiens compte que je ne suis pas sur une moto de compétition. Ses 191 kg ne posent pas de problème et la placent entre une monture légère et une grosse aventurière. Son comportement est beaucoup plus proche d’une double-usage typique que l’on peut s’imaginer à première vue. Le gros pneu avant flotte un peu, ce qui demande un certain doigté, mais dès que j’utilise la technique de ne pas trop lui en demander et d’initier les virages avec la roue arrière, je peux prendre un rythme assez soutenu. Les suspensions ne déçoivent pas, elles sont à la hauteur de ce que je peux leur infliger. Les confrères, certains beaucoup moins expérimentés en hors route, s’en sortent bien en y allant à la vitesse qui leur convient; la Desert Sled peut vous montrer la voie doucement et est capable de suivre lorsque les aptitudes grandiront.

La position de conduite est bien adaptée avec le guidon d’aluminium profilé qui est à une bonne hauteur, tant pour rouler debout qu’assis. Les repose-pieds optionnels montés sur nos motos d’essai (qui étaient aussi équipées de protecteur de radiateur d’huile accessoire) et la selle mince laissent toute la latitude pour piloter la Desert Sled en toute condition. Facile de m’acclimater à cette position qui, combinée au centre de gravité juste assez élevé, offre la stabilité requise lors des manœuvres délicates, surtout si je me tiens debout. Les pneus Rally STR, développés spécifiquement pour cette Desert Sled, sont performants dans les conditions relativement sèches du lancement. Le L-twin est souple et aide à trouver le peu de traction disponible tout en étant assez pimpant pour décrocher le gros pneu arrière au besoin ou soulever la roue avant sur la crête d’une bosse. Dès 2000 tours sur les premiers rapports, la puissance est accessible. La came de l’accélérateur plus progressif de la Desert Sled aide au contrôle en situation délicate. Cette réponse bien dosée et l’équilibre de la moto me donnent le sourire sur les chemins de terre compactée, les dérapages bien contrôlés sont à la portée de tous!

Après avoir joué dans la poussière pour un temps, c’est sur de petites routes sinueuses que j’ai pu apprécier la nouvelle Ducati. Les aptitudes hors route n’ont rien enlevé du côté joueur de cette Scrambler; le large guidon et les suspensions bien contrôlées permettent de balancer la machine de gauche à droite avec ardeur. Le frein avant, un Brembo radial qui pince un simple disque de 330 mm, n’est pas trop sensible et est amplement puissant. La fourche s’affaisse un peu, mais pas exagérément. Les ajustements de suspension des motos du lancement avaient été affermis, sans doute pour ces parties sur la route. Personnellement, j’aurais opté pour un peu plus de fluidité en hors route pour la fourche, quitte à avoir plus de mouvement au freinage sur route. Les Pirelli Rally STR contribuent à la confiance que m’inspire la Desert Sled sur le bitume. Les gros blocs de la semelle offrent une bonne traction. La pression ajustée à 1,9 bar (27 lb/po2) pour cet essai est un compromis, légèrement élevée pour le hors route et un peu basse pour la partie sur route, mais je n’ai aucun mal, et même beaucoup de plaisir à tenir le rythme soutenu de notre guide Beppe Gualini. Le moteur est aussi facile à exploiter en maintenant les tours entre 3000 et 8000 tours, flexible à souhait. Dès 4000 tours, je peux facilement mettre la Desert Sled sur sa roue arrière en sortant des épingles en deuxième vitesse. Les vibrations sont pratiquement imperceptibles, même à 120 km/h. Il m’est impossible de juger le confort de la selle pour plus qu’une heure, mais il est possible de se déplacer vers l’arrière et je ne suis pas limité à une seule position.

Qu’est-ce que représente cette Scrambler Desert Sled dans cette populaire gamme qu’offre Ducati? Avec plus de 32 000 unités des premiers modèles vendues de par le monde depuis 2015, cette Desert Sled vise une niche précise. Ce lancement m’a fait apprécier ses compétences dans les conditions que j’entrevois comme son champ d’action idéal. Une moto plaisante à utiliser en ville, sur les routes secondaires et capable de virées plus longues. Les qualités hors route laissent le loisir de prendre ce chemin de gravier invitant ou même ces sentiers plus ardus. La Desert Sled est capable de s’y frotter, à peu de chose près de ce qu’une double-usage peut accomplir, le style et le confort sur route en prime. Plus lourde et dispendieuse que les autres versions de la gamme Scrambler, elle vise une clientèle particulière qui appréciera sa qualité de construction. Je n’ai pas de désert de sable près de chez moi, mais beaucoup de territoire à découvrir. L’idée d’une moto amusante en ville et sur route, prête à affronter ce que je peux lui faire subir dans ces virées d’exploration, est tentante. Cette nouvelle Scrambler Desert Sled est à considérer sérieusement.

Fiche technique

Moteur Bicylindre en L, distribution desmodromique 2 soupapes par cylindre, refroidissement par air

Cylindrée 803 cm³

Alésage et course 88 x 66 mm

Taux de compression 11:1

Puissance 55 kW (75 ch) à 8250 tr/min

Couple 50 lb-pi (68 Nm) à 5750 tr/min

Injection Injection électronique, corps de 50 mm

Transmission 6 vitesses

Suspension avant/ Débattement

Fourche inversée de 46 mm entièrement réglable / 200 mm

Pneu avant

Pirelli SCORPIONTM RALLY STR 120/70 R19

Suspension arrière/ Débattement

Amortisseur Kayaba ajustable avec réglage de la précharge et détente / 200 mm

Pneu arrière

Pirelli SCORPION™ RALLY STR 170/60 R17

Frein avant

Disque de 330 mm, étrier radial à 4 pistons avec ABS désactivable

Frein arrière

Disque de 245 mm, simple piston avec ABS désactivable

Empattement

1505 mm

Angle de chasse / Déport

24°/112 mm

Capacité du réservoir à essence

13,5 litres

Poids à sec

191 kg

Poids en ordre de marche

207 kg

Hauteur de selle

860 mm

Consommation 5 litres/100 km

Prix 12 395 $ (Rouge Dusk); 12 595 $ (Blanc Mirage)

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