Début mai 2013, notre projet se concrétisait enfin. Nous étions sur le point d’amorcer notre périple d’environ 17 000 km à travers les États-Unis et la fébrilité était à son comble. Trois ans auparavant, un membre de notre groupe a lancé l’idée de ce projet. J’ai alors signifié mon intérêt pour cette aventure, sans toutefois y accorder trop d’importance, sachant que l’échéance était lointaine. Avec le temps, ce projet est devenu de plus en plus concret et finalement, notre groupe composé de 5 motos (6 personnes) a pris le chemin de l’aventure le 4 mai 2013. Il y avait deux BMW, une Gold Wing et deux Harley-Davidson.
Nous sommes partis de Gatineau et notre itinéraire se résumait comme suit : atteindre le début de la Route 66 à Chicago, parcourir cette route mythique à travers tous les États qu’elle traverse (Missouri, Oklahoma, Nouveau-Mexique, Arizona, Nevada, Californie) pour finalement parvenir au bout de celle-ci à Santa Monica en Californie. Amorçant notre retour par le nord, nous avons ensuite parcouru les États de l’Oregon, de Washington, du Montana, du Wyoming, du Dakota, du Wisconsin et du Michigan pour terminer le voyage en passant par le nord de l’Ontario.
Les mots ne sauraient traduire la beauté de tous les paysages que nous avons vus et la gentillesse de tous les gens que nous avons côtoyés : les déserts du Nouveau-Mexique, les fabuleuses sculptures rocheuses et montagneuses de l’Arizona, les champs verdâtres des vignobles de la vallée de Nappa, les majestueux paysages du Montana et du Dakota, les attraits apocalyptiques du parc Yellowstone et les formations rocheuses quasi surréelles (tant par la forme que par la couleur) du Dakota du Sud. Nous avons traversé des tempêtes de sable dans le désert et affronté des vents d’une violence que nous n’avions jamais expérimentée auparavant. Nous avons connu des températures approchant 50 degrés Celsius quand nous étions immobilisés dans la congestion routière de la Californie, tout comme 10 degrés Celsius à 9 500 pieds en altitude au Wyoming. Heureusement, la pluie ne fut présente que deux journées environ durant tout le voyage.
Durant ce périple, quelques bris mécaniques sont survenus mais rien de vraiment majeur, sauf à une occasion où les conséquences auraient pu être importantes. Nous roulions sur l’autoroute, au Nouveau-Mexique, selon la vitesse règlementaire, soit 75 miles/heure (125-130 km) lorsque j’ai malencontreusement roulé sur un objet (probablement une pièce métallique). Cet objet est entré dans la roue avant puis est ressorti par le haut. Le disque de la roue a été tordu et les freins ne fonctionnaient plus. Un délai de deux jours dans un garage local a été nécessaire pour réparer cette avarie.
Nous avons également expérimenté une situation hors du commun en Californie. Alors que nous étions immobilisés dans une énorme embouteillage sur l’autoroute, nous avons constaté que tous les automobilistes se déplaçaient légèrement sur le côté afin de laisser passer les motocyclettes. De prime abord, nous étions un peu perplexes et nous n’avons pas osé nous prévaloir de cette opportunité, même devant l’insistance des automobilistes qui nous faisaient de grands signes pour que l’on s’immisce entre eux afin d’avancer plus vite. Cependant, après plus d’une heure à rester immobiles dans la chaleur infernale de l’autoroute, l’un de nous a cédé et s’est prévalu de ce privilège. Lorsque nous avons finalement atteint notre hôtel, nous avons retrouvé notre compagnon frais et dispos alors que nous étions rouges de chaleur et d’impatience!
Ce périple de 49 jours fut très exigeant physiquement, mais chaque matin, je reprenais la route avec le même enthousiasme qu’au départ. J’en garde un souvenir précieux, sachant très bien que je suis privilégié d’avoir pu réaliser ce rêve un peu fou.
Christian Gagnon
52 ans
Gatineau