Rencontre avec Catherine David

Par Zabel Bourbeau Publié le

Plusieurs la connaissent déjà. Cofondatrice de ONELAND et figure de proue de l’émission Filles de Moto, Catherine David est une véritable passionnée. Avide de rencontres et d’histoires, elle adore apprendre à connaitre tous ces gens qui, parfois dans l’ombre, font leur marque dans l’univers merveilleux de la moto. Avec son curriculum vitae riche, éclectique et unique, je vous présente donc cette charmante femme qui a fait tout un bout de chemin pour maintenant amalgamer ses expériences et se réaliser dans ses rêves.

Crédit photo : Charles Mercier.

C’est donc par un après-midi froid de mai que la pétillante et sympathique brunette arrive à notre point de rencontre, accompagnée de son joli poupon. Tout en marchant vers un endroit pour s’installer au bord de la rivière, elle me raconte qu’elle est native de Papineauville, dans l’Outaouais. Ayant grandi dans ce village, elle commença à le trouver de plus en plus petit jusqu’au jour où elle décida d’entreprendre ses études collégiales à Sainte-Thérèse. Catherine avait hâte de découvrir autre chose…

Zabel : Si tu regardes en arrière, la jeune fille que tu étais et l’univers dans lequel tu accomplis tes réalisations aujourd’hui, vois-tu des similitudes?

Catherine : Mon père étant en politique, il m’a appris à rencontrer les gens, à écouter leurs histoires, à les aimer. À cette époque, je participais quelquefois à des concours d’art oratoire aussi, le côté théâtre m’a toujours intéressé. J’aimais les histoires, en lire, en écouter, les voir et les entendre au théâtre. Mon père a toujours eu des motos, il partait en voyage parfois. Quand j’étais jeune, j’avais l’intuition qu’un jour j’en ferais. Puis ma sœur est arrivée à la maison avec une BMW, je l’ai regardée mais sans plus. Ce n’est que plusieurs années plus tard que mon intuition m’a rattrapée.

Zabel : Parle-moi de ton parcours d’études…

Catherine : Je voulais aller étudier en littérature au cégep, mais le théâtre m’intéressait énormément. Je me posais beaucoup de questions… J’ai donc fait un compromis et je suis allée étudier en lettres – art dramatique à Lionel-Groulx.

Arrivée en résidence au cégep, un nouveau monde s’ouvrait à moi. J’ai beaucoup appris, surtout au niveau personnel, je sortais de ma zone de confort. Puis suivirent mes études en littérature à l’UQAM. Un jour, alors que je lis Le Père Goriot de Balzac, j’ai une illumination et je me reconnais un peu dans ce récit. C’est l’histoire de Rastignac, un jeune homme ambitieux de la province, qui s’installe à Paris pour ses études. Je me suis donc un peu identifiée au personnage et me suis mise à me poser la question : que dois-je faire pour atteindre mes objectifs? J’ai donc décidé de me préparer aux auditions et de suivre la formation de quatre ans en théâtre, en jeu : il s’agit ici d’une véritable école de la vie.

Essai Husqvarna au Portugal.

Zabel : Tout ce chemin parcouru t’a menée à travailler de ton art?

Catherine : J’ai commencé à auditionner pour des publicités à la télé, mais j’ai réalisé assez rapidement que je ne m’y retrouvais pas. C’est pendant une audition que j’ai compris que je voulais être de l’autre côté de la caméra, j’aimais le côté créatif, créer des idées me plaisait. Je retourne donc à l’école en design graphique pour ensuite aller travailler en publicité. Rapidement devenue directrice artistique, j’ai l’impression de tourner en rond et j’ai besoin de plus. Après une bonne prise de conscience, je quitte la boite de pub dans le but de pouvoir voler de mes propres ailes. Après un perfectionnement en gestion d’entreprise, j’ouvre finalement ma boite de pub : Atlas et Axis.

Zabel : Et la moto dans tout ça?

Catherine : Mon chum d’alors avait une moto. Quand j’ai embarqué comme passagère, je me suis dit dès le début :  tant qu’à faire de la moto, je veux conduire la mienne!

Un jour je vais dans un événement chez un concessionnaire Harley et je vois LA moto : OH MY GOD! Il y avait comme un halo de lumière au-dessus : je la veux! Étant à cette époque fraichement sur le chômage, je n’avais pas vraiment le budget pour un tel achat… mais après avoir sous-estimé les compagnies de crédit, elles m’ont accordé un prêt pour réaliser ce rêve!  Me voilà donc propriétaire d’un Harley-Davidson Nightster! Arrivée au soir, moment d’angoisse : je n’ai pas d’argent et… je n’ai même pas mon permis encore!

Crédit photo : François Coulombe-Giguère.

Zabel : Oh! Véritable coup de cœur alors?

Catherine : Oui! S’ensuivit évidemment mon cours de conduite. Un jour je pars avec ma sœur : ROAD TRIP direction Charlevoix! Je me souviens encore : je suis à Papineauville, rendue à Fassett (14 kilomètres plus loin) je me dis : je n’y arriverai JAMAIS! Arrivée à Laval, je n’en peux plus, puis à Trois-Rivières je luis dis : j’en ai assez! On dort ici! (Rires). Le retour s’est fait one shot, et deux jours après je réussissais mon examen!

Zabel : Comment se sont passés tes premiers mois d’apprentissage sur la route?

Catherine : J’avoue que la première année fut difficile. Je pleurais souvent : rouler sous la pluie sur une chaussée glissante, tomber dans le sable ou combattre le vent (qui est toujours ma plus grande hantise). Souvent j’ai voulu abandonner… Je voulais aller trop vite, je sautais des étapes d’apprentissage… J’ai persévéré et un jour j’ai réalisé tout mon chemin parcouru et j’avais surmonté mes peurs… Le sentiment de fierté que j’ai eu à ce moment est indescriptible…

Zabel : Une anecdote?

Catherine : Un jour je suis à Las Vegas et je dois me rendre à Los Angeles par l’autoroute, car j’ai peu de temps. Après avoir suivi les “judicieux conseils” d’amis et pour voyager “léger”, je n’apporte pas mon imperméable… ERREUR! Je n’ai jamais roulé sous autant de pluie! Sur l’interstate avec les gros camions qui me rinçaient… J’ai vu apparaitre un Walmart comme si c’était une oasis dans le désert! (Rires). Quelques minutes au sec ne feront pas de tort…

Zabel : Avec ONELAND, Charles-Edouard Carrier et toi avez été les instigateurs de cette vague au Québec. Sans essayer d’imiter, vous avez créé quelque chose. Vous avez apporté un vent de fraicheur et un rayonnement unique dans le monde de la moto, comment cela a commencé?

Catherine : Depuis que je connais Charles-Edouard, les projets nous unissent. Un jour il arrive et me parle du projet ONELAND. Il me demande mon avis. C’était le bon moment, le début des Litas, on sentait l’effervescence d’une nouvelle génération qui s’intéressait à la moto, du sang neuf. On s’est toujours investis avec passion. Il y a beaucoup de travail derrière tout ça.

Zabel : Et Filles de Moto arrive quand?

Catherine :  Lors de mon premier voyage pour le Babes Ride Out East Coast, une amie documente en photos ce road trip et de mon côté j’écris un article sur ONELAND. Après avoir lu mon reportage, Laurence Atkins, de St Laurent TV, m’appelle et me propose un show de filles de motos : “Ça te tente-tu?”

Quand Filles de Moto est arrivée, c’est comme si tout ce que j’avais appris, étudié, expérimenté se réunissait afin de mettre au monde ce projet. Beaucoup de hasard et d’intuition dans mon parcours que j’ai toujours suivi par amour.

Zabel : Ton dernier projet en cours, coécrit avec Charles-Edouard, le livre, 100 ans de moto au Québec, aux éditions de l’Homme, comme c’est intéressant!

Catherine : Oui! Après Filles de Moto, le téléphone sonne : “Bonjour Catherine, je suis Sophie Aumais, éditrice aux Éditions de l’Homme… J’ai écouté Filles de Moto et j’ai adoré : aimerais-tu écrire un livre?”

Ça n’existait pas un livre du genre ici. Depuis un an et demi on a fait beaucoup de recherche. J’aime l’histoire et découvrir ses trésors. Ce livre se veut un survol de l’histoire de la moto au Québec dans les 100 dernières années. Mon background en littérature m’a beaucoup aidée dans ce travail. Le livre est actuellement en révision et paraitra dans quelques mois.

Crédit photo : François Coulombe-Giguère.

Zabel : As-tu d’autres projets en préparation?

Catherine : À cause de la situation actuelle, la troisième saison de Filles de moto est en attente, la sortie du livre est prévue à l’automne 2020 et j’ai un projet de documentaire. Après avoir essayé une moto aventure sur la gravelle, je tenterai probablement d’explorer cette avenue bientôt, car j’ai adoré! À travers tout ça, j’apprivoise mon nouveau rôle de maman.

Zabel : Un projet de vie cette petite! Pour terminer Catherine?

Catherine : Je peux dire que la moto a littéralement changé ma vie. Ça a été le déclencheur d’un million de choses et de projets.

Zabel : Merci de ta générosité Catherine et bonne chance dans tous tes projets, continue de suivre ton intuition, elle ne se trompe pas!

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One thought on “Rencontre avec Catherine David

  1. Très inspirante, cette dame que j’ai rencontrée au Salon de la Moto de Montréal, au Kiosque Oneland, il y a quelques (3 ! ) années et dont j’ai suivi TOUS les épisodes de ” Filles de Moto”.
    Félicitations,
    Lâche pas,
    Bon courage.

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