Avant de prendre le guidon du Can-Am Spyder F3, le seul trois roues que j’avais piloté auparavant était une moto avec sidecar (ainsi que le Big Wheel adoré de mon enfance). Je n’avais donc pas de véritable point de comparaison pour évaluer le F3. C’est pourquoi j’ai voulu essayer aussi un Spyder RT-S.
Entre-temps, toutefois, j’ai eu l’occasion d’essayer un autre type de véhicule à trois roues, le Harley-Davidson Freewheeler (31 619 $). Permettez que je le présente un peu. Première observation : il est très gros, large et très lourd (491 kg tous pleins faits). Il s’avère également déstabilisant parce que, vu du poste de pilotage, avec sa roue unique à l’avant, on se croirait sur une moto. Vu de l’arrière, bien sûr, il n’y a pas de doute possible : le gros coffre est flanqué par deux larges pneus Dunlop. Mais quand on monte en selle, il ne faut pas oublier la largeur du véhicule sinon on peut se retrouver avec une roue arrière dans un mur (une histoire vécue qu’on m’a racontée…)
Le Freewheeler est doté d’un système de freinage partiellement intégré : quand on actionne la pédale de frein arrière, le frein avant est également activé en partie (le contraire n’est pas vrai). À part cela, ce Harley à trois roues n’a aucun autre système d’aide à la conduite : pas d’antipatinage, pas de contrôle de la stabilité, pas d’ABS. Certains motocyclistes seront sûrement heureux de piloter une machine avec peu de systèmes automatisés. Pour ma part, cela me rend un peu nerveux. En ligne droite et dans les longues courbes, je suis tout à fait à l’aise, mais plus les virages sont prononcés, plus je deviens tendu. Avec son poids plus important sur les roues arrière, le Freewheeler donne l’impression de vouloir continuer tout droit dans les virages serrés. Sa position de conduite est semblable à celle du F3, mais comme il est doté de marchepieds et non de repose-pieds, on ne peut pas s’ancrer le bas du corps comme avec le F3. Les fidèles de Harley ne seront sans doute pas d’accord, mais je préfère nettement un trois roues à configuration inversée comme le Spyder.
Mais lequel des Spyder? Le RT-S (29 599 $) est un modèle axé sur le tourisme. Comme le F3, il est propulsé par un tricylindre Rotax de 1330 cc, mais les comparaisons s’arrêtent là. Pour le reste, les deux machines sont très distinctes.
Le RT-S maintient la tradition esthétique classique des Spyder, avec carrosserie d’inspiration motoneige. Le F3 s’éloigne clairement de ce moule. Les positions de conduite sont radicalement différentes aussi : on est perché sur le RT-S, on est assis dans le F3. Le F3 est également doté d’un poste de pilotage spacieux et détendu. Sur le RT-S, j’ai les jambes plus repliées et je me sens plus à l’étroit. En fait, sa position de conduite s’apparente à celle d’une moto de tourisme sportif classique.
Cette position est très bien en ligne droite, mais elle présente certains désavantages dans les virages. Les deux véhicules sont très différents en matière de dynamique de conduite. Le F3 vous permet d’utiliser les jambes en virage et de réduire l’effort nécessaire au guidon. Avec le RT-S, tout passe par les bras (il en va de même lors des freinages). Avec le F3, on a davantage le sentiment de participer au processus, de faire corps avec la machine. Quand on pousse le RT-S avec entrain dans un virage rapide, on a l’impression qu’il faut réagir à son comportement et combattre les forces en jeu.
De toute façon, les systèmes d’intervention électronique du RT-S ne sont pas conçus pour vous laisser faire trop de folies en virage. L’antipatinage et le système de stabilisation sont paramétrés très sagement : dès que la machine se met à louvoyer ou à pencher un peu trop, le système réduit la puissance livrée à la roue arrière et le calme revient. Il en résulte un véhicule raisonnable et prévisible. De son côté, le F3 est doté d’un système de gestion électronique qui réduit la puissance de façon beaucoup plus graduelle. On peut donc s’amuser nettement plus dans les virages et même avoir l’impression d’être un peu délinquant…
Évidemment, ces systèmes électroniques ne vous empêcheront pas d’arriver trop vite dans une courbe ou de dévier dans un fossé. Mais en situations normales, les dispositifs sophistiqués de ces deux Spyder vous empêcheront de vous mettre dans le trouble. La différence, c’est que celui du F3 vous laissera vous amuser un peu plus avant de vous ramener à l’ordre.