*Archives – Cet article est tiré du Vol. 50 No. 6 de Moto Journal.
Par un beau dimanche matin lorsque je quitte la maison endormie pour me lancer seul sur la route, l’horaire et la destination ne sont pas définis. Je me laisse aller au gré du vent.
Quand je suis réuni avec ma douce, mon fiston et/ou mes chums, je suis, par défaut, le leader du groupe. Mon expérience et cette passion qui m’enflamment depuis ma tendre enfance font que je suis l’heureux élu de ce titre. Une fierté pour moi, mais il ne faut pas oublier les tâches qui en incombent!
Leader d’un groupe, c’est considérer les gens qui en font partie, leurs expériences et le type de ride auquel ils s’attendent. C’est aussi considérer leurs montures et les besoins qu’elles ont (petit réservoir d’essence, suspension rigide, etc.) afin de prévoir des arrêts stratégiques. Je n’emprunterai pas un chemin de gravier sur une longue distance si tout le monde roule avec une moto qui n’est pas de type aventure. Je vais tenter d’éviter les routes endommagées (difficile un peu au Québec, je le sais!), donc je vais dire « très endommagées ».
Le 30 juin dernier, je réalisais le rêve que tout bon père chérit : un voyage père/fils, avec chacun sa moto, et quelques jours de routes et d’activités qui vont plaire aux deux. Tout va bien pour la majeure partie de la journée. À une heure de notre destination pour cette première journée, je regarde dans mon rétroviseur de droite afin de m’assurer que fiston est toujours là, et qu’il n’y a pas de problèmes. Le papa fier mais aussi soucieux que fiston puisse revenir en un seul morceau afin d’éviter des remords et une discussion houleuse avec ma douce, la maman de fiston! Je prolonge mon regard ébahi dans ce miroir de droite en me disant : « Quelle chance que j’ai de rouler avec mon grand garçon! » Ces cinq secondes de distraction m’ont fait oublier que j’avais une tâche importante : regarder devant!
Quand j’ai ramené mon regard vers l’avant, j’ai eu toute une surprise : un chevreuil s’est présenté la face devant ma poignée de gauche et il a eu droit à un levier d’embrayage avec ma main et ma poignée directement sur la gueule! Au passage, il a brisé mon sélecteur de vitesse, mais il a surtout éclaté ma valise de gauche qui s’est détachée de mon VFR. Le tout devant les yeux de mon fils, qui a eu la chance mettre en pratique son freinage d’urgence vu cinq semaines plus tôt lors d’un cours Moto Pro FMQ où j’étais l’un des deux moniteurs… (une autre fierté pour papa).
Nous avons pu terminer le voyage quand même en relocalisant les vêtements de la sacoche volée en éclat dans les autres compartiments disponibles. J’ai dû utiliser quelques vieux trucs de bons « riders » pour réparer le sélecteur de vitesse.
Cet évènement m’a amené à la réflexion que le leader d’un groupe est une personne multitâches. J’ai tenté de comprendre comment a pu arriver cette situation et c’est après plusieurs jours de réflexion qu’une explication, celle que je vous ai présentée plus haut est apparue.
Leader d’un groupe, c’est une question de planification où la tâche première est de mener à bon port la gang avec qui on roule. Ce n’est pas une mince affaire et à travers cet accomplissement, il faut rester concentré. Il ne faut que quelques secondes pour qu’un incident ou un accident arrive.
2021 semble une année où les accidents et les décès s’accumulent à la vitesse de l’éclair. Soyez prudent et concentré à la tâche première de tout motocycliste : piloter. Eh non, la vitesse à laquelle on roule ne nous met pas à l’abri d’un accident! Il y a tellement d’autres facteurs…