Pourquoi est-ce que je prends tant de plaisir à rouler sur une petite moto? Je n’en sais rien! Mais à chaque occasion que j’ai de m’amuser sur une petite cylindrée, je me retrouve avec un sourire difficile à dissimuler. La facilité à dompter une puissance et une masse limitées y joue sûrement un rôle. J’aime bien rouler des motos puissantes, mais exploiter à fond une petite machine est un jeu grisant! Pendant un temps, j’ai été propriétaire d’une des S1000RR Superbike de l’équipe officielle BMW, une des motos que Brett McCormick a pilotées à son titre de champion canadien en 2011. Pourtant, c’est sur la TZ125 de Brigitte que je terminais souvent mes journées en piste, quand j’avais la chance de faire l’échange. Pourquoi troquer 190 chevaux à la roue arrière pour environ 40? Eh bien, la 125 demande un doigté particulier, une précision pour maintenir la ligne parfaite et garder la vitesse en courbe. C’est un exercice de concentration, une expérience plus cérébrale que physique. Après une bonne sortie en piste sur la 125, ce qui est le cas à chaque fois que je l’enfourche, j’ai l’impression d’avoir dominé la machine, d’en avoir utilisé la majeure partie du potentiel alors qu’après une sortie sur une 1000 je suis plutôt satisfait d’avoir minimisé les erreurs. Si les pneus sont un peu dégradés, ce qui arrive rapidement et très régulièrement avec une Superbike de top niveau, cela peut devenir délicat. Il est clair que sur un beau tracé rapide, l’accélération et la vitesse démentielles d’une grosse machine sont enivrantes, mais la petite TZ peut être tout aussi amusante sur un tel circuit. Il est vrai qu’ici il est question d’une moto de Grand-Prix conçue pour exactement cette mission. S’il s’agit d’une plus petite moto, il ne faut que choisir l’endroit approprié à la machine! En 1990, je trimbalais une YSR 50 sur mon camion. Je travaillais beaucoup et mes seuls temps libres, je les passais habituellement dans l’Ouest américain, lorsque je devais attendre quelques jours avant de prendre le chemin du retour vers nos froides contrées. Sur la Route 66, en Arizona, la YSR était en dehors de son élément. Je pouvais me déplacer et admirer le paysage, mais la 50cc ne contribuait que très peu à l’expérience, à l’exception près de provoquer des rencontres intéressantes qui commençaient invariablement par : « Did you ride that little thing all the way from Québec? » En Californie, il en était tout autrement, les routes de montagnes du sud de l’État étant parfaites pour cette minisportive. Les conversations débutaient par la même formule mais étaient souvent suivies de : « Comment ça peut aller aussi vite?» surtout sur les routes en descente comme sur le Angeles Crest Highway, du Newcomb’s Ranch à Glendale. Je dois avouer qu’à une visite subséquente du Angeles Crest Highway, quelques années plus tard, je ne regrettais aucunement la YSR, une Ducati 1098 peut avoir cet effet! J’ai d’autres bons souvenirs liés à une 50cc : les mercredis soirs au centre de karting intérieur de Québec réservés aux CRF50. Quand il est question de piste adaptée à la moto, cet endroit peut être cité en exemple! À cette époque, je prenais part au Championnat Supermoto canadien. L’entrainement hivernal en minimotard sur ces CRF50 était tout aussi intense que le championnat lui-même!
Qu’est-ce qui peut donc être classé comme une petite moto? Tout dépend du point de vue, bien sûr! Pour le propriétaire d’une K 1600 GTL, une Aprilia RSV-4 ou une Z1000 peuvent paraitre petites. Pour d’autres, les CBR 250 et Ninja 300 sont de petites motos. Dans bien des marchés ailleurs dans le monde, les 150 cc et 200 cc sont considérées comme des motos normales. Ces marchés vont grandement influencer l’avenir du monde motocycliste. Certains modèles tels les KTM RC et Duke 390 donnent un aperçu que pour nous, les « grosses » motos d’ailleurs pourraient bientôt devenir nos petites montures amusantes!
J’ai bien hâte de faire des essais…