Harley-Davidson définit sa Road King comme une cruiser indémodable avec de bonnes aptitudes pour les longs parcours. Je dirais que c’est une affirmation plutôt véridique.
Offerte à partir de 22 349 $, la Road King est propulsée par un V-2 Twin Cam 103. Ce moteur de 1690 cc affiche un couple maximal de 104,7 lb-pi à 3250 tr/min. Harley affirme qu’il est plus puissant à bas régime tout en étant plus doux et en émettant une sonorité plus raffinée. Le moteur est doté d’un refroidisseur d’huile intégré très discret.
En appuyant sur le démarreur, la Road King prend vie et on reconnaît tout de suite les pulsations caractéristiques des gros V-2 de Milwaukee. Le moteur tourne au ralenti avec autorité, mais le son n’est pas agressant. Le levier d’embrayage est facile à actionner et on entend un solide clunk quand on appuie sur le sélecteur de vitesse pointe-talon pour engager le premier rapport (pour quelqu’un qui chausse du 12, comme moi, ce sélecteur est un peu encombrant). La réponse de l’accélérateur est fluide et le moteur répond en douceur même quand on traverse les villages à pas de tortue en troisième ou quatrième vitesse. À bas régimes, le moteur tourne avec retenue tout en donnant l’impression d’avoir une abondante réserve de puissance à portée de main. Et, effectivement, quand on tord l’accélérateur sur la grande route, le moteur répond avec force et souplesse. Le sixième rapport est très démultiplié; mieux vaut donc rétrograder en cinquième pour réaliser des dépassements rapides. Le régulateur de vitesse est livré de série. Il est facile à contrôler avec un interrupteur à bascule sur la poignée de gauche.
Le moteur est boulonné dans un cadre d’acier costaud, la fourche est dotée de tubes imposants de 49 mm, les tés de fourches ont été renforcés et les roulements de direction sont plus gros. Tout cela permet d’engendrer une conduite solide, avec une meilleure sensation de la route. Avec son débattement de 117 mm, la suspension avant offre un bon niveau de confort. À l’arrière, la Road King est livrée avec une paire d’amortisseurs pneumatiques ajustables. Par contre, leur course est limitée à 76 mm. Ce facteur, combiné à la position de conduite, fait en sorte que les imperfections de la route sont transmises directement dans le dos du pilote.
Avec ses 371 kg, la Road King n’est pas un poids plume et il faut en tenir compte (éviter de la stationner dans une pente descendante, par exemple). Pour l’inscrire en virage, il faut exercer une bonne poussée, mais le guidon large donne un levier amplement suffisant. Dans les longues courbes, elle se comporte avec un aplomb surprenant. Dans les virages plus serrés, on est limité par la garde au sol (135 mm) et l’angle d’inclinaison maximal (32 degrés).
Pour ralentir la bête, il y a un simple disque à l’arrière et une paire de disques de 300 mm à l’avant, avec étriers Brembo à quatre pistons. Un système de freinage intégré avec ABS est offert en option, moyennant un surplus de 960 $. On ne peut pas dire que la Road King s’arrête sur un 10 cents, mais ses freins sont efficaces et prévisibles.
Avec son abondance de chrome, sa peinture au fini lustré et riche et l’absence de carénage, la Road King incarne très bien le style cruiser traditionnel. On peut même enlever le pare-brise facilement pour un look encore plus dépouillé. Les valises latérales – verrouillables – ont une capacité surprenante. Elles sont munies d’un nouveau mécanisme de fermeture plus pratique que l’ancien. La selle basse (715 mm) et enveloppante est bien rembourrée et elle offre un bon niveau de confort pour les longues randonnées.
Comme toute bonne Harley, on peut ajouter des tonnes d’accessoires sur la Road King. Mais personnellement, je la laisserais telle quelle, car sa simplicité est l’un de ses principaux atouts. Quand on roule, on a une vue nette et directe de la route, surtout si on enlève le pare-brise. Le cadran monté au réservoir est d’une élégante simplicité. On y retrouve essentiellement un gros indicateur de vitesse, et un petit écran ACL. Cet écran, contrôlé par un bouton sur la poignée de la gauche, permet d’afficher différentes fonctions : horloge, compte-tours, odomètre, totalisateurs journaliers, etc. Il n’y a pas de système d’infodivertissement, pas de connectivité Bluetooth, pas de GPS. Bref, pas de distractions.
Au guidon de la Road King, on revient à l’essence du motocyclisme : un pilote, une machine, la route. Malgré ses limitations dans les virages serrés, c’est la Harley avec la meilleure tenue de route que j’ai jamais pilotée.