Il y a quelque chose de changé. C’est ce que je me disais en tournant autour de la Tuono, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Puis j’ai aperçu l’ancienne Tuono, la machine de notre guide pour cette petite escapade dans la campagne italienne, et j’ai compris. « Elle a perdu son affreux nez! » me suis-je exclamé (intérieurement).
L’ancienne Tuono était une moto fonctionnellement brillante, avec une face de maringouin. Mais ils ont réglé le problème maintenant. Et j’espère que l’ancien designer s’est trouvé un travail mieux adapté à son style, comme par exemple le design de pelles de bulldozers.
En plus de son amélioration côté look, la belle italienne a eu droit à un gain d’alésage de 3 mm, pour une cylindrée de 1077 cc. Elle fait un bond de puissance impressionnant avec 20 chevaux supplémentaires. Le V4 produit maintenant 175 chevaux à 8000 tr/min.
La Tuono est offerte en deux déclinaisons : la Factory avec suspension Öhlins, et la RR avec composantes Sachs. Avec le système APRC (Aprilia Performance Ride Control) en position Route, nous nous dirigeons à rythme soutenu vers les collines à l’extérieur de Misano.
La vitesse à laquelle on peut couvrir des kilomètres sur les chemins publics avec la Tuono est remarquable. Avec son guidon large et plat qui offre un excellent levier, et sa très solide bande de puissance à moyens régimes, on peut choisir n’importe quel rapport (vraiment) et simplement conduire. Mais on peut aussi s’amuser avec la boîte de vitesses au fonctionnement fluide, faire grimper le régime et filer comme une fusée. Notre randonnée en Tuono est très courte, car nous ne voulons pas être un retard pour les essais en piste de la RSV4 à Misano. Nous prenons tout de même le temps de faire un petit arrêt sur une route en surplomb pour jeter un coup d’œil à la piste de terre-battue privée de Valentino Rossi, dans son village de Tavullia. Blottie au milieu des collines italiennes, c’est la plus belle piste de terre-battue que j’ai jamais vue (le genre de choses qu’on peut se payer avec un salaire annuel de plus de 20 millions de dollars, je suppose).
Le revêtement des routes de montagnes locales est loin d’être impeccable, mais la suspension permet de rouler avec un bon sentiment de confiance; il me semble que cette nouvelle Tuono a une suspension plus souple que l’ancien modèle. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une machine de tourisme. Par contre, son petit carénage crée une poche d’air étonnamment calme et, dans l’ensemble, cette machine est plus fonctionnelle qu’on ne pourrait le croire pour un usage au quotidien. Avec une paire de valises souples, elle pourrait même vous emmener faire de belles petites escapades. Cela dit, la Tuono est aussi une impressionnante machine à faire des wheelies, et le son de son moteur est tellement enivrant que tout le reste devient secondaire.