Par Stéphane Bourque, Lévis
Je vais toujours me rappeler ma première moto. Mais encore plus du jour où je suis allé la chercher. Ça fait cinq ans déjà. C’était une Kawasaki ER-6N achetée d’un particulier. Je demeure sur la rive sud de Québec et le vendeur, sur la rive sud… de Montréal. J’ai mon permis d’apprenti. Je peux conduire seulement quand je suis accompagné d’un autre motocycliste. Ça tombe bien, mon beau-frère a une Harley! Depuis le temps qu’il m’en parle. Bien, il s’offre gentiment pour aller la chercher.
Le plan est simple. À l’aller, je serai son compagnon assis confortablement en arrière à admirer le paysage sur la 20 et, au retour, je conduirai ma moto pour la première fois en revenant par une route bucolique. Laissez-moi vous raconter notre journée. Début du mois d’août. Tout est cool. On est sur la 20, en avance sur notre temps, puis tout d’un coup, aux environs de St-Hyacinthe, on remarque de moins en moins de puissance sur la Harley. Le câble à gaz vient de lâcher. Mon beau-frère débrouillard le tient à la main le temps de se rendre à la sortie qu’on entrevoit tout près. Sortie où il y a… un concessionnaire Harley! Je me sens comme le p’tit gars dans l’annonce, qui se balance et, quand il arrive au sommet, eh bien, il voit le M jaune de McDonald’s. Fou raide. Malheureusement, ils ne pourront pas la réparer sur-le-champ. Samedi après-midi, trop près de la fermeture. Ils la garderont pour la réparer ultérieurement.
Le temps joue contre nous, car il faut aller prendre possession de la moto chez le vendeur et ensuite se rendre à la SAAQ pour la paperasse associée. J’informe le vendeur qu’on va être légèrement en retard. On passe au plan B qu’on vient de mijoter. Ce n’est pas vrai qu’on ne rapportera pas ma moto aujourd’hui. Un taxi nous amène à une compagnie de location d’autos. On se rend chez le vendeur avec l’auto louée. La moto est impeccable. La vente est complétée et on se rend à la SAAQ. Moi, au volant de l’auto louée, le vendeur au volant de la sienne et mon beau-frère au guidon de ma moto. On arrive tout juste à temps avant la fermeture de la SAAQ. La transaction finalisée, on se sert la main. Le vendeur retourne chez lui, tandis que nous partons retourner l’auto louée. Mon beau-frère est toujours au volant de ma moto et moi au volant de mon auto louée.
Comme on avait prévu arriver après la fermeture, on laisse les clés à l’endroit désigné pour ça. Il commence à se faire tard. On n’a pas besoin de se parler. On sait déjà qu’on va refaire la 20 en sens inverse. Mon beau-frère au volant de ma Kawette et moi assis en arrière. Comme il trouvait qu’il ventait beaucoup sur ma Kawette avec son pote, bien on passe au plan C pour le retour. Je dirais plus au plan PC pour « Pas Chic » ou « Pas le Choix », c’est comme vous voulez. On échange nos casques. Il se retrouve alors avec mon super casque, avec seulement une visière et moi avec son pote. Quoi? Pas un full face? Non. Trop cheap. Voyez-vous l’image sur la 20? Si vous nous aviez vus, vous vous en rappelleriez certainement. Une Kawette ER-6N, un chauffeur de Harley avec un casque pis une visière, moi qui ne sais pas trop comment se tenir à l’arrière d’une moto pas trop faite pour deux avec un pote sur la tête. C’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet.
En fait, avez-vous remarqué que je n’ai jamais conduit ma moto cette journée où j’étais supposé faire ma première sortie de moto? Moi, je m’en rappelle. Mon beau-frère aussi. Eh oui, j’ai maintenant un full face. Oubliez ça, il n’y a pas de photos! Non. No. Niet. Demandez-vous pas pourquoi! Peut-être en cherchant sur YouTube quelque part, vous allez trouver une vidéo. Qui sait? Ça ne me surprendrait pas en voyant la face des gens, morts de rire, qui nous doublaient sur la 20! Je vous l’ai déjà dit. C’était quelque chose. M-É-M-O-R-A-B-L-E!
