Mettons les choses au clair : ce gars-là n’a rien à voir avec Dennis Hopper. Tristin Hopper mentionne le nom du célèbre acteur américain, mais le chroniqueur canadien a plutôt l’air de quelqu’un qui ne roulerait jamais en moto parce que c’est trop dangereux.
Cela dit, dans sa chronique intitulée « The case for an all-out crackdown on unmuffled motorcycles » (plaidoyer en faveur d’un contrôle sévère des motos bruyantes), publiée dans le National Post, M. Hopper (Tristin, pas Dennis) dit certaines choses dignes d’intérêt. Ce qui ne l’empêche quand même pas de faire quelques erreurs. Sa connaissance des lois de la physique semble plutôt rudimentaire et il n’a probablement jamais entendu le bruit du vent qui circule autour d’un casque de moto quand on roule à 100 km/h. De plus, on dirait qu’il a des problèmes d’épellation avec le mot douchebag parce qu’il arrive seulement à écrire le d, suivi d’un long tiret…
Mais pardonnons-lui ses problèmes d’épellation et revenons à son texte.
M. Hopper qualifie les motocyclistes qui roulent avec des échappements bruyants de « douchebags narcissiques, insécures, émotionnellement limités, qui veulent juste se pavaner ». Quand il souligne que « même les Harley-Davidson » sont livrées de série avec un silencieux, c’est comme s’il voulait dire que les Harley sont problématiques par ailleurs, mais qu’au moins elles sont munies de silencieux (suggestion de pub pour H-D : Au moins, on a des silencieux!). Il ajoute qu’il accepte le bruit élevé des camions de gravier, des trains de marchandises et des hélicoptères-ambulances (mais après la pause COVID imposée aux camions de gravier, il va peut-être changer d’idée); bref, il accepte le bruit quand il a une utilité.
Mais certains disent que les échappements bruyants ont effectivement une utilité : ils permettraient de sauver des vies. C’est là que la logique de M. Hopper commence à déraper un peu. Il affirme que l’essentiel du bruit des échappements bruyants est produit à l’arrière de la moto et que cela s’explique par l’effet Doppler, ce qui ne se tient pas vraiment si vous connaissez un peu le fonctionnement de ce phénomène physique. Il poursuit en expliquant que l’effet Doppler change la tonalité (la hauteur de son) d’une sirène d’ambulance à mesure qu’elle passe devant nous et il ajoute que « la majeure partie du bruit est produite derrière l’ambulance ». Une partie de ce raisonnement est correcte : si vous projetez un son de trompette vers l’arrière, le conducteur qui arrive de face dans votre voie ne l’entendra pas; celui qui arrive de l’arrière, lui, va l’entendre. Ce qui est faux, par contre, c’est de dire que c’est l’effet Doppler qui explique cela. Je pense qu’on peut reconnaître que la forme des échappements a une incidence sur la direction des ondes sonores, et qu’un changement de tonalité ne rend pas nécessairement un son plus fort ou plus discret. De plus, les motos qui circulent dans le trafic se déplacent à une vitesse très peu élevée par rapport à la vitesse du son, ce qui signifie que l’effet Doppler est alors très léger.
Précisons toutefois en terminant que M. Hopper vise juste en rappelant que le phare allumé, le port de vêtements protecteurs en tout temps, la position dans la voie et le maintien des mains sur le guidon constituent des mesures de sécurité utiles, et il ajoute que ce sont les douchebags qui font beaucoup de bruit avec leurs échappements bruyants. Somme toute, donc, nous accordons à M. Hopper un D en Physique, et un C+ en Gros bon sens motocycliste.
Tristin Hopper a aussi préparé une vidéo de sa chronique (en anglais seulement) avec images et bande sonore intéressantes.
les propriétaire de moto qui s’amusent à faire
du bruit avec leur moto dans les villages, nuisent
à tous, j’en ai vu plusieurs avec des bouchons dans
les oreilles, ou est la sécurité ?