Moto Guzzi Audace 2017: Sophistiquée et rebelle

Par Éric MénardPublié le

Avec la Audace, le fabricant italien Moto Guzzi entend faire sa place dans le marché des power cruisers.
Son nom, qui se prononce Audaché dans la langue de Rossi, évoque une aisance de foncer, l’aplomb, l’assurance, le courage. Tous des mots qui s’appliquent effectivement à cette grosse brute italienne aux airs de dure à cuire. Elle a l’air musclée, fière et féroce. Des lignes pures et simples, des détails de finition haut de gamme et un agencement parfait de toutes les pièces. Visuellement, rien ne détonne sur cette moto. Elle est fluide, du gros pneu arrière jusqu’à sa superbe roue avant. Pas un boulon, pas une soudure qui soit trop en évidence ou mal réussie. Ça fit! Elle est basse et longue et a l’air de dire : « Envoye, essaye-toi! ». Bon je fais peut-être un peu d’animisme, mais il est vrai qu’elle dégage une aura de confiance en ses moyens.

C’est pourtant une power cruiser conventionnelle, mais avec la recette Moto Guzzi aux influences toutes italiennes. Après une heure à son guidon, le mot qui m’est venu en tête pour décrire cette grosse bête aux airs de brute est : confortable. En effet, tout semble se conjuguer pour nous offrir des sensations de conduite plaisantes et constater qu’on a affaire à une moto haut de gamme.

Les cadrans sont beaux, l’affichage l’est tout autant, même les boutons sur le guidon donnent l’impression que Moto Guzzi a une division de design exclusivement pour étudier les boutons et le tableau de bord. Au premier arrêt, j’ai dû chercher pourquoi la moto ne démarrait plus pour constater que j’avais simplement appuyé sans le savoir sur l’interrupteur d’urgence qui est un beau petit bouton pressoir plutôt que le traditionnel gros bouton rouge.

La selle recouverte d’alcantara avec une surpiqûre rouge est juste assez ferme pour bien nous soutenir et juste assez tendre pour s’y asseoir longuement. On l’a aussi bien positionnée à 29 pouces de haut pour nous permettre de bien mettre les pieds par terre aux arrêts et nous installer derrière plutôt que dessus le réservoir. À cette hauteur, une bonne partie du haut du corps se retrouve protégée du vent par la fourche dépourvue de cache, le gros phare circulaire et le réservoir.

Le guidon presque tout droit est très large. Résultat : un look street réussi, mais qui nous oblige à travailler un peu plus fort, car les pilotes au gabarit moyen se retrouvent les bras déjà pas mal étirés avant de devoir les plier pour bouger le guidon. Mais que voulez-vous? On doit bien sacrifier un peu de confort quand on veut un beau look. Si j’en faisais ma moto, je regarderais les options offertes pour me donner plus de confort pour la randonnée.

Le moteur de 1380 cc émet un son rauque et enivrant comme on le souhaite sur une moto de ce type. En plus, le fameux V à 90 degrés place les têtes du moteur bien en vue de chaque côté du réservoir. Pour ajouter au look mauvais garçon, on a évité le chrome. Les seuls accents sur cette moto sont les arêtes du moteur qu’on a laissées de couleur argentée. Sur les routes de la Mauricie où je l’ai essayée, la Audace m’a incité à la malmener, à lui en demander plus. Chaque fois, les reprises me bottaient le derrière et sollicitaient mon côté dark tout comme sa carrosserie. Comme je ne suis pas le gars le plus raisonnable, je me suis laissé emporter par la belle italienne. Mal lui en prit, car je lui ai rapidement fait frotter les repose-pieds sur l’asphalte chaud dès qu’une courbe prononcée se présentait. Malgré sa garde au sol limitée, on a placé les repose-pieds assez haut pour permettre de bonnes vitesses en courbe.

Les suspensions de cette moto sont sûrement l’œuvre d’un rider qui s’est trop souvent fait brasser. Malgré le débattement de suspension limité par la hauteur de cette cruiser, je me suis senti assis sur un petit nuage. Seulement sur quelques routes dont l’entretien est sûrement assuré par une compagnie d’excavation, jamais le confort de mon postérieur n’a été perturbé. Heureusement, parce qu’avec les bras un peu étirés et mon dos arqué, la deuxième suspension sur cette moto est mon jeu de lombaire déjà magané par quelques années de randonnées.

La fourche avec son angle de chasse plutôt prononcé de 33 degrés vient un peu assoupir la direction. Combinée avec le large guidon nous obligeant à faire de grands mouvements, on doit rester vigilant et s’assurer d’avoir une bonne position en entrée de courbe.

Cette moto, c’est un peu comme si James Bond était italien et avait fait du CrossFit. On y retrouve un flair typiquement italien avec une bonne dose de sensations mécaniques. Le moteur est omniprésent : on le sent, on l’entend et il répond présent à toutes nos demandes. De plus, la finesse du design italien se retrouve sous toutes les coutures de cette boulevardière premium.

Moto Guzzi avait effectivement de l’audace quand elle a décidé de s’attaquer au marché des power cruisers, lequel est déjà bien garni considérant la faiblesse relative de la demande pour ce type de moto. En effet, les V-Max, Diavel, XDiavel, Honda Valkyrie, Triumph Rocket III et j’en passe, attendaient de pied ferme la Audace. Malgré tout, elle sait offrir quelque chose de différent qui peut prendre sa place dans ce marché convoité. Avec sa touche de classe et des performances plus que respectables sans être ahurissantes et un confort exemplaire, elle saura sûrement plaire aux riders fortunés en mal de sensations fortes.

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