Des choix pas toujours viscéraux!

Par Marc ParadisPublié le

« Si tu ne pouvais n’en posséder qu’une seule, laquelle tu prendrais? »

Je me fais très souvent poser cette question. Pour dire franchement, je n’ai pas de réponse toute faite. Je dirais même que je n’ai plus de vision de la moto idéale depuis bien longtemps. Si plusieurs d’entre vous (je dirais même la majorité) ont choisi ou choisiront une monture en fonction de la capacité de ladite machine à vous séduire, je dirais que, dans mon cas, plusieurs (je dirais même la majorité) des motos que j’ai possédées furent des choix guidés soit par le hasard, des contraintes paternelles ou par un budget très serré.

Voici donc la chronologie des motos dont les clés se sont succédé dans mes poches… Tout a débuté par le printemps hâtif de 1981, presque plus de neige à la fin février! Un ami se retrouve avec une petite Honda Elsinore 50 cc, un vrai petit motocross : mono deux-temps, trois vitesses avec embrayage avec en prime le look d’une grosse machine. Ce sera donc en essayant cette petite bibitte que j’attrapai la piqûre. Désirant posséder moi aussi une petite moto, je mandate mon frère de m’en trouver une « en ville » (j’habitais toujours chez mes parents dans le bas du fleuve). Il m’appela un soir pour me dire qu’il avait trouvé une Yamaha GT80 qui pourrait correspondre à mes besoins. Cette moto nous apprit quelques rudiments mécaniques tant elle passait plus de temps dans le garage au lieu de rouler, mais peu importe, la graine était semée.

Trois ans plus tard, à l’approche de mes 16 ans, je prévois me procurer une rutilante Interceptor 500 flambant neuve, payée avec mes gains des durs travaux de la ferme des trois étés précédents. N’étant pas encore majeur, mon père refuse d’apposer son approbation, disant que le montant était trop élevé pour mes moyens. En y repensant aujourd’hui, je comprends son raisonnement. Sachant qu’un confrère de la polyvalente (pour les plus jeunes, c’est le terme qui était utilisé pour désigner les écoles secondaires) avait déjà en sa possession une moto identique, mon père s’imaginait sûrement que nous prévoyions comparer les deux machines, et pas seulement en les regardant dans un stationnement… J’ai donc dû me rabattre sur une autre moto plus « raisonnable », une Virago 500, pas tout à fait la même chose… Quoi qu’il en soit, le V-Twin m’apprit les rudiments de la route sans trop de mauvaises surprises, sauf une fois… Lors d’un dépassement calculé disons un peu serré, je me rendis compte qu’il me manquait quelques chevaux…

Après deux ans, je décidai donc de passer à une quatre cylindres, la Yamaha Radian. Le budget était respecté, je la trouvais plutôt réussie comme hot rod, mais ne pouvant en dénicher une dans ma région, je dus me rabattre sur une Maxim 750 tout juste rodée. Encore une fois, je ne roulerai pas mon premier choix… J’ai aussi bien aimé ce custom à la japonaise typique du milieu des années 80.

En 1994, je décidai que je passais pour de bon du côté des sportives. Avec un emploi précaire, en appartement, avec une voiture et un budget moto encore plus mince qu’à mes débuts… Je vendis la Maxim et m’acheta une Seca Turbo ayant pas mal vécu. Disons que son carénage protégeait bien des intempéries…

Un an plus tard et avec un peu plus de budget, ce sera une Katana 600 qui la remplaça. Pas non plus la moto de mes rêves, mais plus récente de 10 ans, elle me permettait au moins de suivre mes comparses de l’AMVC. Cette moto fut celle qui marqua mes deux fils, car elle demeura en ma possession une décennie durant. Après une session de formation en piste, je m’aperçus que ma vieille jument (qui était très loin d’une GSX-R1100 même lorsque neuve) se rapprochait de l’abattoir. J’hésitai entre une ZX-9 et une VTR, mais les plans futurs de la SAAQ de créer une catégorie de motos à risque me firent pencher du côté d’une Bandit 1200. Celle-ci fut également un choix no 2, mais je l’ai beaucoup appréciée, surtout son couple qui soulevait l’avant à volonté sur le premier rapport…

Ma phobie du 60 000 km au compteur me poussa à la vendre quatre ans plus tard; une FZ-1 de première génération, en condition salle de montre malgré ses 25 000 km, m’ayant fait de l’œil sur un site d’annonces classées. Il me fallut plus de deux mois pour vendre la Bandit et par un beau dimanche d’octobre, fier de ma vente, j’appelai le vendeur qui me donna comme réponse qu’il avait lui aussi vendu la sienne le même jour!

Ne voulant pas passer un hiver sans moto, je me dénichai ma Z750S qui était comme ma Maxim, juste rodée. Encore une fois, elle n’était pas mon premier choix, mais elle fit partie de ma vie durant sept ans… Même si toutes ces motos ne furent jamais des coups de foudre, elles m’ont toutes appris quelque chose et, par-dessus tout, elles m’ont permis de toujours rouler sans arrêt depuis plus de 30 ans. Ça, ça vaut bien des « motos idéales ».

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