Je me résigne et j’opte pour la solution facile ; j’insère la puce dans mon GPS Zumo. Cette microcarte SD que j’ai achetée hier, plus petite qu’un ongle, contient tous les détails des sentiers de notre belle province. Je tentais de télécharger cette carte topographique sur mon ordinateur d’Enduro Trail Tech Voyager, mais je ne sais pas comment procéder ou même si l’opération est possible.
Je vais donc utiliser le Zumo pour naviguer et le Voyager pour enregistrer mes aventures et suivre mon tracé par la suite, une fois rentré au bercail. En plus d’assimiler les multiples réglages électroniques de ma nouvelle monture, une Ducati Multistrada 1200 Enduro, je dois maintenant m’y retrouver en gestion de fichiers GPX et dans l’utilisation des logiciels Basecamp et Google Earth.
C’était plus facile avant, je regardais sur une carte en papier et je me lançais à l’assaut des sentiers. D’accord, le terrain de jeux se devait d’être plus restreint, mais quand même, j’arrivais à couvrir pas mal de territoire dans ma région. C’est donc un retour aux balades hors route pour moi et je rêve cette fois de destinations aux horizons lointains. Oui, j’ai succombé au chant d’une sirène cet automne. Pas le genre de sirène aux sobres chants envoûtants qui s’accompagne d’une harpe. Non, imaginez plutôt une sirène rock’n’roll qui gratte sa Stratocaster amplifiée à onze et qui hurle : « Viens te rouler dans la bouette avec moi mon beau! » Du moins, c’est l’image que j’ai en tête quand je regarde ma nouvelle Ducati. Pas tout à fait ce que j’avais prévu, mais l’amour se manifeste d’une drôle de façon parfois, et souvent à l’improviste. Je me préparais à faire le Rally Crush Canada. La moto que je devais prendre était un démo qui affichait pas mal de kilométrage, sans le kit de protection Enduro, et surtout, sans les indispensables pneus double-usage agressifs dont j’avais définitivement besoin pour affronter le parcours pro. J’ai donc fait quelques appels puis signé en haut, en bas et derrière. Voilà, je suis depuis l’heureux propriétaire d’une autre moto et, pour la roder, je l’ai lancée dans les sentiers du rallye avec 19 kilomètres affichés au compteur. L’idée d’une monture de style aventure me trottait dans la tête depuis longtemps, mais ce n’était pas une priorité. Maintenant que j’ai fait le saut, j’ai l’impression de découvrir une facette de notre sport que je me devais d’explorer, dans tous les sens du terme. Ma Multistrada est grosse et pas vraiment légère, surtout lorsque le réservoir de 30 litres est plein, mais elle fait oublier sa masse dès que je passe en deuxième. Aussitôt franchi le cap des 10 km/h, j’oublie les 250 kilos et je fonce, strada* ou pas! Il y a tout un terrain de jeux qui s’ouvre à moi avec cette moto, et je planifie maintenant une autre virée en Haute-Mauricie, même si les prévisions météorologiques parlent déjà de flocons en cette fin octobre. Oui, j’ai vraiment la piqûre! Je dois seulement m’assurer de bien préparer l’aventure. La carte GPS devrait m’aider à m’y retrouver et à planifier un itinéraire. Le dispositif Spot gardera nos proches informés de notre progression. Jean sera de la partie sur sa Super Ténéré, Stéphane sur sa G450 et Jimmy, s’il peut se libérer, y sera aussi sur une G450. Auparavant, j’étais plus enclin à partir vers le sud, surtout si tard en saison. Maintenant, je me dis que s’il neige lors de notre périple, nous rapporterons de belles photos et de bonnes histoires à raconter. Je dois encore terminer les préparatifs et établir deux ou trois itinéraires en espérant avoir quelques jours de temps clément. Je vais quand même apporter une carte papier. Malgré toute la technologie désormais à notre portée, rien ne vaut une bonne vieille carte qui se déplie, et sur laquelle on peut promener un doigt, pointer l’endroit où on veut aller, de même que celui où on aurait dû faire un détour…
*route en italien
