Archives – Rencontre avec Jules Bruttin – Troisième et dernière partie

Par Par Zabel Bourbeau - Photos: Jules Bruttin Publié le

*Cet article est tiré du Vol. 50 No. 3 du magazine numérique Moto Journal.

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Avant de vous présenter la suite des deux premières parties du récit publiées précédemment, voici un résumé de l’histoire : Jules, jeune motard suisse de 23 ans, arrive sur le continent américain au début du mois de mai 2019 afin d’y découvrir ses routes, ses gens, ses paysages et… son immensité. C’est à Montréal qu’il fait son entrée, puis il parcourt le Québec et les Maritimes pour aboutir chez moi en juillet. Je l’héberge quelques jours et après cette belle rencontre, il quitte mon humble chaumière afin de poursuivre sa traversée du Canada. Il se rend donc en Alaska puis se dirige vers le sud, où il découvre les joyaux de l’Ouest américain avant d’arriver au Mexique. Objectif ultime : la Terre de Feu (Tierra del Fuego) à l’extrême méridionale de l’Amérique du Sud. Un fabuleux road trip de 10 mois et 78 000 km, accompagné de sa BMW F 850 GSA 2019…

Zabel : Jules, en arrivant au Mexique, tu en as profité pour te reposer un peu, question de reprendre des forces afin de poursuivre ta quête. Comment s’y est déroulé ton passage?

Jules : Que dire, j’ai eu énormément de déboires en arrivant au Baja (notamment des bris mécaniques)… En contrepartie, j’ai rencontré des gens incroyables et j’ai même eu la chance de nager avec des requins baleines, un des plus gros mammifères marins!!

Mon arrivée sur le continent a coïncidé avec l’arrestation d’un chef d’un cartel de la drogue (pile dans le village dans lequel je devais dormir) et les représailles ont été pour le moins… très musclées. C’est en apprenant cette nouvelle, alors que je débarquais du ferry, que j’ai pris peur. Je me suis donc arrêté pour la nuit dans une autre ville que celle qui était prévue. À la suite de cet arrêt, j’ai bien réfléchi mais ai tout de même décidé de poursuivre ma route.

À Guadalajara, j’ai rencontré une française incroyable avec qui j’ai fêté la nuit des morts sur l’île de Janitzio. Pouvoir se mêler à cette culture malgré mon statut d’étranger et touriste a fait de cette journée ainsi que de cette nuit un souvenir mémorable, et ce, malgré la pluie. J’avais l’impression de me trouver dans l’ambiance du film Coco! Ha! Ha! Ha!

Toutes les villes que j’ai par la suite traversées ont été des coups de cœur : Taxco et ses rues pentues, Guanajuato et sa ville ultra colorée, et enfin San Cristóbal de las Casas qui avait une ambiance particulière que j’ai adorée.

Zabel : Malgré le climat politique incertain dans quelques pays d’Amérique du Sud, comment se sont passées tes traversées de frontières?

Jules : La première traversée a été un peu laborieuse, mais rien de transcendant. Puis la routine aidant et la procédure étant toujours similaire, les autres ne m’ont pas posé tant de soucis.

L’application iOverlander m’a beaucoup aidé. Toutes les personnes peuvent donner des informations allant du lieu de camping sécuritaire au passage de douane. C’est là-dessus que j’ai puisé mes renseignements et c’est ainsi que j’ai pu arriver bien informé à chaque douane. Je prenais aussi soin de me renseigner du taux de change en cours afin de ne pas me faire gruger.

Bien sûr, j’ai eu quelques déboires par moments. C’est d’ailleurs à une traversée de douane que j’ai rencontré Robert, un autre motocycliste qui vivait quelques soucis à ce moment-là. La douane facturait ses services à quarante dollars américains, chose qui, à cette douane-là, n’avait aucun sens. Le seul guichet pouvant donner des dollars était à deux heures de route! Je lui ai donc prêté l’argent, à charge de revanche. Je savais que je le recroiserais car l’Amérique centrale agit comme un entonnoir où tous les motards sont amenés à se croiser.

Hierve el Agua, État de Oaxaca, Mexico.

Les douanes sont des lieux où l’on peut facilement se faire arnaquer de manière plus ou moins légale : par le douanier ou l’État lui-même qui demande des taxes exorbitantes et sans trop de sens, ou par les gens aux alentours. Mais il suffit d’être vigilant, informé et d’avoir un minimum de chance pour n’être accablé d’aucun souci. Parfois un peu d’aplomb et des capacités de bluff peuvent aussi aider…

Argentine.

• Pour rouler en Argentine, une assurance est nécessaire, chose que je n’avais pas à ce moment. J’ai donc sorti mes papiers d’assurance suisses (bien entendu non valables pour l’Argentine) et j’ai affirmé avec aplomb être assuré!

• Je dois bien l’avouer mon bluff a surtout marché parce que je ne faisais que traverser un mini bout de pays et ne devait donc pas passer plus de deux jours en Argentine! Ha! Ha! Ha!

• Une autre fois le douanier à l’entrée a oublié de m’enregistrer… Et c’est à la sortie, quand on m’a demandé mes papiers, que j’ai eu des soucis.

• Mais il est courant de traverser les douanes pour des cyclistes ou motocyclistes entre le Chili et l’Argentine. Ils ont donc été compréhensifs et m’ont laissé sortir sans trop faire de vagues.

• Ma plus longue traversée fut entre l’Équateur (moins de 10 minutes pour sortir) et le Pérou (plus de 4 heures d’attente).
Une file d’une vingtaine de personnes patientaient à la douane et pour chacune le douanier prenait largement de 15 à 20 minutes. Non pas par excès de zèle, mais juste par nonchalance et flemme aigue…

Je tiens aussi à préciser que même si les pays d’Amérique centrale ou du Sud ont des gouvernements qui nous semblent peut-être moins sécuritaires, les gens que l’on rencontre, eux, savent faire la différence entre touriste et fauteur de trouble (excepté pour les Américains qui ne sont pas vraiment les bienvenus…)

Mexico.

Plusieurs personnes rencontrées au cours de mon voyage et qui ont eu affaire avec des routes bloquées ou des émeutes m’ont raconté ne pas avoir eu de soucis excessifs (mis à part une grosse peur). Les gens sont en colère contre le gouvernement ou les injustices et nous n’avons rien à voir avec cela.

Bien sûr, il est toujours possible de faire de mauvaises rencontres, mais je ne souhaite vraiment pas que ceux qui liront ceci se disent que ces pays sont d’une extrême dangerosité.

Mexico.

Des gens que j’ai rencontrés m’ont raconté avoir été pris dans une émeute; dès l’instant où les locaux les ont remarqués, ils leur ont ouvert un passage afin qu’ils puissent partir…

Zabel : Quels pays as-tu traversés afin de te rendre à ton objectif ultime? Qu’est-ce qui t’a marqué à travers tes milliers de kilomètres parcourus au sud des États-Unis ? Raconte-moi…

Jules : Après le Mexique j’ai traversé le Guatemala, puis le Nicaragua, le Honduras et le Costa Rica, pour finalement arriver au Panama.

Mexico.

Au Nicaragua j’ai été choqué par la pénurie d’eau, surtout que je viens d’un pays où cette denrée est abondante. Malheureusement, lors de mon voyage j’ai pu me rendre compte à plusieurs reprises à quel point l’eau n’est pas accessible à tout le monde, encore moins potable. Les gens font parfois de nombreux kilomètres à pied afin d’en avoir… C’est quelque chose que nous oublions bien trop souvent!!!

Au Panama j’ai eu droit à quelques jours de repos avant d’embarquer à bord du voilier qui allait m’emmener de ce pays à la Colombie. Nous nous sommes donc retrouvés plusieurs motards au même endroit. J’ai eu droit à mon premier déluge. En l’espace de quelques instants, la rue s’est retrouvée submergée sous 45 cm d’eau… J’ai fait honneur au grand enfant que je suis et j’ai bien entendu été patauger dans les flaques. J’avais de l’eau jusqu’aux genoux.

Guatemala.

Ensuite vint la traversée en voilier, et surtout, la mise sur le voilier en question de ma moto. Là, je crois bien que ça a été ma plus grande peur. Cet instant où ta moto attachée par de simples cordes se soulève au-dessus de l’eau depuis le bord de la jetée; ça fait un sacré choc.

Nous sommes restés une matinée à la San Blas Island avant de poursuivre notre épopée, accompagnés d’une quinzaine de dauphins. Je garde de cette traversée des moments forts, et des liens impérissables. Nous étions vingt motards sur le Sthalratte, seul et unique bateau qui fait la liaison entre le Panama et la Colombie. Nous ne nous sommes pas connus plus que quatre ou cinq jours et pourtant, je les considère tous comme faisant partie de ma famille. Ils étaient comme moi, des voyageurs intemporels à moto (en réalisant cette entrevue, je viens malheureusement d’apprendre que le bateau arrêtait son activité. Le seul autre moyen étant désormais l’avion. Les 200 km de jungle qui séparent ces deux pays sont le repaire des crapules et autres trafiquants, et ce sans aucune route la traversant. Il est donc impossible de passer par la terre ferme).

Guatemala.

Fraichement débarqué à Carthagène, j’ai pu faire connaissance avec la moiteur et la chaleur. J’ai aussi pu avoir la mauvaise surprise de remarquer qu’une fine (voire pas si fine) pellicule de moisissure s’était déposée sur toutes mes affaires. La pluie de l’embarquement et le confinement de ces dernières en fond de cale ont pu laisser le champ libre à ces organismes. À peine arrivé, je me suis donc occupé de faire un grand nettoyage du tout, au vinaigre.

Mon objectif à court terme à ce moment fut de rejoindre un ami suisse, actuellement en Colombie. J’y ai passé une semaine où sa copine et lui m’ont fait l’honneur de me guider et de me faire visiter. Grâce à l’extrême générosité de la famille de Laura (la copine de mon ami Claude), j’ai pu loger dans un appartement appartenant à une de leurs tantes. Cette semaine fut riche en expériences; j’ai pu assister à un baptême où Bjorn (ma moto) fut traitée en star, j’ai fait du saut à l’élastique (bungee), j’ai pu goûter une sarabande de spécialités et apprendre les rudiments de l’espagnol.

Colombie.

J’ai ensuite continué ma route en direction de l’Équateur, pays que j’ai fortement apprécié, certainement en raison de sa nette ressemblance avec la Suisse. C’est un pays très propre et extrêmement montagneux.

Je me suis bien entendu arrêté au centre du monde pour y prendre ma petite photo avant de continuer en direction du Pérou.

Après ma traversée de douane, j’ai « dormi » dans l’hôtel le plus miteux que je n’ai jamais vu (malheureusement le seul de cette ville malfamée). J’ai eu l’horreur de découvrir les punaises de lit, et je ne souhaite jamais réitérer cette expérience. À cinq heures du matin j’étais déjà loin (ce qui est plus que très tôt en Amérique du Sud).

Le lendemain j’ai appris la nouvelle la plus triste de mon voyage et celle qui m’a le plus affecté. La mort d’un motard, rencontré sur le voilier Sthalratte, et pour qui j’avais beaucoup de respect. Ce fut un choc immense pour moi et un dur retour à la réalité.

Comme vous pouvez l’imaginer à ce point de mon voyage, le Pérou est au plus bas dans mes recommandations de voyage…

Pérou.

Pour Noël, j’ai rejoint Robert à Lima, capitale du Pérou, et aussi lieu de vie d’un ma famille, perdu de vue depuis plus de quarante ans. Une petite vidéo, faite pour ma grand-mère, a fait le tour de la famille et fut un moment fort de mon voyage.

J’ai poursuivi ma route avec Robert jusqu’à Arequipa où nous nous sommes séparés le lendemain du Nouvel An. Lui suivra la côte pendant que moi je monterai au lac Titicaca. Je me dois de préciser qu’après Lima, la route en bord de mer fut splendide et commença à me réconcilier avec ce pays, la suite dans les montagnes et le canyon de Colça finit de le faire. J’y retournerai, mais dorénavant je saurai où aller.

Bolivie.

Je passais ensuite par la Bolivie avec la route de la mort et le Salar de Uyuni (Bjorn n’a d’ailleurs pas tant apprécié ce passage en eaux ultra salée).

Depuis le Salar, trois routes s’offraient à moi, l’une dite principale qui passait par l’Argentine avant de revenir au Chili, l’autre passant par le Salar, et la dernière : la route des sept lagunes.

Passer par le Salar sans connaissances est pure folie et la route des sept lagunes est une des plus dures qu’il puisse y avoir. C’est une route de sable souvent embourbée et très compliquée. Des amis avaient prévu de la faire, au lieu des 2 h 30 à 3 heures prévues, ils ont mis plus de 9 h à rejoindre leur point d’arrivée… par beau temps!!!

Coucher de soleil au bout de la route, Argentine.

Après mon rapide passage en Argentine, j’arrivais au Chili par l’une des plus hautes montagnes que nous ayons franchies avec ma moto (plus de 4200 m d’altitude). Le manque d’air s’est bien fait ressentir pour Bjorn.

Avant d’arriver à Santiago de Chili, je me suis arrêté serrer la main à la Mano del Desierto (la main du désert).

Chili.

C’est en arrivant à Santiago de Chili que j’ai organisé mon voyage retour, avant de me diriger vers le but de mon voyage. Après être passé en Argentine, j’ai longé les montagnes en prévoyant remonter par la côte. La route était sur une bonne portion en gravier ou en sable, ensuite les grandes plaines désertiques ont laissé libre cours au déchainement des vents. Je n’ai jamais essuyé de telles rafales, ou tout du moins pas depuis ma traversée du Canada.

Dans les endroits notables (et les seuls peut-être) de cette traversée, il y avait San Carlos de Bariloche, El Calafate et Mendoza. Beaucoup de monde m’avait déjà parlé de San Carlos de Bariloche comme de la petite Suisse. Force m’a été de constater que c’était, pour une fois, véridique. Il y a longtemps de cela, une colonie suisse s’y était établie. Depuis, un village touristique y est encore présent. C’était très drôle d’y passer et de voir la marque du passage d’un si petit pays! Ha! Ha! Ha!

Je me suis encore arrêté à El Calafate où j’ai, entre autres, rejoint Robert. Ce fut une des rares fois où j’ai d’ailleurs fêté plus que de raison, mon crâne s’en souvient encore…

Le lendemain, levé aux aurores, je suis allé visiter le parc national qui jouxte El Calafate. Vue sur un glacier spectaculaire avec des eaux turquoise en contre-bas. Le tout d’un calme relaxant et méditatif.

Argentine.

Ensuite nous avons continué, Robert et moi, notre route pour Ushuïa. S’ensuivirent les multiples traversées de douanes pour atteindre cette petite parcelle d’Argentine coupée de tout, lieu rêvé et soudain atteignable. Là où je pourrai enfin dire « je l’ai fait ».

Le paysage pour arriver à cette petite ville est juste féerique. Les eaux des lagons et autres lacs sont d’un bleu que je n’avais jamais vu, le tout lié à cette herbe rouge et jaune qui parsème les plaines et zones herbeuses.

Mais il faut savoir qu’arriver à Ushuïa ne signifie pas arriver au bout de la route… Pour cela, il faut entrer dans un parc national, chose que j’ai fait encore une fois aux aurores (mon sang suisse qui ressort).

« Là, entre hébétude, émerveillement et exultation, j’ai regardé, seul, le soleil se lever à l’horizon. D’un côté, je crois que mon cerveau n’avait jamais réalisé la folie et l’immensité de ce que je faisais. Mais pendant cette heure où j’ai regardé notre astre s’élever dans les cieux, j’ai réalisé la beauté et la folie de ce que j’avais fait. »

Zabel : Parle-moi de tes rencontres motardes.

Jules : Dans la vingtaine de motards sur le traversier au Panama, je retiens Paul, âgé de soixante-dix ans et avec une jambe de bois. IL A FAIT LE MÊME VOYAGE QUE MOI!!!! Ainsi que son ami Gary, comme quoi l’âge n’est pas une excuse. Être motard est une question de passion, on l’a dans le sang.

Il y a Luca aussi, un des trois Européens du voyage, Italien d’origine et en voyage depuis bien plus longtemps que moi. Il avait laissé sa moto une année en Amérique centrale avant de reprendre son périple. Il voyage ainsi sur de longues périodes, revient, puis repart en voyage (Instagram : Old.Wild.World). Il a réalisé un très bon article sur les gens qui voyageaient et les problèmes qu’ils ont rencontrés lors des multiples fermetures dues à la COVID.

Juste après San Pedro de Antacama, j’ai croisé un Français d’environ 25 ans. Il était arrivé à Santiago de Chili, avait acheté une moto et comptait descendre à Ushuïa. Petit détail qui avait son importance, jusqu’à ce jour il n’avait jamais mis les pieds sur une moto de sa vie. Et la seule fois où il avait fait l’expérience d’un deux-roues (scooter)… il s’était pris un mur!

Je l’ai recroisé avant de repartir en Suisse à Santiago même. Il y avait trouvé l’amour et était donc resté quelques semaines de plus.

À Santiago j’ai rencontré beaucoup de Français fort sympathiques avec qui j’ai échangé, mais aucun à moto.

J’ai aussi croisé un cycliste allemand avec qui j’avais partagé une chambre lors de mon voyage le long des montagnes argentines.

Zabel : Comment s’est passé le rapatriement de ta moto vers la Suisse?

Jules : Je suis passé par un particulier/entreprise (Julio Harboe de Motologistic) dont j’avais eu le nom par un ami. Je suis donc passé une première fois par Santiago de Chili afin de convenir d’une date d’envoi et des différentes formalités. Il s’occupait ensuite des paperasses et de l’expédier par avion.

Je rentrais la journée du jeudi 5 mars 2020, il fallait que ma moto arrive cette journée-là, en même temps que moi, afin que je la récupère le vendredi et que je puisse rentrer chez moi.

Ça c’était le plan, mais rien ne s’est passé comme prévu…

Mon premier passage et ma première prise de contact avaient aussi pour but de savoir quand devoir apporter ma moto afin que tout se passe pour le mieux. Sur le délai de quatre jours qui m’avait été transmis, j’ai pris une semaine supplémentaire de marge.

Malgré cet effort de ma part, ma moto est arrivée le samedi à cause d’un envoi trop tardif de l’entreprise. Sauf qu’en France, l’importation est fermée aux particuliers le weekend. Je ne pouvais donc pas récupérer ma moto…

J’ai appris ça deux jours avant de prendre mon avion.

Toujours dans mes plans, je devais dormir chez une connaissance le jeudi soir. Malheureusement cette connaissance ne s’est pas réveillée et j’ai passé une nuit blanche à errer dans les rues de Paris sous la pluie.

Je ne voyais pas l’intérêt de rentrer en Suisse par train pour revenir à Paris deux jours plus tard, mais ma mère a lourdement insisté.

Elle avait en fait organisé une petite fête de retour avec toute ma famille et mes amis proches ainsi que mes voisins qui m’avaient suivi sur les réseaux sociaux. Mon retour fut donc fêté en fanfare. J’ai été très heureux (et eux aussi) de revoir toute ma famille d’un coup ainsi que mes amis qui m’ont toujours soutenu à travers cette aventure!

Mais l’histoire ne s’arrête pas encore, car ma moto n’est toujours pas avec moi. Le lundi suivant, je suis donc reparti à Paris chercher ma moto. Je n’ai pas été trop dépaysé car l’incompétence de l’administration française a quelques siècles d’avance sur celle de l’Amérique du Sud…

Suisse.

Le douanier ne voulait pas me laisser reprendre ma moto, car il n’y avait pas de papier de sortie de la Suisse… Ni moi ni personne d’autre n’avions jusqu’à ce jour entendu parler d’un papier de sortie, car entre la Suisse et la France, nous avons des accords de libre-échange. Enfin, après deux bonnes heures de débat, ils ont bien voulu me donner un p pier d’importation temporaire à rendre aux douanes suisses à mon entrée. Ce que j’ai fait le lendemain, même si personne à la douane n’a compris ce que je faisais avec ce papier, ni ce qu’ils devaient en faire.

Je suis ensuite rentré chez moi, sous la neige… Ha! Ha! Ha!

Zabel : Tu reviendras en Amérique quand la situation le permettra?

Jules : C’est une certitude, oui. Je suis déjà en train de préparer un voyage retour aux États-Unis (et au Canada) pour ma mère et mon père, le tout à moto, bien sûr. Je le ferai pour leurs 65 ans; ce qui me laisse encore de quatre à cinq ans pour peaufiner le tout.

Mais sinon, il est certain que je reviendrai voir plusieurs pays qui m’ont plu et peut-être, qui sait, comme Paul, je referai ce voyage pour mes 75 ans!

Zabel : Que t’a apporté cette méga aventure motocycliste en Amérique?

J’ai eu du temps, beaucoup de temps, pour discuter avec moi-même. J’ai pu tirer au clair certains points d’ombre qui me hantaient. J’ai pu aussi me découvrir de nouvelles forces. J’ai pu voir de quel bois j’étais fait et avoir une opinion plus correcte de qui je suis.

Zabel : Merci infiniment Jules d’avoir fait partager l’histoire de ta merveilleuse aventure à moto aux lecteurs de Moto Journal! Au plaisir de se revoir bientôt!

Photo principale : Jules chez lui en Suisse avec une toute nouvelle BMW – à seulement 10 km au compteur. Ça ne fait que commencer.

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*Publié dans le Vol. 50 No. 3 de Moto Journal. Vous aimez ce contenu? Cliquez ici pour vous abonner.

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