Ducati Scrambler

Par James NixonPublié le

Oubliez le buzz dans les médias sociaux. Oubliez la campagne de marketing un peu trop fleur bleue. Oubliez les images préfabriquées. La Ducati Scrambler est une véritable moto, une moto simple, au caractère bien affirmé.
Et elle a de la gueule. Partout où nous nous sommes arrêtés pendant nos deux jours de randonnée dans le nord de la Californie, elle a attiré l’attention. La couleur jaune du modèle Icon ne passe pas inaperçue, bien sûr, mais la simplicité même des machines était aussi un élément d’attraction fondamental. Le look et le nom de ces Scrambler sont empruntés à une Ducati monocylindre des années 1960 (l’inscription Born Free 1962 est gravée sur le bouchon du réservoir à essence). La firme italienne décrit la Scrambler comme un modèle « post-héritage ». Autrement dit, Ducati a voulu créer un modèle conforme à l’évolution qu’il aurait connue si sa production n’avait jamais été interrompue.

Côté motorisation, les Scrambler sont dotées d’un moteur avec refroidissement par air, le seul que l’on retrouve désormais dans la gamme des Ducati. Élaboré à partir de l’ancien moulin des Monster 796, ce V-2 de 803 cc respire à travers deux soupapes à commande desmodromique. Selon la firme, il produit 75 ch et un couple de 50 lb-pi. Rien de particulièrement impressionnant. En fait, sur papier, la Scrambler semble plutôt ordinaire : cadre en treillis d’acier, fourche inversée non ajustable et monoamortisseur Kayaba, frein à simple disque à l’avant, ABS. La caractéristique plus high-tech est le connecteur USB pour recharger votre i-Bidule. Bref, sa fiche technique n’a rien de renversant.

Dès que je suis monté en selle, par contre, mes perceptions ont commencé à se transformer. La Scrambler est agréablement légère (186 kg) et sa selle plutôt basse (790 mm) offre un bon niveau de fermeté. Personnellement, je suis un peu à l’étroit avec mes six pieds deux pouces, mais son ergonomie devrait s’avérer idéale pour les pilotes de taille moyenne. Le guidon est large et suffisamment reculé pour engendrer une bonne position de conduite, avec le torse relevé. Mais au-delà de ces observations techniques, la Scrambler dégage quelque chose de particulier : même à l’arrêt, elle évoque le fun de conduire une moto.

Quand on appuie sur le démarreur, ce sentiment grimpe d’un cran à l’écoute du ronronnement caractéristique des Ducati desmo refroidies à l’air. Les commandes sont très simples et il n’y a pas de mode de conduite ou de niveaux d’antipatinage à sélectionner – à vous de tout contrôler avec vos mains et pieds. Le bloc d’instrumentation circulaire à affichage ACL est élégant et particulièrement facile à lire. On y retrouve les informations classiques : vitesse, régime du moteur, odomètre, totalisateurs journaliers, heure. L’affichage du compte-tours est original puisqu’il se déplace de droite à gauche dans la moitié inférieure du cadran (en hommage aux anciens modèles Scrambler). Le bloc d’instrumentation est décalé vers la droite, comme pour ne pas lui donner trop d’importance et pour qu’on puisse mieux se concentrer sur la route et l’expérience de conduite.

Cette moto mise clairement sur la simplicité; elle vous invite à oublier pour un instant la surabondance technologique de notre vie moderne. Au début, je trouvais le guidon étonnamment élevé; mes avant-bras pointaient légèrement vers le haut, comme sur certains modèles de cruisers. Mais quand je me suis mis debout sur les repose-pieds pour mieux voir l’île d’Alcatraz en traversant le célèbre pont Golden Gate de San Francisco, j’ai compris : ce guidon large et haut permet de conduire en position debout de façon très naturelle. Car il ne faut pas oublier que, par définition, les machines de type scrambler sont conçues pour être pilotées en dehors des chemins asphaltés à l’occasion. Ce qui explique également la présence des pneus Pirelli MT 60 RS au dessin hors-route passablement prononcé, conçus spécialement pour la Scrambler. Ils sont montés sur une jante de 17 po à l’arrière, et 18 à l’avant. Besoin d’une confirmation supplémentaire des intentions hors-route de la Scrambler? L’ABS est désactivable.

La commande de l’embrayage est souple et la transmission permet des changements de vitesse bien nets. Au début, je trouvais la réponse de l’accélérateur un peu trop sèche, mais c’est sans doute par ce que je venais de rouler sur une Monster 821 à l’accélérateur particulièrement soyeux. Après quelques minutes de conduite le long du Pacific Coast Highway, je me suis habitué et la Scrambler s’est adoucie. En fin de journée, quand le soleil descend et qu’on roule plus mollo, la machine file à 120 km/h avec une attitude aussi cool qu’un surfeur californien. Bien sûr, il faut faire travailler le moteur un peu pour maintenir cette vitesse, mais comme la plupart des engins de Ducati, celui de la Scrambler aime bien les régimes élevés.

Sur les routes plus serrées, le comportement de la Scrambler m’a surpris. Quand le rythme de notre groupe s’est accéléré, je m’attendais à ce que notre chef de file s’échappe loin devant sur sa Panigale. Mais non. En faisant grimper le régime de la Scrambler jusqu’à sa zone rouge à 9000 tr/min, la machine bondissait vers l’avant avec force et constance. La suspension est plutôt souple, mais elle est bien équilibrée pour la majorité des situations de conduite (on peut ajuster la précharge de l’amortisseur). Quand on pilote avec beaucoup d’entrain, on sent que la moto oscille un peu en milieu de virage, mais jamais de façon excessive ou inquiétante. De même, le frein avant à simple disque peut sembler insuffisant à première vue, mais son étrier Brembo à quatre pistons à montage radial engendre des arrêts très sûrs. Quant aux pneus, leur adhérence est tout simplement extraordinaire. Prenez garde, car il n’y a pas d’avertisseurs sous les repose-pieds et le tuyau d’échappement touche l’asphalte avant que les pneus ne soient à bout de souffle.

Comme la Scrambler est une machine conviviale et abordable, elle pourra très bien combler les besoins de motocyclistes qui commencent à prendre de l’expérience ou qui sont de plus petite taille. En fait, cette Ducati d’entrée de gamme a beaucoup à offrir et même les pilotes aguerris auront du plaisir à la piloter. Elle permet d’avaler confortablement les kilomètres de façon très relaxe, de clencher sur les petites routes sinueuses ou de s’évader sur les chemins de gravier. C’est une moto à la fois simple, polyvalente et pleine de caractère qui s’adapte à votre état d’esprit du moment.

Au-delà des images ultra-méga-cool, Ducati affirme sur son site Internet que « la Scrambler est le parfait mix entre tradition et modernité, marquant le retour à l’essence du motocyclisme : deux roues, un large guidon, une motorisation simple et énormément de plaisir ». Nous leur donnons raison sur ce point.

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