En 2017, presque toutes les motos neuves sont maintenant pourvues d’un système ABS. Une fois essayé et utilisé en situation d’urgence, on ne s’en passerait plus. Mais est-ce infaillible comme système? En février dernier, une étude fut effectuée auprès de 61 motocyclistes venant d’Afrique du Sud, d’Australie et d’Europe qui avaient chuté entre 2010 et 2015 avec des motos équipées d’un tel système. Pour récolter les données, un sondage en ligne fut concocté afin de déterminer les principales causes qui ont mené aux dits accidents. Le but du sondage étant de récolter le plus d’informations utiles au développement technique des systèmes de freinage d’une part, mais aussi d’en connaitre plus sur la formation des pilotes. Premier point constaté et curieusement n’ayant aucun rapport avec le système de freinage : tous ont reconnu les risques inhérents à la pratique de la moto et ont affirmé porter des équipements protecteurs en plus de leur casque lors de leurs sorties sur deux roues (les résultats auraient sûrement différé si nous, Nord-Américains, y avions participé…). La vitesse de déplacement avant de commencer la phase de freinage se situait dans 32% des accidents entre 41 et 60 km/h, alors que dans 13%, les conducteurs roulaient entre 61 et 70 km/h et que dans 7%, ils fonçaient à plus de 100 km/h.
Nous serions tentés de conclure que plus la vitesse était élevée, plus les conséquences furent néfastes pour le motocycliste. Dans la réalité, plusieurs facteurs influencent la gravité des conséquences d’un impact, la vitesse n’en représentant qu’un parmi les autres. Dans les informations personnelles concernant les motocyclistes, l’âge constitue un élément non négligeable tant sur le plan de l’expérience que sur celui des réflexes nécessaires au pilotage d’une moto. Le plus jeune répondant était âgé de 21 ans et le plus âgé de 69 ans, la moyenne se situant à 43,8 ans, et 98,4% étaient des hommes, une seule femme ayant répondu au sondage. Côté expérience de conduite, 32,2% possédaient plus de 20 ans d’expérience moto, 30,6% avaient entre 5 et 20 ans derrière le guidon et 37,3% roulaient depuis moins de 5 ans. Du nombre total interrogé, 93% possédaient un permis sans restriction. En plus d’avoir suivi le cours de conduite menant à l’obtention du permis, 55,7% ont avoué avoir suivi des formations subséquentes en matière de sécurité et 16,7% une formation spécifique sur le freinage avec ABS. Quelles furent donc les circonstances ayant fait que ces pilotes conscients du danger, bien équipés et possédant une expérience moto respectable se retrouvent sur le bitume? Ça s’en vient, mais avant, je veux aborder le sujet qui me chicote depuis le début de ma lecture de l’étude : que pilotaient-ils? Les styles aventure (26,2%), sport-tourisme (21,3%) et tourisme (16,4%) étaient les plus représentés. Les motos étaient relativement récentes (essayez de trouver une moto des années 1970 avec ABS…), 77% ayant été fabriquées entre 2007 et 2015. Les cylindrées de plus de 1000 cc dominent avec 49,2%, suivies par les 600-850 cc avec 32,8%. Ici, j’ai une précision importante à apporter aux données : quatre accidents sont survenus lorsque le système ABS était désactivé (trois fois volontairement et une fois à cause d’une défaillance mécanique). Un autre facteur à prendre en note lors d’analyse d’accidents réside dans les conditions météorologiques. Autre mythe démoli, la majorité des accidents (78,7%) se sont produits lors de conditions favorables (lire ici chaussée sèche). Vous devez sûrement vous dire que dans ce cas les pilotes devaient sûrement être « ronds » comme des beans!… Eh bien, non, car aucun n’avait consommé ni alcool ni drogue!
Quelles sont les raisons des chutes si les pilotes semblaient, disons-le, plutôt expérimentés et les conditions presque idéales? Bien que chaque cas soit unique, le manque de formation sur l’utilisation de freins antibloquants serait montré du doigt par les chercheurs. Car comme avant l’avènement de ce système de freinage, la dynamique du freinage d’une moto doit s’apprendre. Si tous les motocyclistes sondés disent avoir appliqué les freins avant l’impact, rien ne le prouve, et nous n’avons aucune donnée sur l’intensité de freinage appliquée dans chaque cas. Oui, les distances de freinage sont parfois allongées dans certaines conditions, mais généralement, lorsque j’ai eu à freiner d’urgence avec des motos d’essai que je ne connaissais guère, je me suis fié au système et j’ai tenté d’amener la poignée de frein en contact avec le guidon! Jusqu’à présent cette technique m’a toujours réussi, mais en combinaison avec une conduite préventive…
L’ABS est un merveilleux outil, servons-nous-en bien et apprenons à lui faire confiance! Ma conjointe qui roule depuis 20 ans sans ABS s’est acheté une moto qui en est maintenant équipée, je vous quitte donc pour aller lui faire une petite démonstration de son efficacité!