À un temps, les amateurs des sports motorisés débattaient du « rouge » versus le « jaune », alors que dans le jargon moderne, on parle de « super » et « d’ordinaire », ou encore de « 87 » ou de « 91 ». Peu importe le langage utilisé, le sujet de l’indice d’octane de l’essence a toujours soulevé les passions des adeptes, et ce, de façon plutôt particulière, pour ne pas dire obsessive. Alors, qu’en est-il au juste de ce sujet qui semble si mystérieux (et intemporel) pour un bon nombre de gens?
Définition
Le dictionnaire Larousse définit l’expression indice d’octane comme étant le « nombre d’une échelle conventionnelle, entre 0 et 100, exprimant la résistance à la détonation des carburants utilisés dans les moteurs à allumage commandé ». En d’autres mots (et de façon très générale), il s’agit d’une unité de mesure indiquant la résistance à l’essence de brûler de façon involontaire, soit sans l’allumage de la bougie. Rien de nouveau là, vous dites-vous. En effet, du moins à première vue… Toutefois, il s’agit en pratique du seul point essentiel que l’on doit retenir afin de démystifier toutes les légendes urbaines qui entourent le sujet.
Détonation, tu dis?
Alors, selon le vénérable M. Larousse, un indice d’octane élevé indique un carburant ayant une plus grande résistance à la détonation… mais qu’est-ce la détonation au juste? Pour commencer l’explication et faciliter la compréhension, il est important de nuancer que malgré le fait qu’on parle (parfois) techniquement de « moteur à explosion », la réalité est que la combustion ne se fait pas par « explosion » en tant que telle, mais plutôt par la flambée très rapide du mélange (pensez à un feu de paille qui se déplace dans un champ, par exemple), celle-ci débutant dans la région immédiatement adjacente de la bougie.
Alors, pour revenir à la détonation, il s’agit de la combustion de la charge sans l’intervention de la bougie. Toutefois, à la différence de la préignition, soit l’allumage de la charge avant l’intervention de la bougie, la détonation a lieu après que la bougie ait fait feu. Comment se peut-il, vous demandez-vous? Souvenez-vous que le front de flamme créé au moment de l’allumage de la bougie se déplace rapidement à l’intérieur de la chambre de combustion, ayant pour effet de faire grimper rapidement la pression et la température internes. Lors du déplacement de la flamme, et avant que celle-ci ne se rende aux points les plus éloignés de la bougie, des régions de mélange surchauffé et chimiquement instable se forment. La détonation se produit lorsque celles-ci, en raison d’un indice d’octane insuffisant, s’auto-enflamment, et ce, de façon explosive, créant des énormes pics de pression. Ceux-ci sont tellement puissants qu’ils ébranlent le piston dans le cylindre, désarçonnant les segments et transférant un impact énorme à la bielle et au vilebrequin. On nous parle d’un effet semblable à frapper le piston avec une masse. Sans grande surprise, la violence de cette réaction produit le cliquetis que nous connaissons.
Alors, la hausse de l’indice d’octane est conçue pour éviter cette situation destructive et tout à fait indésirable.
Alors, quand du « super »?
L’utilisation d’essence à indice d’octane élevé est généralement réservée aux moteurs à rapport volumétrique élevé, la hausse du taux de compression rendant ceux-ci plus vulnérables à la détonation. On recommande parfois l’utilisation d’une essence à indice d’octane plus élevé lorsque nous devons faire face à des situations qui placeront un stress supplémentaire sur le moteur (et augmenteront donc sa température), par exemple, en tirant une grosse remorque (pour un camion) ou lors d’une « journée de piste » pour une moto. Sachez, toutefois, que de façon générale, à moins que le fabricant de votre moto ne vous l’exige, ou que votre moteur ait été modifié, vous ne tirerez pratiquement aucun avantage à utiliser « du rouge » (même que vous risquez de perdre de la puissance, sans parler de vider votre portefeuille plus rapidement).