*Archives – Cet article est tiré du Vol. 50 No. 5 de Moto Journal.
Grâce à la complicité de Patrick Lavigne, de Léo Harley, qui m’a invité à participer au lancement de la moto en m’offrant de la rouler pour quelques jours, j’ai pu expérimenter la conduite du bolide dans des conditions variables. Sur route pavée, sur chemin de gravelle ainsi que dans un contexte de formation Aventure avec mon ami Don Pronovost de l’école MXPro, la moto s’est révélée sous une nature joueuse. Avec l’accord de l’équipe Léo Harley, plusieurs de mes copains avec qui je roule sur et hors route ont aussi pu expérimenter la conduite de la Pan Am, et leurs sourires ont été évocateurs.
Donc, on l’attendait depuis un bon bout de temps cette fameuse version aventure du Big H! Et ma foi, l’équipe a attiré l’attention de tous en présentant un modèle qui ne laisse personne indifférent grâce à un assemblage de qualité.
Pour mes attentes, la version S mise à ma disposition se devait d’être équipée de pneus appropriés et ma position de conduite ajustée pour l’utilisation souhaitée. Avec un kit de pneus 50/50 Anakee Wild, le guidon relevé, les commandes ajustées, et les caoutchoucs des repose-pieds enlevés, la personnalité de la moto change pour le mieux afin de s’adapter à la position debout. À 1,88 m et avec légèrement plus de 100 kg de corpulence, je me suis senti à l’aise tout de suite. Je n’ai pas senti le besoin de rehausser le guidon, assez large, qui ne gêne pas le rayon de braquage quand on va aux butées. Et oui, la suspension active qui s’abaisse à l’arrêt fait un bon travail; on ne s’en aperçoit pas.
Avant de l’enfourcher, on note la présentation soignée des composantes, mais pour quelqu’un qui décidera de rouler sérieusement hors route, il y a des opportunités d’amélioration pour les protections qui sont évidentes. Ne vous en faites pas, Harley a prévu le coup, et il sera possible de blinder la moto. Telle quelle, elle est prête à l’emploi pour les chemins forestiers comme les zecs ou pour la Trans Québec Trail (TQT) de notre ami Marc Chartrand, par exemple. Le reste est une question d’expérience. Gardons en tête que c’est quand même un gros morceau !
Comme le côté techno de la moto a été couvert plusieurs fois, je vais concentrer le contenu de mon compte-rendu sur la conduite de celle-ci.
La prise en main est très facile, de sorte que la position de conduite et le confort sont au rendez-vous. Question siège, je connais quelques marques de prestige qui pourraient s’inspirer de la Pan Am. Selon le mode moteur sélectionné, je dirais que le moteur est feutré et rageur quand les tours montent. On le sent tout le temps, et je le souligne comme un point positif. Un de mes copains (Robert pour ne pas dire son nom) a qualifié le moteur de version muscle car des années 70 avec un rumble qui se fait sentir dans une moto aventure singulièrement américaine. Le bruit des échappements est bien contrôlé et ne se fait entendre que modérément pour ceux qui nous entourent. Bravo! Par contre le pilote est immergé par le son venant du moteur lors des accélérations; attention ça peut certainement créer une dépendance!
Sur la route, le mode S est très, très plaisant… le moteur n’a pas de limite et la suspension s’adapte à une conduite sportive, ou sinon relax en mode touring. Il y a un peu d’exposition au vent, comme pour la plupart des motos aventure. Il est possible de moduler l’ensemble des composantes / moteur / suspension / etc. pour soi dans les options disponibles. La gestion des modes programmés d’usine est bien équilibrée autant pour les modes route et hors route. Une observation que plusieurs ont notée, il y a un léger délai entre la réaction de l’accélérateur et la réponse du moteur, rien d’embarrassant une fois cette particularité assimilée.
Une Harley est une Harley, et oui le moteur refroidi au liquide génère beaucoup de chaleur à l’arrêt ou à basse vitesse, surtout du côté droit. Si vous avez l’habitude de sortir la patte lors des virages, prenez garde aux échappements, le tissu synthétique va fondre au contact de l’échappement. Une fois en route, le refroidissement du moteur nous fait tout oublier.
Les commentaires reçus lors de l’essai sur route (sur pneus 50/50) ont fait mention de confort, de maniabilité, de moteur emballant, de chaleur, de souplesse du moteur, d’un mode S impressionnant et de freins très efficaces et progressifs. Côté look, on la trouve intimidante avant l’essai, et très attrayante après. La qualité de la bagagerie est soulignée, malgré que la conception contribue à la largeur, et le positionnement plutôt haut des valises demande une adaptation. Le contrôle de bruit des échappements est aussi très apprécié. Un autre point positif : l’éclairage et la gestion des phares d’appoint automatique lors des inclinaisons en courbe augmentent la vision dans les bas-côtés. Les clignotants visibles de jour en tout temps ajoutent à l’impact visuel si important pour les motocyclistes. Bien pensé!
En mode hors route, sur les chemins de gravelle que j’ai pu essayer, la moto avale les trous et les bosses sans broncher à un rythme « inspirant ». L’antipatinage est peut-être un peu trop invasif à mon goût peu importe le mode choisi. Par contre, le pilote garde le contrôle et la moto est prévisible. Les essais de freinage d’urgence sur gravelle (et autres surfaces) sont puissants et bien contrôlés selon les modes choisis.
En utilisation purement hors route dans le cadre de la formation avec MXPro, la moto a été surprenante pour plusieurs. Je n’ai pas eu à composer avec une conduite particulière et je n’ai certes pas atteint les limites de l’engin. C’est un gros bolide avec de bonnes manières à la table hors route si je peux dire. Mes compagnons ont eu l’opportunité de l’essayer « back to back » avec leurs montures personnelles, toutes équipées de pneus adéquats pour la formation. Pour certains, ils se sentaient plus à l’aise sur la Pan Am. Tous ont trouvé que le moteur est une réussite et qu’il contribue énormément au plaisir de la conduite. La prise en main est facile, la position debout permet un bon contrôle dans les exercices. Notre formateur Don s’est un peu amusé à mes dépens en agissant comme mon passager, tout en maintenant mon bras gauche dans le dos pendant que j’effectuais des figures en huit… Tout le monde a bien rigolé… et moi aussi… après… LOL
En ce qui me concerne, pour une utilisation plus marquée en hors route, il faudrait pouvoir programmer un mode perso permettant de garder l’ABS à l’avant et de l’enlever à l’arrière. Il faudrait aussi reprogrammer le contrôle de la traction pour qu’il soit encore moins invasif ou tout simplement enlevé selon le contexte. Sinon il faut désactiver le TC à chaque démarrage.
En conclusion sur la route :
La Pan America est une machine qui s’adresse à une clientèle très vaste. Par ses prestations sur la route, dans sa version actuelle avec son moteur, le contrôle de vitesse de croisière, les poignées chauffantes, la selle confortable, les modes de conduite variés, la suspension active, etc., je la vois très bien devenir un modèle SPORT TOURING redoutable pour les autres marques.
Hors route
Telle qu’elle arrive, la Pan America va répondre à la majorité des attentes pour l’exploration des chemins forestiers en toute sécurité et confort.
Préparée correctement pour affronter des sentiers plus « demandants », en considérant son expérience et les limites physiques de la moto, nous allons retrouver la Pan Am un peu partout dans les bois.
Ce qui reste à venir? Bâtir l’historique de fiabilité et attirer une clientèle exigeante vers cette nouvelle option. Harley-Davidson a gagné le pari de créer un modèle original, efficace et inspirant à un prix concurrentiel. Il reste encore du travail à faire avant de monter sur la première marche du podium des motos aventure, mais à ce niveau, tout dépend des yeux qui regardent.
Bravo et respect.