Le billet de Zabel – La moto, ça se vit!

Par Zabel Bourbeau Publié le

On ne peut pas « raconter » le motocyclisme, il faut le vivre pour comprendre… Par où commencer pour expliquer aux non-initiés la sensation de rouler à moto?

Agissant en bronchodilatateur naturel et en capteur de vitamine D, la moto est véritablement un outil bénéfique pour la santé. On pourrait dire aussi que faire de la moto est souvent source de thérapie bienfaisante et apporte un feeling de liberté absolue. Avec le vent caressant (ou fouettant!) le visage et le moteur palpitant entre les genoux, la conduite d’une moto s’avère avantageuse sur toute la ligne! C’est un peu comme un canal permettant l’accès direct au bonheur…

Bien sûr, il y a des moments plus difficiles dans le motocyclisme, ces moments qui permettent ensuite d’apprécier les journées aux conditions meilleures!

Par exemple, lorsqu’on doit rouler pendant une dizaine d’heures sous une pluie incessante, prisonnier d’un imperméable qui n’en peut plus! Cela nous oblige parfois à persévérer prudemment jusqu’à destination… Ou, se faire attaquer par un vent violent de côté (épisode exigeant une grande concentration et un contrôle optimal de notre engin!), ce qui peut s’avérer assez…surprenant! Parfois, un froid quasi hivernal à l’aurore ou bien en altitude vous force à vous réchauffer quelques minutes (ou quelques heures) avant de pouvoir reprendre la route, un peu plus détendu et à l’aise (vive les vestes chauffantes!). Quelquefois, un insecte se dirigeant en sens inverse tout en choisissant le corridor menant directement à votre visage (malgré l’espace infini vous entourant!) peut s’avérer fort désagréable! Il m’est arrivé qu’une guêpe pénètre par la manche de ma veste avec pour destination mon omoplate gauche! Elle s’est bien sûr assurée de bien me piquer à quelques reprises, alors que j’étais impuissante dans cette situation et que je devais rouler sans pouvoir m’arrêter… On est en contact direct avec la nature vous dis-je …

Tout ça incite évidemment à redoubler de prudence!

MAIS !

Rien de mieux qu’un départ matinal où l’air frais envahit nos narines, alors que les degrés s’ajoutent un à un au fil des heures! Quel bonheur que de rouler dans les pinèdes olfactives après la pluie, à travers les vergers en fleurs au printemps, ou entourés de feuilles mortes en fin de saison! De l’autre côté des frontières ou des océans, d’autres odeurs envoûtantes vous courtisent : le maquis corse, les champs de fines herbes et de lavande en Provence, les orangeraies de la Floride ou de l’Arizona… Sans oublier ici, bien sûr, la période d’épandage de fumier (hé hé hé) dans nos zones agricoles; on apprend même à apprécier ces effluves! Comme c’est bon de rouler à moto! Les odeurs sont amplifiées exponentiellement!

« Faire » de la moto nous permet (ou nous oblige) parfois de sortir de notre zone de confort, c’est assez fréquent. En repoussant un peu nos limites, nous réalisons que la beauté se trouve souvent dans les endroits les plus inattendus. C’est souvent à ce moment que notre vie prend un nouveau sens, nous ouvre les yeux sur autre chose, d’autres endroits, d’autres gens. Car oui les gens font partie de l’aventure motocycliste : fraternité et passion s’unissent sans barrière. La communauté motocycliste, malgré les différences, est enrichissante. « Faire » de la moto permet de rencontrer des gens. Une simple discussion avec un autre motocycliste rencontré au hasard de la route peu parfois mener à des scoops, des trésors de routes bien gardés.

La modestie aussi peut être grandiose à moto! On voyage léger, on doit s’adapter à plusieurs situations, on est face à soi-même, avec nos forces et nos faiblesses. On doit constamment s’acclimater à la nature et à ses humeurs parfois changeantes. L’intuition aussi est importante : si vous ne le sentez pas, ne le faites pas. Prenez une pause et n’étirez pas la sauce, par exemple si vous êtes fatigué. Écoutez-vous.

On peut s’amuser d’ailleurs à comparer la conduite d’une moto à la vie, chacun l’abordant à sa façon. Qu’est-ce qui vous fait tripper à moto? La vitesse? La symbiose? L’appréciation du moment? Le contrôle? L’éveil des sens? L’indépendance? L’exploration des contrées moins connues? Rouler en groupe? Seul? Comment réagissez-vous lors d’avaries ou de situations inattendues? On découvre souvent la vraie couleur des gens à leur façon de « vivre » la moto… La moto, ça se vit!

N’oubliez pas qu’à moto, on n’est pas perdu tant qu’on a de l’essence dans le réservoir! Tant que notre cœur bat, on est en vie! Bonne route!

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