La moto idéale : telle que vue par les motocyclistes de 1977…

Par Steve Thornton Publié le

Quand notre bureau physique de Toronto a fermé ses portes pour de bon il y a quelques années, je me suis retrouvé en possession de quelques boîtes de documents. Je ne me souviens pas de les avoir prises, et elles ont peut-être même atterri chez moi par hasard. Mais si c’est le cas, il s’agissait certainement d’un heureux hasard.

Une de ces boîtes était intitulée « Cycle Canada Girls ». À l’intérieur, il y avait une pile de photos 8 x 10 po, en noir et blanc, de jeunes femmes qui portaient des T-shirts avec le logo de Cycle Canada et Moto Journal. (Plusieurs filles avaient été photographiées pour promouvoir la vente de ces T-shirts, et je me suis d’ailleurs demandé pourquoi il y en avait autant; le photographe était très enthousiaste…) Maintenant, je viens d’ouvrir une autre boîte intitulée « Sondage sur la moto idéale ». Pas aussi intrigant à première vue, mais tout de même très intéressant!

Le sondage avait été lancé en 1977, et les réponses sont arrivées au début de l’année suivante. À cette époque, la Honda CB750 était une machine super populaire, tout comme le Walkman de Sony allait le devenir en 1979. C’est également en 1979 que la 750 de Honda a eu droit pour la première fois à un double arbre à cames en tête. Ce moteur plus performant et le cassettophone de poche de Sony représentaient de grands pas en avant, et les deux étaient très hot dans ces années-là. Mais 1977, c’était avant, c’était l’époque du démarrage au kick, de l’alimentation par carburateur, des poteaux de fourche maigrichons, des pneus étroits, des freins à disque qui commençaient tout juste à livrer de bonnes performances, et des moteurs qui produisaient 70 ou 80 ch pour les plus grosses cylindrées.

En 1977, la Honda CBX à moteur six cylindres et la Suzuki Katana aux lignes avant- gardistes n’étaient pas encore sorties, mais elles allaient bientôt l’être et marquer le début d’une période de développement impressionnante pour le motocyclisme. En effet, à partir de la fin des années 1970, la moto a énormément évolué. Les cadres se sont améliorés en devenant plus rigides et plus légers (mais aussi plus flexibles dans certains cas). Les pneus sont devenus plus larges, surtout dans le cas des pneus arrière où ils sont parfois carrément gigantesques. Les moteurs sont beaucoup plus puissants; on a atteint et même dépassé le cap des 200 ch. Certaines de ces avancées étaient sans doute prévisibles en 1977, mais parions que très peu de motocyclistes, même les plus avertis, auraient envisagé le recours aux ordinateurs de bord pour contrôler les wheelies, le patinage de la roue arrière et le comportement de la suspension…

Or donc, que souhaitaient les motocyclistes de l’époque selon le sondage? Quelle était leur vision de la moto idéale? Étonnamment, nos lecteurs de la fin des années 1970 semblent plutôt conservateurs. Ils auraient pu rêver de moteurs beaucoup plus puissants, de machines nettement plus légères, de grandes améliorations en matière de suspension et de confort. Hé bien non, leurs demandes étaient assez timides dans la plupart des cas.

Henry, un résident de Toronto, explique « qu’une vitesse maximale de 100 mi/h (160 km/h) devrait suffire pour contenter l’amateur moyen au tempérament rationnel », mais il ajoute toutefois que « des roues de type mag et l’allumage électronique seraient aussi acceptables ». Il termine en précisant qu’un moteur de 500 cm3 avec une puissance de 30 chevaux à la roue arrière ferait très bien l’affaire.

Dave, aussi de Toronto, a une vision qui semble démentir ma perception conservatrice des lecteurs décrite plus haut. Oui, il est très réservé en matière de puissance maximale : 30 ch. Mais il est avant-gardiste pour le reste : monocylindre deux-temps alimenté par injection avec refroidissement au liquide, poids maximal de 75 kg et pneus qui peuvent rouler sans pression d’air. James, un jeune homme de 19 ans de Victoria, en Colombie- Britannique, va aussi à l’encontre de ma perception avec son moteur deux-temps à quatre cylindres en ligne de 900 cc, d’une puissance souhaitée d’environ 70 ch.

La plupart des participants au sondage ne spécifiaient pas une marque en particulier pour leur moto idéale. Frank, de Toronto, fait exception puisqu’il rêvait d’une Kawasaki propulsée par un V-6 de 1200 cm3 à double arbre à cames en tête « avec aucune chaîne », et une transmission à cinq rapports « avec levier à gauche, première en bas ». Comme bien d’autres, Frank avait une préférence pour le démarreur électrique, mais avec tout de même aussi un kick, au cas où…

Mike, d’Ottawa, parle d’un tricylindre quatre-temps de 500 cm3 qui produirait de 40 à 45 ch, avec un poids de moins de 450 lb (environ 200 kg). Pas très exotique. Cependant, Mike reconnaît que sa moto idéale « n’a rien d’extraordinaire, mais elle regroupe toutes les caractéristiques que j’aime ».

Certains répondants y sont allés de réponses très spécifiques. Ron, de Borden, en Saskatchewan, précise le rapport volumétrique (9:1), les caractéristiques techniques de la transmission (engrenages à dents droites, 4 ou 5 rapports), ainsi que le type de filtre à huile (vissable) et de bobines d’allumage (à haut rendement). Mais là où il vise le plus juste, c’est avec sa suspension « conventionnelle, mais avec deux gammes d’ajustement : tourisme et sport (ferme et souple) ».

Ron, de Beaverton, en Ontario, explique que les motos devraient être durables « comme un char d’assaut », mais certaines de ses autres idées semblent un peu plus surprenantes.

Il souhaite un poids maximal de seulement 200 lb (90 kg!) et une « transmission sans changement de vitesse sauf pour engager la marche arrière ». Son moteur idéal est un tricylindre de 500 cm3 en aluminium relié à une pompe qui alimente un moteur hydraulique. Il ajoute également que « des adaptations mécaniques mineures permettraient de modifier une transmission pour qu’elle puisse être couplée à un turbomoteur » et que le frein arrière fonctionnerait même sous la pluie.

Somme toute, on constate que les motocyclistes de 1977 avaient des idées très variées pour leur moto idéale. Personne n’a demandé l’ABS ou l’antipatinage, et encore moins une suspension à ajustement électronique, mais certains ont fait preuve d’une originalité certaine. À l’inverse, un lecteur de Vernon, en Colombie-Britannique, a expliqué que la moto idéale était déjà dans son garage. « C’est une Ducati 750 Sport 1975 et je crois qu’on ne peut pas imaginer une meilleure machine de route ». Difficile d’être en désaccord avec son impression.

Finalement, je retire mon observation sur le conservatisme des motocyclistes de 1977. En réalité, tout comme les motocyclistes actuels, il s’agissait de personnes de styles très diversifiés, capables de réflexions matures et originales, et bien qu’aucun d’entre eux n’ait anticipé l’arrivée des aides électroniques au pilotage, tous semblaient à la recherche d’une moto avec laquelle on pouvait rouler et rouler, de façon sécuritaire et fiable. À cet égard, leurs rêves se sont réalisés.

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4 thoughts on “La moto idéale : telle que vue par les motocyclistes de 1977…

  1. Excellent papier! C est plaisant de de remémorer ces vielles questions là et on pourrait se la reposer en 2022

  2. Bonjour
    Mon nom est Claude j’ai 70 ans.. j’ai eu 53 motos et c’est pas fini. Pour moi la meilleur moto est simple.. un bon moteur durable avec 80 ch , un bon siège et de bon freins.. aucune électronique, la moto a son plus simple. Le plus grand plaisir se trouve entre le conducteur et sa machine.. La destination n’a pas d’importance.. Bonne route

  3. Il faut savoir que les réponses obtenues à cette époque sont égales aux connaissances que les motocyclistes avaient de leur moto et de la conception élémentaire des systèmes mécaniques ou électriques qui la composaient. De nos jours, les motocyclistes sont très à jour à ce propos et savent très bien ce qu’ils veulent grâce entre autres à Moto-journal.

  4. À cette époque les ordinateurs personnels n’existaient pas et ceux-ci avaient la taille de pièces de maisons. Personne n’imaginait qu’ils deviendraient accessible et si petits qu’on pourrait en installer dans une moto.

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