Par Guy Caron
Je dois avouer que j’étais déjà complètement accro avant d’avoir fait un tour complet du tracé.
Beaucoup de pilotes de moto hors route rêvent de s’amuser sur un terrain de golf. Que peut-il y avoir de plus invitant que ces grands espaces verts ondulants et parsemés de trappes de sable? Il y a environ une vingtaine d’années, une bande de motocyclistes de l’État de New York auraient eu la chance de vivre ce rêve. Un terrain de golf en faillite destiné à devenir un développement résidentiel et l’ouverture d’esprit d’un banquier ont permis que les verts soient offerts aux crampons des chanceux du coin le temps d’un automne.
J’avais eu vent de cette opportunité, mais à l’époque, je n’ai pas eu la chance de m’y rendre pour en faire l’expérience. Je crois cependant avoir trouvé une alternative tout aussi amusante comme terrain de jeux : un centre de ski! De plus, c’est chez nous et accessible une fois l’an, à chaque printemps. En 2000, j’ai découvert le Mountain Cross de Vallée-Jonction, un événement annuel qui avait cours depuis quelques années déjà. Qu’est-ce qu’un Mountain Cross? Tout simplement des courses sur un circuit dessiné sur des pentes de ski recouvertes d’une belle neige de printemps fraîchement damée, offrant une superbe traction, avec des montées qui se prennent à fond et des descentes qui font écarquiller les yeux. Je dois avouer que j’étais déjà complètement accro avant d’avoir fait un tour complet du tracé à ma première tentative.
Pour cette première participation, j’avais préparé ma YZ426 avec un pneu arrière de course sur glace et un pneu avant de ma fabrication. Mon idée de ne pas prendre un pneu pour la glace à l’avant était que sur la neige durcie, le pneu avec des vis courtes, beaucoup plus léger, serait suffisant côté traction et que j’aurais ainsi une meilleure maniabilité. Nous étions les premiers en piste le matin et avec le choix de lignes sur la piste vierge (c’est très large des pentes de ski comparativement à disons une piste de motocross), je pouvais y aller à ma guise. Ma partie favorite était le virage à gauche au pied de la descente, face au chalet où était le fil d’arrivée, suivi de la montée pour retourner au haut des pentes. Prendre le petit mur en grimpant le bas de la pente expert, en quatrième à fond, et planer sur une centaine de pieds avant de continuer l’ascension à plus de 100 km/h : trop amusant!
Quand je suis retourné en piste pour la première des deux manches de course, j’ai trouvé un décor changé énormément. Le tapis de neige bien égal du matin s’était transformé en un couloir glacé et défoncé après le passage des motoneiges et des innombrables VTT des autres classes au programme. Encore amusant, mais à ce moment, j’ai compris que mon choix de pneu avant ne serait définitivement pas un avantage. Au pied de la descente, dans mon virage favori, je devais m’approcher le plus droit possible pour ne pas voir l’avant se dérober et ensuite lancer la moto de côté pour me ralentir en utilisant le rebord de neige à l’extérieur du virage. Facile à dire, mais pas si facile à exécuter. Imaginez-vous descendre une pente de ski, à peut-être 90 km/h, et foncer vers un virage incliné vers l’extérieur sans pouvoir freiner autrement qu’en incrustant la moto dans ce remblai de neige lourde de deux mètres de haut… J’ai quand même fini en troisième position et j’ai appris.
L’année suivante, mieux préparé avec deux bons pneus, j’ai pris ma revanche! Mais quoi qu’il en soit, rouler sur les pentes demeure une expérience hors du commun, il faut le vivre pour bien comprendre ou, tout au moins, le voir de ses propres yeux. Je sais où l’on peut rouler en Mountain Cross, mais si jamais vous avez vent qu’un terrain de golf est prêt à accueillir les motocyclistes sur ses gazons, faites-moi signe s’il vous plaît! J’aimerais bien pouvoir en faire l’expérience pour trancher la question : quel est le terrain de jeux le plus amusant?