C’est fascinant de voir combien nous pouvons nous créer des besoins au fil des ans. Télévision haute définition, téléphone intelligent, domotique, etc.
Pour ma part, au risque de passer pour un Bonneville 67, je n’ai encore succombé à aucun de ces gadgets. Lorsque j’ai acheté ma première moto, il y a de ça bien des années (Georges Harrison chantait All those years ago), rien de tout ça n’existait, sauf bien sûr dans les séries télévisées futuristes. À 13 ans, je ne me préoccupais pas non plus de l’endroit où dormirait ma monture, les nombreux bâtiments de ferme inoccupés depuis des années me laissaient l’embarras du choix.
À l’achat de ma première moto de route, mes priorités ont changé. Pourquoi ne pas la faire hiberner au chaud dans la cave de la maison familiale? Étant deux (mon frère possédait lui aussi une moto à cette époque) à plaider notre cause, nous avons réussi à convaincre notre paternel qu’il s’agissait en fait d’une bonne idée. Je dirais plutôt qu’il avait été plus séduit par l’idée que nous lui construirions un beau caveau à patates (pour nous faire de la place) juste à côté de notre emplacement d’entreposage. Imaginez, pouvoir effectuer nos vidanges d’huile automnales au chaud près de la fournaise!
Qui dit fournaise au bois dit cendres, et qui dit vidange d’huile faite par Marc dit dégâts. Heureusement que les résidus de ladite fournaise servaient à camoufler la gaffe du peu doué mécano (la vidange d’huile presque complète de la Virago 500 sur le ciment toujours impeccable de notre père)! Au fil du temps, les motos ont défilé, passant leur été à Québec, et l’hiver dans le Bas-Saint-Laurent. Même nos motos double usage créchaient en permanence chez mes parents, notre terrain de jeu de l’époque se situant sur la terre à bois familiale…
À la naissance de notre fils aîné, l’achat d’une première maison dotée d’un cabanon a marqué une cassure à la tradition. Terminée (du moins en partie), la traditionnelle randonnée de la ponce de gin automnale et printanière. Désormais, au moins une moto (la GS500e) hibernerait près de nous. En fait, il fallait vider complètement le cabanon, l’y faire entrer et essayer de faufiler la tondeuse, les accessoires de jardin et fermer la porte en espérant retrouver le tout dans le même état à la fonte des neiges. Quelques années plus tard, nous aménagions dans une autre maison, cette fois munie d’un « vrai » cabanon. La Bandit 1200 et la GS auxquelles s’ajoutèrent la XL185, CRF80 et CRF50 y trouvèrent toutes refuge, presque le paradis (sans jeu de mots)! Habitant en périphérie de Québec (non, je ne paierai pas le nouvel amphithéâtre), nous disposons d’un terrain assez grand pour rouler en moto, jardiner et… élever des poules!
Je ne fus pas difficile à convaincre lorsque ma très compréhensive conjointe me demanda si j’approuvais le projet de poulailler. En fait, trois poules ont maintenant élu domicile en permanence dans une partie du cabanon. Pourquoi n’ai-je pas combattu plus ardemment afin de défendre mon territoire? Très simple! Un garage prenant la place occupée par ledit cabanon qui sera repoussé plus loin dans la basse cour (trop facile celle-là)… N’étant pas plus bricoleur que mécano, j’aime les magnifiques engins et les beaux garages, mais ne me demandez pas d’entretenir en profondeur le premier ni de bâtir le second. J’avais une vague idée de ce à quoi ressemblerait l’intérieur, tout blanc avec des posters de motos et de formule 1 tapissant les murs, point à la ligne.
En chantier depuis 2011, ce fut finalement à l’automne dernier que le projet vit son aboutissement. J’en dois la presque totalité à mon frère, le bricoleur habile de la famille, qui prit en charge de main de maître plusieurs étapes de la construction et de la finition. J’eus le beau rôle d’appliquer les couches de peinture blanche en partenariat domestique avec Isabelle. Au moment d’écrire ces lignes, je suis devant ma collection de posters, hésitant sur mes choix. Certains vont de soi : un laminé de mon premier show de boucane avec ma bonne vieille Maxim 750, une peinture de moi-même lors de l’essai de la Hyosung GT650 (merci Marta!), Eddie Lawson portant son #1 du championnat de 1984, Valentino Rossi, Kenny Roberts, Miguel Duhamel sur sa Smoking Joe (non, je ne fume pas et oui, j’ai le droit d’afficher de la publicité de tabac dans mon garage!), au moins 3 posters de Gilles Villeneuve et deux de Jacques (encore du tabac!), dont celui de Labatt 50! Et le dernier, mais non le moindre, celui du championnat sur glace de l’année 2000 de mon ami, le racer Guy Caron! Il ne me reste qu’à me dénicher un petit frigo et le remplir… Si vous passez dans le coin, faites-moi signe. L’inauguration officielle se fera au printemps!