*Archives* Cet article a été publié dans le Vol. 50 No. 5 de Moto Journal.
Quand on parle de moto, on parle le plus souvent du plaisir de conduire, du sentiment de liberté, de l’adrénaline ou encore du décapage de l’esprit que nous procure notre cheval d’acier. Et pourtant, la moto est aussi un moyen de transport à plein temps pour bon nombre de motocyclistes et en particulier pour tous ceux qui, comme moi, viennent de la ville ou de la banlieue et y travaillent sur une base régulière.
Adolescent, je me suis procuré une moto bien avant d’avoir les moyens de m’acheter une voiture. J’en rêvais depuis le début du secondaire, de sorte qu’à 17 ans ce fut mon premier véhicule officiel. De fait, le seul pendant près de quatre ou cinq ans. Bien sûr, l’hiver je me contentais de l’autobus et du métro, mais dès que la température le permettait, la moto redevenait mon unique moyen de transport. Bref, surtout de seconde main, celle-ci demeure un moyen relativement abordable de circuler de façon autonome pour une assez bonne partie de l’année.
Plus tard, alors que je disposais du choix d’aller travailler en auto ou en moto, cette dernière option comportait selon moi plusieurs avantages. Au premier plan bien entendu, le plaisir de me rendre au boulot tout en ayant l’impression d’être un peu en vacances, même s’il m’était fréquent de me promener avec mon habit cravate sous mon vêtement de protection ou sous mon imperméable. Mais comme principale motivation, la moto me permettait de gagner plus d’une demi-heure de temps pour chacun des trajets aller-retour, sans compter la capacité d’inclure un ou deux rendez-vous additionnels dans le cadre de mes activités en clientèle. Il faut mentionner aussi la sensation un peu rebelle de me faufiler dans la circulation et la facilité avec laquelle je me stationnais à peu près partout au centre-ville, et ce gratuitement.
Bon, il est certain que la moto comporte certaines limitations et que parfois j’appréciais avoir l’option d’utiliser ma voiture, mais dans l’ensemble j’ai toujours eu l’impression que ma bécane motorisée était plus fluide dans la circulation urbaine et, à bien des égards, plus écologique et moins dispendieuse à entretenir.
Dans plusieurs pays, que ce soit en Europe, en Afrique ou en Asie, la moto est pratiquement une nécessité afin de compenser par rapport à la densité de la circulation. Ce moyen de transport compense aussi par rapport à la capacité relative du commun des mortels d’accéder à un camion ou à une voiture. Les motocyclistes y font preuve d’ingéniosité, sinon de témérité parfois, afin de transporter des familles entières ou des chargements inusités!
Dernièrement, justement alors que je réfléchissais à la portée de la COVID-19 sur les moyens de transports publics, je suis tombé sur une publication de Dolf Willigers, secrétaire général de la Fédération Européenne des Associations de motocyclistes.
Un point de vue intéressant y est développé concernant l’utilisation des transports en commun et la crainte justifiée pour plusieurs d’être en trop grande proximité avec les autres usagers. La moto y est présentée comme un moyen simple et sécuritaire de se transporter en milieu urbain sans être à risque par rapport à ceux qui empruntent les moyens de transports publics aux heures d’achalandage. Que ce soit en autobus, en train, en métro, en covoiturage ou même à vélo, la proximité des passagers est inévitable à plusieurs moments du trajet. Ceci fait que les motocyclistes sont nettement avantagés quand on parle de protection contre une possible contamination des autres voyageurs et que la moto demeure, selon toute vraisemblance, un choix logique pour plusieurs types de déplacements.
On peut consulter les conclusions du blog publié par monsieur Willigers au lien suivant : https://www.femamotorcycling.eu/after-coronavirus/?fbclid=IwAR3c2z9KLGDFH4_v88rTc-BplDc7E4wKqfqyKJgiyj1IuV3rmSFy10-bgP0.
Plusieurs gouvernements à travers le monde reconnaissent d’emblée les bienfaits de la moto afin de solutionner divers problèmes de mobilité urbaine et de transport légers. Ils encouragent leurs citoyens à opter pour les deux roues motorisées par l’adoption de mesures favorisant ce moyen de transport telles que l’utilisation de voies réservées et la capacité de faire de l’interligne ou des remontées de file aux intersections.
Par ailleurs, le projet de loi sur la sécurité routière « Vision Zéro » initié par le Parlement suédois en 1997 est un bon exemple d’une approche qui englobe l’intégration de la moto. Ce projet qui a été suivi et adopté par plusieurs pays, vise à éliminer les risques d’accidents de la circulation à partir de la conception et di fonctionnement du système de transport et non seulement sur les le changement des comportements des usagers de la route (https://visionzero.ca/quest-ce-que-la-vision-zero/).
À l’instar de plusieurs pays, provinces et grandes villes à travers le monde, il reste à souhaiter que le Québec et que la Ville de Montréal puissent emboîter le pas à cette initiative structurante puisque, pour le moment, la métropole n’inclut pas de représentants du milieu du motocyclisme dans son comité de projet Vision Zéro.
Photo principale : Trafic en Chine.