Entrevue avec Dorit Mangold, la directrice du projet C evolution
« Pour moi, le principal défi relié à ce projet, explique Dorit Manglold, ça a été de convaincre les gens à l’interne [chez BMW], et à l’externe, qu’il y avait des clients prêts à acheter ce genre de produit. Heureusement, nous avions des personnes à la division automobile qui avaient de l’expérience avec les voitures électriques et la problématique des batteries. Sans cet apport, je ne crois pas qu’on aurait pu lancer ce projet, ou du moins pas maintenant. »
En ce qui concerne les points de recharge, c’est un peu le problème de l’oeuf et la poule, poursuit Mangold. S’il n’y a pas d’infrastructures pour les recharges, les gens ont tendance à utiliser cette raison pour ne pas acheter de véhicules électriques. Et s’il n’y a pas assez de véhicules électriques, on n’installe pas de bornes de recharge. Alors, par où commencer?
« La première étape, c’est d’avoir un bon produit à offrir, et c’est ce que nous avons fait. Bien sûr, tant qu’il n’y aura pas de bornes de recharge publiques, cet aspect constituera un facteur limitant – car les gens devront avoir accès à des points de recharge privés, à la maison ou au travail. Mais dans des villes comme Barcelone ou Rome, cela correspond tout de même à un grand nombre d’utilisateurs potentiels. Et plus il y aura de véhicules électriques, plus la pression s’accentuera pour que les autorités installent des bornes publiques. »
Les études préliminaires réalisées par BMW ont indiqué que les distances parcourues au quotidien par la plupart des usagers étaient inférieures à l’autonomie de ce scooter électrique. « Pour eux, la recharge quotidienne ne pose donc pas de problème en termes d’autonomie. Toutefois, si on veut également atteindre les usagers qui vivent au coeur des villes et qui n’ont pas de garage, les bornes publiques deviendront un enjeu majeur. Mais ce segment fera sans doute partie de la deuxième vague visée par les véhicules électriques. »
Mangold explique que les manufacturiers devront s’entendre pour établir des normes uniformes pour les câbles et les branchements destinés aux motos et aux scooters. Cet aspect sera essentiel pour favoriser l’éclosion des bornes de chargement dans les villes et ailleurs.
« Le marché des motos électriques ne va pas exploser dans les deux ou trois prochaines années, mais c’est une tendance solide et ce segment va continuer à se développer. Je pense que le C evolution va avoir un impact positif sur le marché. Bien sûr, on ne s’attend pas à dépasser les ventes des GS dès la première année… Mais nous venons de faire un pas important en termes d’image et pour nous positionner en tant que joueur crédible dans le secteur des véhicules électriques. Et il s’agit là d’un aspect extrêmement important. »
« Ce scooter va aussi nous permettre d’en apprendre davantage sur les véhicules électriques et sur les besoins des utilisateurs, ajoute Mangold. Nous allons prendre de l’expérience au fil des années à venir et il y aura certainement d’autres motos électriques BMW. » Et même des machines sportives? « Pourquoi pas, il y a du potentiel pour toutes les sortes de moto! »