Par René Nadeau, Gatineau
Un ami très proche est décédé du cancer en trois semaines au cours du mois de décembre 2014. Ça m’a brassé. Je m’étais promis de faire un road trip pour fêter mes 70 ans. Je n’avais plus le goût d’attendre : j’ai appelé en Floride mon copain Jocelyn. Il avait lui aussi le désir de partir et voulait tester son nouveau siège Mustang. On a convenu des grands objectifs du voyage : partir de Gatineau et se diriger vers Chicago, suivre sensiblement le parcours de la route 66, bifurquer vers Las Vegas et San Francisco, rouler sur la côte du Pacifique jusqu’à Seattle. Puis revenir par le nord des États-Unis.
Le mauvais temps, au départ, nous a forcés à modifier notre parcours : nous sommes passés par Toronto et, ensuite, nous avons dû descendre jusqu’au Texas pour éviter les orages et les inondations de l’Oklahoma. On a rejoint la 40 à Amarillo. Il faisait chaud au Nouveau-Mexique et en Arizona : nous buvions 1 litre d’eau à l’heure. Pourtant, nous avions des sous-vêtements prévus à cet effet et une couche externe qui respirait. Le bon vieux Gatorade avec son sodium et potassium nous a vraiment facilité la vie.
Nous avons des souvenirs impérissables de la Petrified Forest. Nous avions apporté notre équipement de camping et nous nous sommes installés deux jours à Flagstaff pour explorer le Grand Canyon et Sedona, au sud. Extraordinaire!
Chaque soir, nous regardions une carte générale des États-Unis, puis on précisait le parcours sur Google Maps. Ensuite, nous inscrivions des points sur le GPS. Quand nous arrivions près de notre destination, nous faisions le plein d’essence et cherchions un motel à partir du GPS. La technologie nous a enlevé beaucoup de stress.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers Las Vegas. Disons qu’il faut y aller au moins une fois dans sa vie et visiter le Strip et le centre-ville, la nuit!
Nous avions prévu traverser Death Valley, mais à cause de la chaleur, nous avons préféré contourner par le sud et nous diriger vers Bakersfield et, surtout, Sequoia Park. C’est un paradis pour la moto : avec ses montées, les courbes en U et les arbres magnifiques. Et cela dure plusieurs heures. En arrivant à Fresno, j’étais vidé, mais très souriant. J’ai beaucoup apprécié le moteur de ma BMW K1600 GT quand j’attaquais une courbe serrée en montagne! Jocelyn, avec sa Yamaha 1300, ne l’avait pas aussi facile!
Nous avons rejoint la Pacific Coast, à une centaine de kilomètres au sud de San Francisco, que nous avons visitée à pied, en cable cars et en vélo.
En général, nous roulions de huit heures du matin à trois heures de l’après-midi, ce qui facilitait beaucoup notre recherche d’un motel. Et nous conduisions en bas de la limite permise de 121 km/h sur la plupart des autoroutes. Je dis en général, parce que durant la dernière semaine, nous avons été moins sages.
Sur la Pacific Coast, on est souvent loin de la mer. Et c’est très frais. Le Red Wood National Park, un autre paradis pour les motards, a fait appel à toute notre expérience de conduite. À quelques reprises, nous avons vu des équipes de secours intervenir auprès de motards qui avaient manqué leurs courbes et qui étaient tombés plusieurs dizaines de mètres plus bas.
Nous sommes passés entre Portland et Seattle en route vers Missoula au Montana (les Américains disent « Mizoula » et, surtout, Yellowstone au Wyoming. Un coup de cœur qu’il faut absolument voir : regarder les bisons galoper dans la plaine en toute liberté, les geysers, les montagnes enneigées…
Le retour s’est effectué ensuite trop rapidement et, certaines journées, nous nous sentions zombies. Après 13 500 kilomètres avec des motos fiables et confortables, nous pouvons dire que nous avons fait un road trip. Nous allons parler longtemps de l’amende de 1400 $ que nous avons failli recevoir parce que nous nous étions stationnés au mauvais endroit pour prendre une photo mémorable!