La Rivale est une machine inspirée de la catégorie supermotard. Et comme, essentiellement, les supermotards sont des machines de motocross avec des roues et des pneus de route, cela signifie qu’on se retrouve avec une position de conduite de type motocross, mais avec un tricylindre de 800 cc entre les pattes. Ajoutez à cela le fait que ce moteur est l’un des plus excitants de l’univers motocycliste et vous êtes prêts pour une expérience hors normes. Quand on roule sur la Rivale, on est haut perché et on ne voit aucune partie de la moto; c’est comme si on filait dans l’espace sur une machine invisible capable d’atteindre 250 km/h.
Avec sa production de moins de 10 000 motos par année, MV Agusta est une très petite compagnie. Pour vous donner un point de comparaison, Ducati vend environ 50 000 machines par année et on peut compter le double pour KTM ou BMW. Si une petite entreprise comme MV réussit à fabriquer de si bonnes motos, c’est certainement parce qu’elle peut compter sur une solide équipe d’ingénieurs et de designers. Et c’est pourquoi il est d’autant plus frustrant de devoir souligner certaines lacunes.
Dans les bas régimes, la Rivale a un creux tellement prononcé dans sa bande de puissance qu’on a l’impression de tomber en panne d’essence avant de s’y habituer. Par contre dès qu’on passe le cap des 5000 tr/min, le moteur tire avec une force remarquable et sa courbe de puissance semble très linéaire, sans creux ni bosses, juste une pente régulière (et à pic!) vers le haut. Le moteur affiche également une tendance à varier de régime quand on maintient l’accélérateur en position stable. MV a fait de grands pas en avant en matière d’alimentation moteur et de réponse de l’accélérateur, mais la firme n’a pas encore atteint le niveau des grands manufacturiers à cet égard.
Cela dit, quand on peut enfin quitter l’autoroute et embarquer sur des petites routes sinueuses, la Rivale tombe en plein dans son élément – et il en va de même pour la Dragster. En conduite sportive avec ces machines, on fait rarement tourner le moteur à moins de 5000 tr/min et on joue constamment de l’accélérateur. Le tricylindre brille alors de tous ses feux et on peut même dire qu’il s’approche de la perfection. Combiné à des freins efficaces et une suspension ferme, on se retrouve avec une moto superbement incisive pour dévaler les routes secondaires. Je me souviens également d’avoir dépassé une longue file d’autos en montant une côte, en sixième vitesse, et sans sentir le besoin de rétrograder. Bref, en pareilles circonstances, le tricylindre de MV est certainement l’un des grands moteurs de l’univers motocycliste.
Il est toujours difficile de lancer de nouveaux modèles, surtout quand le marché est déjà rempli de machines de qualité et qu’on traverse une période économique cahoteuse. Avec sa nouvelle Turismo Veloce prévue pour 2015, MV Agusta aura de bonnes chances de s’implanter pour de bon comme manufacturier si la firme réussit à compléter son brio par une dose de finesse supplémentaire.
Fiche technique
Modèle MV Agusta Rivale 800 ABS
Prix 16 995 $
Moteur L-3, refroidi au liquide
Puissance (annoncée) 125 ch à 12 000 tr/min
Couple (annoncé) 62 lb-pi à 8600 tr/min
Cylindrée 798 cc
Alésage et course 79 x 54,3 mm
Rapport volumétrique 13,3:1
Alimentation Injection
Transmission 6 vitesses
Suspension Avant : fourche inversée de 43 mm entièrement ajustable, course de 150 mm
Arrière : amortisseur progressif entièrement ajustable, course de 130 mm
Empattement 1410 mm
Chasse/déport ND/104,5 mm
Freins ABS. Avant : 2 disques de 320 mm, étriers à 4 pistons
Arrière : disque de 220 mm, étrier à 2 pistons
Pneus Avant : 120/70-17. Arrière : 180/55-17
Poids (annoncé) 178 kg (à sec)
Hauteur de la selle 881 mm
Réservoir 12,9 L
Consommation 6,5 L/100 km
Autonomie 198,5 km
