¡Ándale, ándale! C’est ce que je répète dans mon casque en déboîtant pour doubler le camion.
Nous sommes à la sortie d’un petit village sur la Nationale 200 en direction sud, vers San Francisco, derrière un F150 qui dépasse aussi et qui nous empêche d’y aller à fond… du moins pour les deux ou trois premières secondes. La camionnette prend maintenant plus de vitesse que nous malgré que j’aie les gaz ouverts en grand. L’accélération du camion que l’on double, un train routier de deux citernes qui se traînait à moins de 40 km/h, il n’y a qu’un instant encore, me surprend. Beaucoup! La route monte légèrement, tout comme l’aiguille de l’indicateur de vitesse du deux-roues que l’on chevauche, et je commence à avoir hâte d’être devant le mastodonte! Nous complétons finalement la manœuvre avec une vitesse d’environ 75 km/h, alors que le Kenworth doit en faire un bon 70… et qu’il ne reste qu’un petit 500 mètres avant le virage. Le Triton 150 a donné tout ce qu’il avait dans le ventre. Le dépassement terminé, je suis soulagé, car je n’avais vraiment pas prévu qu’affronter un camion vide, si puissant soit-il, avec un scooter de location, puisse donner lieu à une scène digne du film Duel de Steven Spielberg! Tout est oublié quelques minutes plus tard dans le pueblo de San Francisco (oui, pueblo et non ville, nous sommes au Mexique). Ici, le scooter est le véhicule idéal pour les touristes comme nous.
La veille, à notre arrivée à notre hôtel de Puerto Vallarta, nous avons exploré les environs à pied. Après une longue marche sur la plage jusqu’à Bucerias, j’ai tenté d’obtenir une moto d’une agence de location. « ¡Holà! Je voudrais louer une moto. Un deux-roues, pas un VTT. » « Amigo, j’ai cette moto pour vous », me dit le préposé en pointant un petit scooter Italika défraîchi. Et pas au mieux de sa forme, si je me fie à son commentaire suivant : « La moto va très bien, mais elle a une particularité : elle est parfaite pour la villégiature. Vous roulez vingt, vingt-cinq minutes et quand elle commence à perdre de la puissance, vous arrêtez pour visiter, aller à la plage ou la cantina. Quand vous revenez, elle est refroidie et prête à repartir! » « Je suis plutôt intéressé par la Honda juste là. » Il me répond que la XR250 est la moto d’un guide qui est parti avec un groupe à VTT, impossible de la louer. « Pour le scooter, je vais y songer. Gracias. » Quelques rues plus loin, nous tombons sur une boutique d’art et de souvenirs devant laquelle sont stationnés deux scooters. Il y a une toute petite enseigne : « Alquiler aqui/Rentals here ». La vendeuse appelle le propriétaire et je réserve un scooter pour le lendemain matin. Le jour suivant, quelques minutes après 10 h, nous sommes de retour à la boutique. Il n’y a personne. À 10 h 30, je téléphone mon homme. « Si señor, je suis en route. Je serai là dans vingt minutes! » Il arrive sur le scooter à 11 h, c’est presque 10 h ça à l’heure du Mexique… Le Triton 150 n’est pas neuf, mais il est en très bon ordre et ne date que de deux ans. De Bucerias, nous longeons la côte du Pacifique vers le nord. Villas, plages et falaises défilent. La visite des recoins de Punta Mita est suivie d’un dîner dans une cantina de Sayulita et d’une balade sur la Nationale 200 vers le nord. C’est sur le retour que s’est déroulé le dépassement (que je ne recommencerais pas). Seulement qu’une journée pour voir quelques petits villages côtiers, faire plein de demi-tours dans des ruelles, parcourir quelques centaines de mètres dans des rues pavées de pierres (ça équivaut à beaucoup de kilomètres, surtout du point de vue de ma passagère!), mais surtout à profiter de la liberté de rouler sur deux-roues. Un Triton pour notre prochain voyage? Si j’ai le choix, la monture sera sans doute plus adaptée, mais s’il n’y a qu’un petit scooter de disponible, je sortirai quelques pesos et nous en profiterons… au max! ¡Ándale!