Des héros, ou des sources d’inspiration si vous aimez mieux, on en a tous, je crois. Il y a beaucoup de choix du côté des pilotes de compétition. Ryan Villopoto, Ricky Carmichael au Jeremy McGrath en motocross? Peut-être encore Stefan Everts, Colton Facciotti ou plus près de nous Marco Dubé, Carl Vaillancourt ou Kaven Benoit? Rossi, Biaggi, Lorenzo, Brett McCormick ou Francis Martin chez les pilotes de circuit? Marc Coma, Cyril Després ou nos Patrick (Beaulé et Trahan) en rallye-raid? Ils accomplissent des prodiges aux guidons de leurs montures, nous font rêver de gloire et de vie de rock star… J’ai la chance de voir passer une autre race de héros régulièrement devant chez moi. Beau temps, mauvais temps, ils roulent sur leurs petites bécanes. Certains sont assez âgés, des retraités pour plusieurs, qui investissent leurs maigres économies sur de petits scooters, souvent d’occasion. Il y a un travailleur que je croise sur sa TW200 tôt le matin, et qui profite aussi des fins de semaine pour faire des escapades. Je l’ai déjà aperçu à plus d’une heure de chez moi; au moins le double de temps pour lui à la vitesse qu’il se déplace! À l’autre extrémité du spectre, il y a tous ces jeunes pour qui le permis 6D représente la liberté à partir de 14 ans. On a tous été jeunes et un peu fous (du moins la plupart de nous), donc c’est moins impressionnant pour moi de les voir aller, même si je souris quand j’en croise un assez motivé pour affronter la pluie et le froid. L’inspiration pour cet élan poétique (je divague, je sais) me vient d’un monsieur d’un âge certain qui roule sur une Aprilia SR 50 R Biaggi Replica. Vêtu d’un anorak et de pantalon de motoneige, le dos vouté, il défi tout les temps que le Bas-Saint-Laurent peut offrir… et ce, à vitesse réduite! Il roule souvent sur la partie piste cyclable de la route, mais il n’est pas une menace pour nos confrères à motricité humaine : si je reprends un peu la forme, je pourrai le doubler l’été prochain! C’est plutôt sa planche de salut sur la 132 même si l’achalandage n’est pas si grand. Pourquoi se retrouve-t-il sur cette version au style Racing de monture? J’ai un doute qu’il s’agisse d’une aubaine dénichée au gré du hasard. Le monsieur ne semble pas riche du tout, vraiment pas le genre à dépenser deux-cents dollars si précieux pour quelques décalques. Aucun doute, ce scooter est son moyen de transport de tous les jours et c’est possiblement ce qu’il peut se permettre de mieux! S’il en avait les moyens, peut-être qu’il roulerait une Buick… Mais là n’est pas la question, c’est mon héros et j’aime croire qu’il fait ce choix par bon sens ou par plaisir! Où est le plaisir dans tout ça? Avez-vous déjà regardé dans les yeux les automobilistes que vous rencontrez par température extrême? Pour avoir roulé tout l’hiver 1990 avec une DT 200, qui était mon véhicule de tous les jours à cette époque, je peux vous affirmer que rien ne vaut la mine d’un quidam surpris par votre présence sur deux roues en février par -15 °C! Et de plus, je peux vous dire que personne ne va vous couper quand leur cerveau dit qu’il y a quelque chose d’inattendu dans le décor qui les entoure. Depuis le règlement sur les pneus d’hiver, on ne peut malheureusement plus profiter de cet effet de surprise. C’est ce qui fait que mes héros ne peuvent plus utiliser leurs moyens de transport du 15 décembre au 15 mars. L’article 440.1 du Code de la sécurité routière indique que le ministre peut, par arrêté, exclure de l’application du premier alinéa (du règlement sur les pneus d’hiver) les propriétaires et les locateurs de véhicules à l’égard desquels il n’existe pas de pneus conçus spécifiquement pour la conduite hivernale. Nous devons tous écrire au ministre pour avoir l’adresse du vendeur de pneus d’hiver pour scooter et moto…
Supportons nos héros!