L’éthanol: biocarburant de l’heure

Par Michel GarneauPublié le

Les essences dites « augmentées » de l’éthanol font partie de notre milieu depuis maintenant quelques années. Comme on pourrait s’y attendre, certains leur attribuent tous les défauts du monde alors que d’autres y voient une véritable panacée capable de régler nos problèmes énergétiques. Comme toujours, la vérité est entre les deux et ce biocarburant, à moins d’énormes changements dans les politiques gouvernementales, risque d’être avec nous pour longtemps encore. Alors, de quoi s’agit-il au juste?

Chimie 101
L’éthanol (ou alcool éthylique) appartient à la famille des alcools, ce qui veut dire qu’il s’agit d’un composé chimique constitué de molécules assemblées à partir d’atomes de carbone, d’hydrogène et d’oxygène. Plus précisément, la formule chimique est C2H6O (ou, pour être encore plus rigoureux, CH3CH2OH), la présence d’un atome d’oxygène la différenciant des hydrocarbures qui, eux, ne contiennent pas d’oxygène. Cette caractéristique est jugée avantageuse par certains, car elle permet son utilisation dans le carburant à titre d’agent d’oxygénation. En d’autres mots, celle-ci introduit davantage d’oxygène dans le mélange (et donc la chambre de combustion), réduisant ainsi les émanations de monoxyde de carbone (un gaz toxique produit par la combustion incomplète). Dans ce rôle, l’éthanol remplace le MTBE (ou méthyl tert-butyl éther) utilisé antérieurement et lié à des problématiques d’environnement et de santé.

L’éthanol offre aussi un indice d’octane élevé (parlons d’un indice de 99 utilisant la méthode nord-américaine de R+M/2), ainsi qu’un point de congélation des plus bas, deux atouts pour un carburant.  Celui-ci est également miscible à l’eau en toutes proportions, un autre trait avantageux dans certaines conditions, notamment en utilisation hivernale où sa présence aide à prévenir le gel des conduits. En contrepartie, sa capacité de se mélanger si librement avec l’eau le rend aussi hygroscopique, indiquant que l’éthanol a tendance à absorber l’humidité de l’air. De plus, une fois le point de saturation d’eau atteint, l’éthanol est disposé à se séparer de l’essence. Du côté pratique, ces deux caractéristiques font que l’éthanol n’est pas optimal pour l’entreposage à long terme.

Parlons aussi d’un solvant, lui donnant la capacité de nettoyer le système d’alimentation. Par le passé, certains sont devenus familiers avec cette caractéristique à leur détriment lorsqu’ils ont utilisé un carburant à l’éthanol pour la première fois. Dans de tels cas, on s’est parfois retrouvé avec une accumulation de saletés et d’impuretés dans un endroit indésirable, comme la pompe à carburant ou dans un injecteur, suite à leur délogement par l’éthanol.

L’éthanol est aussi corrosif, attaquant certains matériaux, dont le caoutchouc. Bien que celui-ci soit nettement moins volatil à cet égard que son confrère le méthanol, nombreux sont ceux qui ont dû remplacer des membranes ou joints d’étanchéité suite à son utilisation. Il faut dire que ceci n’est plus réellement problématique aujourd’hui, les fabricants de véhicules s’étant adaptés en ajustant le choix de matériaux utilisés.

Du côté énergie, l’éthanol est nettement inférieur à l’essence, celui-ci livrant seulement 67 % de l’énergie de ce dernier à volume égal. Cela explique, entre autres, pourquoi les gens rapportent souvent une hausse dans la consommation de carburant lorsqu’on fait le saut vers l’éthanol. En contrepartie, en raison de son indice d’octane plus élevé, l’éthanol tolère mieux les rapports volumétriques plus élevés, le rendant très efficace dans certaines applications de haute performance. De plus, sa tendance à s’évaporer facilement (ensemble avec le volume supplémentaire requis pour égaler l’énergie de l’essence) aide à refroidir les composants (dont les pistons), permettant de hausser davantage le taux de compression (et donc augmenter la puissance) sans produire de détonation.

L’éthanol chez nous
Alors que l’alcool éthylique peut être fabriqué de nombreuses façons, il est généralement produit par la fermentation de maïs, ici, au Canada. Il s’agit d’une façon relativement peu efficace d’y arriver, mais certains prônent tout de même son utilisation, indiquant que ceci réduit notre dépendance sur le pétrole étranger.

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