Vous hésitez entre la H2 et la H2R? Achetez les deux!
Les Kawasaki Ninja H2 et Ninja H2R sont certainement des machines exotiques et exclusives, mais pas besoin d’aller jusqu’au Qatar pour en piloter une. Nous avons eu la chance d’assister à la première livraison d’une H2 à son propriétaire en sol canadien. Quand nous sommes arrivés chez le petit concessionnaire Cycle One à Woodstock, dans le sud-ouest de l’Ontario, la machine était encore dans sa caisse. Et Dennis Patrick était excité comme un enfant.
Bien sûr, la H2 est dotée d’un moteur suralimenté par compresseur, mais ce n’est pas la seule chose qui la rend si désirable. Elle est également habillée d’une peinture noire absolument magnifique. Sa teinte change selon la lumière, comme la couleur de l’eau d’une rivière qui coule. Elle a des reflets chromés dans la lumière vive, et elle devient d’un noir très profond quand l’éclairage diminue. Le fini lustré renvoie parfaitement l’image du plancher à damier, et les mains de Walt Neutel de Cycle One pendant qu’il démonte la cage d’acier qui protège la moto.
« Le fini est tellement beau que j’ose à peine y toucher », dit Neutel. D’ailleurs, peu de personnes auront ce privilège compte tenu du prix de la H2 : 27 500 $. Quant à la H2R, elle fera un trou encore plus gros dans votre porte-monnaie avec son coût de 55 000 $. Selon Neutel, 35 H2 – et seulement cinq H2R – seront importées au Canada. Comme on peut s’en douter, Dennis Patrick est le seul Canadien à en acheter une de chaque…
« Dommage qu’elles n’aient pas pu être livrées en même temps », commente Patrick (sa H2R était encore en transit au moment d’écrire ces lignes). « Quoiqu’au fond, c’est peut-être une bonne chose, poursuit-il, je vais pouvoir m’habituer à la H2 pour commencer. »
Pourquoi un Ontarien retraité de 60 ans a-t-il décidé de s’acheter une paire de motocyclettes aussi extrêmes? Pour cet ancien compétiteur, qui faisait des courses d’accélération au guidon de la H2 originale, cela allait tout simplement de soi. Son histoire commence avec une Kawasaki H2 750 de 1972, avec laquelle il a accumulé 23 billets d’infraction en une seule saison sur la route. « Je me suis dit alors que j’avais intérêt à opter pour les circuits… » Il a participé aux épreuves nationales canadiennes, à celles de Milan, au Michigan, puis au circuit de l’International Drag Bike Association (IDBA). « J’ai établi mes premiers records de l’IDBA en 1987, et je me suis retiré de la compétition en 1990. »
Entre-temps, il avait lancé l’entreprise Falcon Performance et il détenait les droits de distribution canadiens pour les carburateurs de course Lectron. Il a ensuite diversifié son entreprise et s’est spécialisé ensuite dans le secteur des compresseurs et de l’équipement industriel.
L’été dernier, après une longue période à l’écart des pistes de drag, il est retombé en amour avec cette discipline. « Je me suis acheté une ZX-14R, j’ai perdu 80 livres et j’ai fait 300 départs l’an dernier. Un jour, j’ai demandé à Walt (de Cycle One) de me trouver une moto à modifier pour la course. Il m’a dit d’attendre parce qu’une machine de malade allait bientôt sortir. Quand j’ai vu les images, et quand j’ai su qu’en plus, ils l’avaient appelée H2, je savais que ce serait une moto exceptionnelle. »
Mais pourquoi acheter la H2 et la H2R? « Ça s’est enchaîné tout seul. Je voulais construire une moto en l’honneur de Dave Schultz (un ami Américain amateur de courses d’accélération) et une en l’honneur de ma mère. Finalement j’ai dédié la H2 à Dave, et la H2R à ma mère. » Voilà un beau geste, mais tout de même coûteux : avec les taxes, les deux machines totalisent près de 100 000 $. « Nous avons eu de l’aide de bons amis, et ma mère m’avait laissé un peu d’argent, c’est pour ça que c’est à elle que je dédie la H2R. Elle a joué un rôle précieux dans ma vie et m’a appuyé pendant toute ma carrière de coureur. Même si elle ne comprenait pas ce qu’il y avait de si intéressant à rouler vite sur une moto… »